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Plaidoyer pour leur mise en oeuvre
LE CNES À L'ECOUTE DES ESPERANCES DE LA JEUNESSE
Publié dans L'Expression le 04 - 02 - 2016

L'université devrait permettre à chaque étudiant de progresser avec toutes ses chances
«Nous aspirons à assurer une plus grande cohérence dans la réduction des inégalités intercatégorielles, intergénérationnelles, ‘'intergendorielles'' et interterritoriales, de sorte à garantir une optimisation des politiques publiques dédiées au capital humain visant au final un développement durable du pays. Une priorité doit être accordée aux jeunes afin de les aider, en tant que citoyens éclairés, à construire leur personnalité et à appréhender la complexité de leur société en soi et par rapport au reste du monde.» M.S. Babès, président du Cnes
Ces phrases résument globalement la teneur de la conférence qui s'est ouverte ce 1er février et dédiée à la jeunesse. Plus de 70 experts ont participé à l'élaboration du Rapport sur le développement humain. Le président du Conseil national économique et social, Mohamed-Seghir Babès, a plaidé pour la révision des politiques publiques relatives au profit des jeunes afin de faire de cette frange de la société des acteurs «actifs» du développement durable. Il a estimé que les jeunes, cette frange dominante de la structure démographique algérienne, «est foncièrement porteuse d'espoir». Le président du Cnes a soutenu que le capital humain, sous toutes ses spécifications, soutenu et relayé par les outillages des technologies de l'information et de la communication, «constitue un levier primordial apte à soutenir une dynamique d'ensemble orientée vers le développement durable», a-t-il affirmé. Le Rndh, dans son nouveau format, «se propose d'être le prétexte pour revisiter les politiques publiques dédiées au processus de renforcement du potentiel des jeunes, mais aussi d'examiner la manière dont ce capital est mis à profit pour être un acteur influent de la vie économique et sociale et contribuer à la création de richesse».(1)
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), assure, par la voix de sa représentante et résidente en Algérie, que les progrès du développement humain en Algérie sont «incontestables». «Dédié à la jeunesse, ce rapport innove en ce sens qu'il esquisse l'élaboration d'un indice de développement humain durable axé sur les jeunes. Il innove encore en prenant notamment en compte dans l'analyse les aspects relatifs à l'emploi et la participation sociale ainsi que la qualité de l'éducation à travers l'accès aux technologies de l'information et de la communication», a déclaré Cristina Amaral. Le rapport mondial du développement durable a classé, en 2015, l'Algérie au 83e rang sur 185 pays. Un bémol: le document souligne «le recul de la valeur travail dur» dans la perception du jeune. De plus, le taux de chômage des jeunes est très important: 29%
Après les allocutions officielles, le travail s'est déroulé en deux panels. Le premier panel a abordé les questions relatives au processus de développement du potentiel des jeunes. Le deuxième panel a abordé la participation sous deux grands aspects: participation économique et perception vs participation sociale. Chaque panel a vu les interventions des spécialistes qui ont participé à la rédaction du Rapport.
C'est un fait, le Cnes propose la révision des mécanismes d'aide à la création d'emploi, dont le dispositif Ansej, pour aller vers une politique «plus ciblée» visant la réduction du chômage et une véritable création de richesse. Justement, pour le professeur d'économie Youcef Benabdallah la politique actuelle «crée de l'emploi sans créer de richesses». Telle qu'elle est pratiquée actuellement, la politique de l'emploi détruit la productivité». Il avance une proposition allant dans le sens d'une stratégie de l'emploi qui influe véritablement sur la croissance économique à travers l'impulsion d'un effort réellement productif qui tranche avec la politique actuelle. Cette dimension travaille à réhabiliter tel que je l'ai énoncée et la productivité liée à la rentabilité ont été reprises par la suite. Une contribution intéressante sur les expatriés a été faite par Mohamed Saib Musette, directeur de recherche au Cread. Nous apprenons qu'il y a 50.000 PhD à l'étranger et que le mythe de l'émigration n'en est pas un. Les jeunes dans le monde émigrent (environ 27%); les jeunes Algériens n'en sont pas loin. Si les jeunes Algériens, notamment les diplômés trouvaient des conditions de travail adéquates, ils n'émigreraient pas. Cette fuite des cerveaux a un coût pour le pays; Ceci est vrai le pensons-nous.
Il fut une époque où l'Algérie ambitionnait de placer ses compétences à l'étranger dans le cadre de la coopération (un statut du coopérant a même été envisagé). Il ressort que l'Algérie a besoin de tous ses enfants. Ceux qui sont à l'étranger peuvent contribuer à distance pour peu qu'au pays il y ait une cohérence sur la demande à formuler à ces compétences expatriées. Nous avons besoin de leurs idées, de leur savoir, pas forcément de leur présence physique. Il est hors de doute qu'ils sont aussi rentables, sinon plus que beaucoup d'Algériens au pays, car ils ont fait l'effort de se mettre au niveau. Leur dette morale vis-à-vis du pays ils peuvent la payer cent fois. Il est mal venu, comme je l'ai écrit, de les exclure du texte fondamental actuellement en débat.
