Face à des tentatives sans lendemains, qui passent pour être les grandes «manoeuvres» politiques de 2015, les partis du pouvoir y sont allés, eux aussi, de leur proposition. 2015 aura été l'année du «désert» politique en matière de «chamboulement» au niveau des états-majors partisans, à l'exception du retour, du reste attendu, d'Ahmed Ouyahia à la tête du RND. De plus, l'ensemble des formations politiques ont traversé 2015, sans que l'on sente une véritable évolution, dans un sens comme dans l'autre. Pourtant, ce n'était pas faute d'initiatives développées par de nombreux acteurs politiques. Dans ce registre, celle des cinq partis formant la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd) aura le plus fait parler d'elle et connaît des prolongements dans les médias nationaux. les leaders de la Cltd ont réussi à développer un discours radical, certes, mais néanmoins audible dans les sphères politiques nationales, avec en prime, un écho assez retentissant qui a fini par donner une consistance médiatique bien plus supérieure au poids politique réel des partis de la coordination. Ce rassemblement partisan qui préconise une période de transition et une élection présidentielle anticipée en sus d'un organe indépendant pour l'organisation des scrutins, n'a pas réussi à convaincre grand monde au sein de l'opposition, puisque les cinq partis n'ont pas été rejoints par d'autres. Cela n'empêche pas la Cltd de nouer des rapports assez «étroits» avec une autre initiative, le Pôle du changement, conduit par Talaïe El Houriat de Ali Benflis et composé d'une dizaine de petits partis, créé dans la foulée de la nouvelle loi sur les partis, promulguée en 2012. Les deux regroupements, jaloux de leurs indépendances, n'ont pas fusionné, mais créé l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco). C'est l'Isco qui a conduit au fameux congrès de Zéralda et la plate-forme du même nom. Les deux initiatives et les propositions qui les réunissent n'ont pas trouvé d'oreilles attentives, ni au niveau du pouvoir ni dans le reste de l'opposition. De fait, les deux démarches transpartisanes n'ont pas de prise sur le terrain politique et leurs initiateurs semblent faire du surplace, d'autant qu'ils développent un discours exclusif qui ne tient pas compte de l'avis des autres acteurs de la scène nationale. A contrario de la Cltd et du Pôle du changement, une initiative originale a été conduite par le FFS. Le vieux parti de l'opposition ambitionnait de réunir une grande conférence du consensus national où l'ensemble de la classe politique s'y retrouverait et qui devait être une base pour la construction d'un système politique consensuel, où le pouvoir et l'opposition s'entendraient sur un Smig démocratique. Le parti de Nebbou a présenté une feuille blanche à tous les partis et aux personnalités qu'il a rencontrées. Les partenaires du FFS se sont empressés de tracer des lignes rouges, notamment les partis au pouvoir. L'opposition n'était pas en reste dans le refus pur et simple de l'initiative du vieux parti d'opposition. Ainsi, après une multitude d'entretiens, le FFS n'est pas parvenu à réunir sa conférence. Son initiative a à peine effleuré les esprits des uns et des autres qui donnaient l'impression de détenir la solution absolue aux problèmes de l'Algérie. Face à ces tentatives sans lendemains, qui passent pour être les grandes «manoeuvres» politiques de 2015, les partis du pouvoir y sont allés, eux aussi, de leur proposition. Il y eut d'abord celle d'Ahmed Ouyahia qui, pour inaugurer son retour à la tête de son parti a évoqué la possibilité de la reconstruction de l'Alliance présidentielle, tombée en désuétude après le retrait du MSP. Une proposition vite enterrée par le FLN qui lance son idée de front élargi destiné à soutenir le président de la République. Quelques semaines à peine, après ses premières déclarations sur le sujet, le patron de l'ex-parti unique revendique déjà plus d'une trentaine de formations politiques, membres de son front. Mais le refus sec de Djaballah de recevoir une délégation du FLN semble avoir donné un coup d'arrêt à la marche du vieux parti. D'ailleurs, Amar Saâdani doit savoir que les partis de l'Isco refuseront de faire partie de «l'aventure». L'exemple de Djaballah pourrait faire tache d'huile et nuire à l'image du «grand» parti qu'est le FLN. D'autres initiatives, moins médiatisées, ont eu juste le mérite d'exister. Elles sont le fait exclusivement de deux partis islamistes, le MSP et le Parti pour la liberté et la justice de Abdellah Djaballah. Le premier voulait prendre langue avec le pouvoir sur la base d'une plate-forme qu'il disait consensuelle et le second a tenté de mettre en place une sorte de «loge» de personnalités islamistes. Tout compte fait, l'année 2015 a été celle des initiatives ratées et l'ensemble de la classe politique a certes bougé, mais dans tous les sens. Personne n'a réussi à fédérer le 10e de ce que compte la scène partisane nationale. Une année à blanc, mais elle est instructive à plus d'un titre. On sait maintenant que les acteurs politiques algériens font tous de la figuration sans plus.