Qu'est-ce qu'on nous cache? Il ne fait plus de doute que quelque chose ne tourne pas rond dans un monde où la mystification et la désinformation font loi. Le «lavage de cerveau» par le matraquage médiatique est tel que les gens prennent pour argent comptant des faits non avérés et, parfois, bizarres. Il en est ainsi du terrorisme et des attentats à tout le moins opportuns qui permettent, ont permis, à des autorités publiques d'imposer aux citoyens un renforcement de la sécurité qui confine, par certains de ses aspects, à une dictature, au prétexte de protéger l'Etat et les citoyens. Maintenir les populations sous pression est devenu un leitmotiv en Occident où les pouvoirs en place vont jusqu'à créer eux-mêmes la violence, voire le chaos, pour un contrôle plus strict de la population. C'est dans ce contexte que plusieurs opérations secrètes ont été menées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale tant pour parer à des attaques de «l'ennemi» présumé de l'époque, l'Union soviétique, déstabiliser le Cuba des frères Castro, empêcher les communistes d'arriver au pouvoir en Europe de l'Ouest, que pour tenter de changer un gouvernement qui n'entre pas en perspective avec les normes édictées par l'Otan et les puissances d'alors, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Gladio* (glaive en italien) est un des noms de code de l'une des structures des Stay-behind mises en place par l'Otan et les services secrets américains (CIA) et britanniques (MI6), dans le cadre de la Guerre froide. Ces réseaux clandestins sont coordonnés par l'Otan. Gladio a fait parler de lui dans les années 1970-1980 par des attentats meurtriers (plus de 350 morts et des centaines de blessés) en Italie. Au fil du temps, Gladio est devenu interchangeable avec les structures similaires qui activent dans le même contexte en Europe. En fait, c'est seulement dans les années 1990, qu'un rapport du Premier ministre italien de l'époque, Giulio Andreotti, le fit connaître au public déclenchant une grande polémique, jamais apaisée, en Italie. C'est la première fois qu'est portée à la connaissance du monde le travail souterrain déstabilisateur de Gladio. A cette même époque certains pays d'Europe de l'Ouest ont été secoués par des attentats sanglants, notamment celui de 1980 à Munich lors de la fête de la Bière, jamais élucidé. C'était les «années de plomb» en Europe. Le rapport d'Andreotti a été en fait, la première description détaillée de Gladio et de son fonctionnement et partant de toutes les structures qui lui sont apparentées, relevant de l'Otan. Plusieurs méfaits sont à l'actif de cette organisation clandestine. Ainsi, l'énigme de l'enlèvement et de l'assassinat du président du Conseil italien, Aldo Moro, reste entier. Dans un documentaire, réalisé en 2008 par Emmanuel Amara, «Les Derniers jours d'Aldo Moro» Steve Pieczenik, ancien membre du département d'Etat américain, et Francesco Cossiga, ministre de l'Intérieur de l'époque, affirment que Gladio et la CIA ont été impliqués dans l'enlèvement d'Aldo Moro via la manipulation des Brigades rouges. Ces groupes underground - formés d'agents secrets et de militants de droite - sont placés sous la supervision de l'Otan qui lui-même en réfère au Shape (Supreme Headquarters Allied Powers Europe, l'organe suprême de commandement militaire de l'Alliance atlantique). Ces réseaux Stay-behind s'allièrent dans certains pays à des extrémistes et des terroristes d'extrême droite - voire d'extrême gauche manipulés - qui se manifestèrent notamment en Italie, en Allemagne et en France. Ils restent associés à de sombres faits et meurtres, de tortures et de coups d'Etat. Ils ne seraient pas étrangers à l'assassinat du président chilien, Salvatore Allende, sa déposition par la dictature militaire et à l'avènement des dictatures en Amérique du Sud. Le cas Allende est la plus concrète des actions d'empêchement d'accès au pouvoir d'un gouvernement de gauche auquel la CIA a pris part. Un «gouvernement de l'ombre» a été ainsi instauré par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne agissant concomitamment ou à l'insu de gouvernements légaux. De fait, ces réseaux clandestins activaient le plus souvent sans que les gouvernements nationaux en aient connaissance, dont certains ne sont même pas informés de ce qui se passe, l'Otan les estimant peu fiables ou tièdes dans la lutte contre le communisme. Certes, l'Otan, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont toujours démenti l'existence de ces réseaux. Ils n'en reste pas moins que ceux-ci activent toujours et d'aucuns en veulent pour preuve les affaires des enlèvements en Europe et les vols secrets de la CIA. Ce qui est patent, est que les «armées de l'Otan» (comme on désigne les réseaux cachés Stay-behind) sont entourées d'une chape de plomb et restent couvertes par le «secret défense». Les archives de l'Otan étant inaccessibles, il est évident que le secret demeurera impénétrable. * Errata: Une erreur de frappe nous fit écrire «glavio» au lieu de «gladio» dans notre précédent texte. Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs.