Ces échanges musclés augurent d'un grand déballage Les officiers supérieurs sont plus dangereux quand ils brandissent des dossiers que lorsqu'ils menacent avec leurs armes. Depuis ces derrières 72 heures, deux généreux se lancent des missiles par médias interposés impliquant un troisième qu'ils annoncent sur le terrain du combat dans les tout prochains jours. Tout est parti d'une lettre tout à fait ordinaire du général à la retraite Khaled Nezzar sur le site Algérie patriotique dans laquelle il rectifiait ce qu'il a appelé «une contrevérité» à son sujet. Le général Nezar insiste en effet sur le fait qu'il n'a jamais proposé le poste de chef d'Etat au défunt Hocine Ait Ahmed au lendemain de la démission du président de la République Chadli Bendjedid le 9 janvier 1992. «Alors que sa dépouille n'était pas rapatriée ni inhumée, des informations sans nombre - dont certaines constituent de flagrantes contrevérités - inondaient les champs médiatiques», écrit Nezzar sur le site Algérie patriotique rectifiant «je n'ai à aucun moment proposé à feu Ait Ahmed le poste de président de la République, contrairement à ce que les uns et les autres ont déclaré». Cette déclaration étant faite, le général Nezzar essuie un premier tir venant de l'avocat et ancien membre du HCE (Haut Comité d'Etat) Ali Haroun. Ce dernier a clairement affirmé, dans une vidéo (rediffusée par le journal TSA avant-hier), que lors d'une rencontre avec le général Nezzar, le défunt Hocine Ait Ahmed a refusé «la proposition de l'ancien général d'occuper le poste de président de la République». Voilà donc un premier démenti franc et direct. Lequel démenti a été appuyé par un autre avocat, l'ancien sénateur Mokrane Aït Larbi qui s'est interrogé d'ailleurs «pourquoi le général Nezzar s'est-il muré dans son silence sur un fait connu du grand public. Il a attendu que Hocine Ait Ahmed décède pour lui apporter un démenti». Au moment où la polémique allait s'estomper, un autre acteur et pas des moindres entre en scène. Il s'agit du puissant général à la retraite Mohamed Betchine qui avait occupé le poste de la direction générale à la prévention et à la Sécurité (Dgps) qui deviendra par la suite le département du renseignement et de la sécurité (DRS). Betchine enfonce complètement Nezzar et souligne que le général Khaled Nezzar avait proposé à Ait Ahmed de devenir président de la République. «Moi je vous dis que Nezzar a proposé à Ait Ahmed de devenir président et je n'ajoute rien de plus!» a-t-il déclaré dans un entretien exclusif accordé au quotidien arabophone Ennahar. Le général Nezzar en veut pour témoin son conseiller politique, un autre général, à savoir Mohammed Touati et Betchine menace de révéler un rapport compromettant datant des années 1990. Et le feu de la polémique a déjà pris. Une polémique qui donne des avant-goûts de revanche personnelle qui n'avancera absolument en rien le débat national ni un éclairage sur la situation politique. Cependant, cette polémique est dangereuse quand on sait que ces officiers supérieurs, qui ont loyalement servi leur pays sont les acteurs directs de la décennie noire, l'épisode le plus sanglant de l'histoire de l'Algérie indépendante. Les généraux sont plus dangereux quand ils brandissent des dossiers que lorsqu'ils menacent avec leurs armes. Ces échanges musclés augurent en effet d'un grand déballage dont on aurait pu faire l'économie et qui n'est pas le bienvenu en ces moments de crise financière et de fragilité sociale.