Cette maladie mortelle, due à un agent viral connu, le cytomégalovirus, n'a encore jamais été rencontrée dans la région avec une telle virulence. Selon des spécialistes interrogés, «il est trop tôt pour se prononcer, sinon par hypothèse : les symptômes rappellent la polyradiculonévrite, qui est surtout le fait d'une insuffisance immunitaire.» Un autre medecin, spécialiste des maladies infectieuses d'El-Kettar, rapproche les sympytômes de l'épidémie de botulisme d'il y a quelques années, mais exclut le risque de propagation, car «ce type de virus a un temps de vie très limité à l'extérieur. En outre, il ne s'attaque qu'à des personnes au système immunitaire déjà affaibli». Le ministre de la Santé, M.Aberkane rassure: «Cette maladie n'est pas contagieuse,» affirmait-il hier à la Chaîne III. Cet avis est confirmé par le spécialiste en virologie, le professeur Bouguermouh: «Non contagieuse, cette infection est surtout connue en milieu pédiatrique et néonatal. En principe, elle ne nécessite aucun traitement particulier. Il s'agit surtout d'éviter les troubles respiratoires.» Concernant les détails cliniques, d'autres médecins seront très prudents: «Nous n'avons jamais été confrontés à la maladie sous une forme aussi sévère. On sait cependant qu'elle provoque la paralysie musculaire en s'attaquant au système nerveux. La mort a généralement lieu par étouffement, suite à la paralysie des muscles pulmonaires.» Une source du ministère de la Santé attribue l'apparition de la maladie «au brusque refroidissement du climat.» Pourtant, les spécialistes évaluent la période d'incubation à environ 60 jours, et «ce refroidissement ne date que depuis le 8 novembre.» Le bilan, à l'heure où nous mettons sous presse, varie, selon les sources, entre 21 et 30 personnes. Une situation d'alerte médicale est décrétée dans les wilayas d'Oum el-Bouaghi et Khenchela. Les recherches entamées pour déterminer les sources d'infection sont en cours, mais plusieurs citoyens, contactés par téléphone, n'étaient pas du tout au courant, bien que la presse ait déjà rapporté l'information, parfois à la Une. On est très loin de la psychose et de la panique. Cependant, les services locaux et centraux de santé publique ne prennent pas les choses à la légère. Des mesures draconiennes de prévention et de dépistage ont été prises, et d'autres sont en cours d'élaboration. En attendant les conclusions des spécialistes, les institutions algériennes sont confrontées à des situations limites qui éprouvent leurs capacités à prendre en charge les problèmes des citoyens. Qui, en fait, sont les leurs.