«Assia Djebar, je la porte dans mon coeur» Rencontré au stand des éditions Aden, au lendemain de l'attribution du prix Assia Djebar, le romancier Amine Aït-Hadi, auteur du roman primé: «L'aube au-delà» a fait preuve d'une disponibilité sans faille en répondant avec spontanéité aux questions de L'Expression. L'Expression: Quel est votre sentiment au lendemain de la cérémonie de la remise du prix Assia Djebar dont vous êtes le récipiendaire dans la version francophone? Amine Aït-Hadi: Le fait que les jeunes auteurs soient soutenus est une chose très importante. Ce prix est une grande intiative. Pouvez-vous revenir sur l'écriture de votre premier roman couronné par ce grand prix? Je dois dire que l'écriture de ce roman a été un travail de longue haleine et mon éditeur, que je tiens à remercier, m'a énormément aidé et soutenu tout au long des deux années qu'a duré l'écriture de cette fiction. Tout au long de la période où j'écrivais ce roman, on n'a pas cessé, mon éditeur et moi, de nous concerter en apportant de nouveaux regards et des débats sur le récit. C'est la passion du livre qui nous a réunis, mon éditeur et moi. Vous êtes un écrivain autodidacte dont la fibre sensible pour l'écriture est née de vos lectures multiples depuis que vous étiez enfant. A quand remontent vos premières lectures et quels sont les écrivains qui ont tant secoué votre âme et votre esprit? J'ai commencé à lire des romans quand j'avais 12 ans. J'ai débuté avec Nerval et Rimbaud. Et à partir de l'âge de 14 ans, j'ai commencé à effectuer des lectures bien choisies. J'ai particulièrement beaucoup aimé les écrivains latino-américains et en même temps j'ai été subjugué par les romans de Mohammed Dib. Lesquels par exemple? Concernant Mohammed Dib, j'ai été marqué par les deux romans: «Qui se souvient de la mer?» et «Cours sur la rive sauvage». Il s'agit de deux romans avant-gardistes et d'anticipation. Dans ces romans, Mohammed Dib fait travailler l'outil du rêve. C'est pour cette raison qu'il m'a impressionné. D'autres auteurs vous ayant marqué? Oui, il y a aussi Paul Auster qui réussit à marier dans un même ouvrage le mystère, la spiritualité et la crudité des rapports humains. J'aime beaucoup les romans qui se rapportent aux contes et aux légendes. J'ai apprécié Ernesto Sabato ainsi que l'écrivain algérien Mehdi Acherchour. Peut-on savoir comment avez-vous forgé votre style littéraire d'écriture? Quand j'écris, je ne m'intéresse pas forcément au style. J'écris avec mes tripes. C'est plutôt viscéral et une sorte de possession en moi. J'écris avec les voix qui habitent dans ma tête Quant au style, je ne suis pas quelqu'un de particulièrement ordonné. Je me suis forgé de manière sauvage. Peut-on dire que ce roman est une sorte de thérapie pour vous? Dire que c'est une thérapie pour moi, c'est un peu égoïste. C'est plutôt une thérapie collective, pour les lecteurs qui le liront et pour moi. Ça peut être le cas, même pour la génération qui n'a pas vécu cette période et ces épreuves. Désormais, vous portez le nom de Assia Djebar, après l'obtention de ce prix, qu'est-ce que cela vous fait-il? Assia Djebar, je la porte dans mon coeur et dans la langue française qui est une langue de l'exil.