Au moment où le FLN lance officiellement son initiative de construction d'un front de soutien au programme du chef de l'Etat, le plus vieux parti de l'opposition décide de relancer son projet de reconstruction du consensus national. La décision du FFS intervient au lendemain de l'annonce de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition d'organiser son deuxième congrès avant la fin de l'année. Avec ces trois grandes démarches, la scène politique nationale sera animée pendant tout l'automne et l'hiver. Ce foisonnement d'initiatives qui s'entrechoquent exprime l'unanimité de la classe politique qui, chacune de ses composantes se dit consciente des dangers qui guettent le pays mais en même temps, il met à l'évidence toutes les divergences qui la marquent, avec les accusations et les contre-accusations des uns contre les autres. En effet, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur l'opposition qu'il appelle pourtant à adhérer à son projet. Quant à l'opposition structurée au sein de l'Isco, qui regroupe les partis de la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CLTD) et le pôle des forces de changement, elle a des revendications qui ne peuvent en aucun cas cadrer avec les aspirations des partis au pouvoir. A l'Isco, on réclame une élection présidentielle anticipée et l'institution d'une instance indépendante de gestion des élections, à la faveur d'une période de transition démocratique. Au milieu de tout ce tintamarre, ressurgit le FFS qui, à travers son projet, veut jouer le rôle de facilitateur entre les deux parties, espérant les mettre autour de la même table de négociations. Au terme du premier round de ses consultations, les dirigeants du parti ont fini par rejeter les lignes rouges dressées par le pouvoir, qualifiant les partis au gouvernement de «fonctionnaires politiques du système». Avant-hier, donc, le FFS a décidé d'engager une nouvelle série de rencontres de concertation avec les acteurs politiques, économiques et sociaux pour la reconstruction du consensus national. «Il est nécessaire de réunir toutes les forces du pays pour sortir de la crise actuelle», a déclaré le premier secrétaire Mohamed Nebbou. «Les aspirations du peuple algérien à un avenir meilleur s'éloignent, jour après jour, en raison de l'entêtement du régime en place et son refus d'aller vers des réformes profondes qui concerneront tous les domaines : politique, économique, social et même culturel», a-t-il accusé. Encore plus critique, il tranche : «L'Algérie entame un virage dangereux et décisif. Aujourd'hui, seulement deux possibilités s'imposent à nous : il s'agit soit de poursuivre la même politique avec le risque de mener le pays vers l'irréparable ou d'aller vers un véritable changement avec la participation du peuple et l'ensemble des acteurs politiques, économiques et sociaux». Le FLN qui voit du même œil les dangers qui guettent le pays veut un front interne solide et appelle toute la classe politique, le mouvement syndical, les organisations patronales et les personnalités publiques à y adhérer. L'un des points principaux du projet de Saâdani est le soutien sans réserve au programme de Bouteflika, ce qui est inconcevable aux yeux de l'opposition. Aussi bien le FFS que l'Isco soulignent qu'ils militent pour le changement du système politique mais avec leur participation. Alors que le FFS veut organiser une conférence autour d'une feuille blanche à remplir par les propositions de chacun, l'Isco cherche à construire un rapport de force nécessaire à même d'imposer au pouvoir de s'asseoir à la table des négociations. Mais entre les uns et les autres, le courant ne passe pas, d'où la nécessité d'établir des canaux entre eux.