La prétendue « guerre contre la terreur » nous dévoile, chaque jour qui passe, les tenants et les aboutissants d'une politique séculaire. L'alliance entre Etats et terroristes a été prouvée à maintes reprises. Dans son livre les « Armées secrètes de l'OTAN », l'historien suisse Daniele GANSER raconte comment, après la seconde guerre mondiale, la CIA et le MI-6 britannique mirent en place des armées secrètes anti-communistes dans tous les pays d'Europe de l'Ouest, et par quels processus ces réseaux Stay-Behind de l'OTAN s'allièrent dans certains pays à des groupes terroristes d'extrême droite, avec des conséquences particulièrement tragiques. L'existence de « Gladio », l'armée secrète italienne, fut révélée par le Premier ministre Giulio Andreotti en 1990 ; à la suite de quoi la presse parla du « secret politico-militaire le mieux gardé... depuis la fin de la deuxième guerre mondiale » et nota que : « L'histoire semble tout droit sortie des pages d'un thriller politique ». Depuis, ces armées secrètes de l'OTAN, ont également été découvertes en France, en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Norvège, en Suède, en Finlande, en Autriche, en Grèce et en Turquie. Au niveau international, leurs actions étaient coordonnées par le Pentagone et l'OTAN et leur dernière réunion connue se déroula à Bruxelles en octobre 1990. À l'heure de la menace de « l'hyper-terrorisme », ce livre de référence revient sur les attentats de la gare de Bologne, de la Piazza Fontana, les attaques des tueurs fous du Brabant, l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro et demande s'il s'agit d'actes de terrorisme sous fausse bannière, fabriqués pour accroître la stratégie de la tension... Ainsi cet ouvrage vient-il rompre le silence qui a longtemps prévalu sur les armées secrètes de l'OTAN. Avec l'intensification de la menace terroriste en Europe, les événements choquants relatés dans le livre remarquable de Ganser semblent se répéter à notre époque et notamment par un glissement vers les mouvances islamistes qui déchirent le monde arabo-musulmans. Un fait déjà préconisé par les idées de Kissinger, Zbigniew Brezinski qui considérait la Turquie comme l'un des cinq «pivots géopolitiques cruciaux» sur la nouvelle carte politique de l'Eurasie.(Cf. Zbigniew Brzezinski, Le Grand Echiquier). Un constat qui nous amène notamment à nous questionner sur la nature profonde de ce qu'on a appelé la « mondialisation ». Ce concept ne désignerait-il pas, en fait, une simple américanisation du monde ? On peut parfois se méprendre sur la vraie nature de la mondialisation et penser qu'elle conduit à un amalgame des diverses cultures et influences nationales. Il n'en est rien: la mondialisation est une américanisation pure et simple. (à suivre)