L'initiative de Abdallah Djaballah, du Front pour la justice et le développement (FJD) de «rassembler» le courant islamiste et qui a échoué à deux reprises continue de subir de fracassants revers. C'est l'initiateur de ce «vieux projet», caressé depuis des lustres par tous les responsables de la mouvance islamo-intégriste, qui est en grande partie responsable de ces récents échecs répétitifs. En refusant de se rendre à l'université d'été du MSP dont il est l'un principaux invités, Djaballah aura donc enterré définitivement sa propre initiative. Même s'il a tenté hier de minimiser «le différend», qui ne date à vrai dire pas d'aujourd'hui, le président du MSP, Abderrezak Mokri, a dans une déclaration à la presse en marge de l'université d'été de son mouvement, affirmé qu'il ne «comprend rien à l'initiative de Djaballah». Voilà un aveu. Une «reconnaissance» à peine voilée de l'existence d'un profond désaccord entre les deux hommes. Mokri fera d'ailleurs remarquer à ce sujet que Djaballah a souvent «déserté» les réunions de la Conférence pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), seul cadre dans lequel le MSP dit se reconnaître. «Le MSP en tant que parti n'est pas concerné par l'initiative de Djaballah, d'autant plus qu'il ne connaît rien au projet», a expliqué Mokri, précisant qu'il ne reconnaît aucun autre projet avec d'autres formations politiques que celui de la CLTD. Bien qu'il ait essayé de «rectifier le tir», en affirmant que d'autres personnes invitées à l'université d'été de sa formation politique ne sont pas venues mais se sont «excusées» et que Djaballah était «libre» et est lui aussi «excusé», tant la question est «secondaire» à laquelle il n'accorde pas «trop d'importance», Abderrezak Mokri prouve par ses propos que rien ne va plus au sein de la mouvance islamiste plus que jamais écartelée, surtout avec le «retour en force» des anciens de l'AIS qui ont récemment tenu leur propre université d'été dans les maquis de Mostaganem en perspective de leur retour «à la normalité» de la scène politique nationale. Ce qui exacerbera sans nul doute davantage les dissensions de cette mouvance écrasée non seulement par ses «erreurs de jugement» mais aussi par l'éternelle question de leadership. C'est d'ailleurs cette dernière question qui a aussi divisé les rangs du MSP. Un mouvement qui a subitement viré dans l'opposition après avoir été membre de l'Alliance présidentielle du temps du ministre sans portefeuille, Bouguerra Soltani. Soltani défend Mokri Présent hier à l'université d'été du MSP, Soltani semble avoir enterré la hache de guerre. En tout cas, c'est ce qu'il a laissé entendre lorsqu'il s'est adressé lui aussi aux journalistes en marge de la rencontre partisane. Il défend même Mokri avec lequel il n'était pas du tout en bons termes. Sévèrement critiqué par ses pairs au sein de la CLTD pour avoir rencontré récemment Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République, Mokri qui devait «se justifier» à maintes reprises, reçoit enfin le soutien «direct» de Soltani, lui qui avait crié sur tous les toits qu'il était à l'origine de la rencontre, «car il fallait renouer le dialogue avec le pouvoir», amenant son successeur à brandir la menace de le traduire devant le conseil de discipline du parti, surtout qu'il n'aurait également pas respecté le règlement intérieur du mouvement en répondant favorablement à une invitation du FFS dont le projet de reconstruction du consensus national est en «concurrence directe» avec celui de la CLTD. Soltani a jugé hier que le MSP sous la conduite de Mokri «a toute la liberté de dialoguer avec tous les partis, qu'ils soient de l'opposition ou du pouvoir». La rencontre de Mokri avec Ouyahia «est ordinaire et entre dans le cadre de la liberté partisane», a soutenu Soltani avant de rappeler que le MSP est toujours partie prenante de la CLTD. L'ex-président du MSP partage également les mêmes «analyses» que Mokri s'agissant notamment de la «crise» que vit le pays dans le sillage de la chute drastique des prix du pétrole. Les deux hommes ont soutenu hier, «séparément», que les Algériens «vont devoir vivre une crise vers la fin de l'année 2016». «L'Algérie ne pourra pas résister au-delà de 2017», dira Soltani alors que Mokri qui estime que «la crise est profonde», tente une proposition en direction du pouvoir, appelé à «réaliser le consensus» attendu par le peuple.