Les nombreuses associations invitées ont salué les efforts du Cnes qui leur donne l'opportunité de s'exprimer et ont fait part de leur expérience avec les jeunes. Ces jeunes que l'on croit monolithiques et qui présentent des stratégies pour garder la tête hors de l'eau. L'intervention d'un jeune étudiant d'à peine 21 ans et déjà responsable d'une association a été vue comme un cri du coeur sincère, il a exposé avec des mots simples le combat des jeunes, l'amour du pays, la quête de confiance et le besoin d'être accompagné pour les multiples idées qu'ils développent pour créer de la richesse en créant leur propre emploi. C'est vrai que des dynamiques profondes traversent la jeunesse. Comme l'a souligné un expert. En 1962 le pays était à 80% rural, en 2015 il est à 30% rural. Ces jeunes ruraux ont aussi des espérances et devraient être «accompagnés» par des dispositifs adaptés.
Ma contribution au débat
J'ai eu à décrire les tendances lourdes du Futur et annoncer sans être un prophète de malheur les perturbations climatiques qui seront de plus en plus récurrentes, avec les conséquences prévisibles, la famine, les défis alimentaires, la déforestation. Dans le même ordre il y aura des pays qui seront touchés par le stress hydrique dont notre pays. J'ai annoncé aussi la continuation actuelle des guerres pour le pétrole et le gaz. Tout ceci menant à un monde de moins en moins apaisé, un monde, «la jungle» où périssent les plus faibles et les moins armés
Les métiers du futur qu'il nous faut investir
Comment vivrons-nous dans le futur? Comment les nouvelles technologies changeront-elles nos vies, l'économie et le monde des affaires? Ces technologies émergentes vont changer le monde à jamais. Nous devrions commencer à penser à ces questions maintenant. L'homme et la technologie ne feront qu'un. D'ici 2030, les sciences auront fait un bond fulgurant. Le monde du futur sera décarboné: on utilisera de plus en plus des énergies renouvelables. La médecine du futur est déjà là; en étant connecté le patient même s'il est impatient reçoit on live ses données physiologiques grâce à des capteurs. Aujourd'hui, il y a des imprimantes 3D qui peuvent imprimer des vêtements, des circuits imprimés, des meubles, des maisons et du chocolat. On peut acheter une imprimante 3D et imprimer nos meubles! Quelle est l'étape suivante? Des voitures imprimées. Ce sont autant de métiers et donc de programmes d'enseignements universitaires absents chez nous.
Les villes durables commencent à émerger. Leur caractéristique est l'autonomie en tout.
Le monde de demain sera aussi celui de l'intelligence artificielle. Les robots arrivent et l' emploi humain est problématisé. Ces robots seront nos serviteurs personnels, nos assistants. L'enseignement de la médecine sera révolutionné. Nous devons nous y préparer et revoir fondamentalement l'enseignement supérieur et la recherche dans ces domaines. Les smartphones se fondront dans l'histoire digitale quand les lentilles de contact intelligentes à haute résolution et les oreillettes implantées communiqueront avec nos ordinateurs portables ou costumes intelligents.
L'école et l'université du XXIe siècle: quelques pistes
La préparation des jeunes au monde exigeant du XXIe siècle requiert une école davantage centrée sur les apprentissages fondamentaux et sur le développement intellectuel des élèves, une école stimulante qui inculque le goût et la capacité d'apprendre, une école qui initie et introduit au monde de la culture, une école qui prépare aux rôles sociaux de la vie adulte, une école qui rend capable de juger et d'agir de façon responsable, une école qui élève et fait réussir dans la vie, un enseignement secondaire constituant une charnière préparant soit aux études supérieures, soit à l'entrée dans le monde du travail. Même les nouveaux concepts «apprendre à être, apprendre à apprendre, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble», doivent être revisités à la lumière des mutations permanentes induites par la mondialisation. Cependant, rien de pérenne ne sera construit si les enseignants ne sont pas sélectionnés parmi les meilleurs et que des concours ne permettent pas d'être rigoureux. Il s'agit de former la future élite du pays sans complaisance. Seuls les meilleurs passeront. L'école et l'université ont besoin d'être gérées d'une façon éthique.
Par principe, l'université devrait permettre à chaque étudiant de progresser avec toutes ses chances, de trouver aussi la spécialité où il a le plus d'aptitudes. Tout étudiant devrait être assuré de quitter l'enseignement supérieur avec un diplôme à valeur professionnelle, il faut, cependant, qu'il se sente prêt à accomplir l'effort nécessaire pour cela. «L'Université de papa doit faire place à celle de la concurrence et de la compétition. De plus, chacun devra pouvoir revenir vers l'université tout au long de sa carrière, pour valoriser en permanence ses «acquis». Comment doit faire notre université pour s'adapter? C'est une évidence: le monde qui nous entoure change, de plus en plus vite, grâce à la diffusion de nouveaux moyens d'information. Les connaissances doublent tous les 9 ans.
Le bouleversement des savoirs impose une flexibilité visant une meilleure adéquation des hommes et des besoins. En changement perpétuel, l'enseignant est amené à se remettre en question constamment. L'université doit s'adapter en permanence et elle ne peut le faire qu'avec une recherche dynamique et utile à la société. Les enseignants devraient aussi développer des capacités d'innovation et d'entrepreneuriat qui consistent à mettre en oeuvre une recherche de laboratoire pour lui donner une application. Ces start up sont la seule façon de créer de la richesse en dehors de la rente. Parmi les défis du pays, il en est un qui est à notre portée: celui d'une transition énergétique vers le développement humain durable Nous devons sans cesse innover et être prêts pour ce nouveau monde de la technologie. Pour cela, nous devons d'abord fabriquer nos équipements scientifiques car la technologie existe, elle est disponible avec l'aide du Pnud et de l'Unesco. Notre recherche appliquée devra s'y atteler, nous pouvons même faire une révolution dans l'informatique en fabriquant 1 million de lap top à 50 dollars pièce pour apporter la révolution informatique au sein de l'Algérie profonde. C'est cela l'utopie qui nous manque. L'éducation, l'enseignement supérieur, les télécoms devraient pouvoir jouer un rôle prépondérant
Comment stimuler la recherche dans l'innovation? compter sur soi
Comment promouvoir «une croissance verte», Jermy Rifkins propose une 3e Révolution. Le défi est triple: la crise énergétique, le changement climatique, le développement durable. Ces défis seront relevés par un changement de la mondialisation à la «continentalisation». C'est-à-dire la fin d'une énergie divisée, pour une énergie distribuée.
Les cinq piliers de la Troisième Révolution industrielle sont: passer aux énergies renouvelables; transformer les bâtiments en mini-centres énergétiques, créant de nombreux emplois; permettre à chaque bâtiment de conserver cette énergie; utiliser la technologie Internet pour créer un réseau similaire d'énergie. Chaque bâtiment ayant de l'énergie en trop pouvant la vendre sur ce réseau. Créer des réseaux électriques continentaux dans lesquels les véhicules électriques puissent vendre leurs surplus d'énergie en se branchant à une prise.
Les métiers du développement humain durable représentent un gisement inépuisable pour le pays. Il s'agit avant tout d'une adaptation des métiers aux nouveaux enjeux, ce qui suppose une formation appropriée. Toutes les branches d'activités sont concernées par le développement durable, les métiers de l'environnement et des éco-industries, les métiers de l'agriculture biologique et durable, les métiers de l'aménagement du territoire (Snat).
Plus modestement chez nous il s'agit de la mise en place de start up sur des produits à forte valeur ajoutée que le pays importait à coups de centaines de milliards de centimes? Il faut savoir que dans les cursus universitaires, les diplômants réalisent en dernière année un projet de fin d'études ou mémoire sur un sujet donnant. Pour le moment, l'université n'est pas en phase avec la demande du pays. Sait-on que chaque année c'est près de 100.000 mémoires toutes disciplines confondues et des centaines de thèses qui sont réalisées? L'université doit d'abord concevoir et fabriquer ses propres équipements de laboratoire qui peuvent servir aussi dans les lycées, les écoles, les entreprises et les hôpitaux.
Une instance étatique de recherche peut organiser chaque année un espace de présentation des créations, innovations adaptations et les plus pertinentes seront financées et les promoteurs de start up se verront octroyer des facilités d'installation, des débouchés et des prêts. C'est cela un savoir-faire que nous devons réhabiliter. A ce sujet le fonds d'investissement du Forum des chefs d'entreprise de 2 milliards de DA proposé pour le financement de projets de jeunes entrepreneurs est un pas dans la bonne direction. Il en sera de même d'une nouvelle vision de l'octroi de prêts publics (Ansej, Anem) dédié à l'intelligence, à la réelle création de richesse.
Une utopie mobilisatrice pour la jeunesse: le développement humain durable du Sud. Il est hors de doute en effet que le développement multidimensionnel est possible par une «politique de grands travaux» qui mise sur le rail, un plan Marshall pour le développement des énergies renouvelables, une revitalisation déterminée du Barrage vert pour arrêter l'érosion et enfin une stratégie pour le développement agricole et agro-industriel du Sud est une utopie mobilisatrice de la jeunesse. L'apport de l'université de la recherche, l'apport des jeunes du Service national-outre le fait qu'il contribue d'une façon déterminante au brassage et au vivre ensemble- nous permettront réellement de gagner le pari de désengager le Nord en créant des villes nouvelles durables grâce à la disponibilité de l'eau et de l'énergie.
Plus que jamais il sera nécessaire de faire appel au savoir et au mérite pour permettre à l'Algérie de se battre intelligemment pour avoir sa place dans le concert des nations. Il est hors de doute que l'Algérie a d'immenses opportunités. A nous de les mettre en valeur.
1.http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/90066


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