Une nouvelle édition du dictionnaire français-arabe algérien de Belkacem Ben Sedira, un ouvrage publié pour la première fois en 1886, vient de paraître aux éditions «Dar Khettab». La cinquième et dernière édition qui remonte à 1959 de ce dictionnaire «exceptionnel» de 1300 pages, était censé contribuer, à l'époque où l'Algérie était encore sous occupation française, au «rapprochement» de la langue parlée par beaucoup d'Algériens de l'administration coloniale et des pieds-noirs. Renfermant 15 000 mots, le dictionnaire bilingue de Ben Sedira réhabilite une langue répandue parmi les Algériens jusqu'à la première moitié du XIXe siècle, tout en constituant une précieuse source d'informations sur la vie au quotidien des Algériens à cette époque. La linguiste Khaoula Taleb El Ibrahimi présente l'ouvrage de Ben Sedira comme une «oeuvre importante», accessible aussi bien au lecteur qu'au chercheur et leur permet de connaître l'Algérien anciennement pratiqué. Dans sa préface, le sociologue et urbaniste Djaâfar Lasbet souligne, pour sa part, que «Ben Sedira était un homme de savoir» à l'instar de Ali Benkeroucha, Mohamed Bencheneb, Ibrahim Fateh, dont les ouvrages constituent, selon lui, des «repères» et des «trésors» culturels. Le sociologue note plus précisément que cet ouvrage initie le lecteur à l'arabe algérien, restitué à travers ses anciennes expressions utilisées dans diverses circonstances que le dictionnaire a remises au goût du jour. L'algérien tel que parlé de nos jours utilise en moyenne 1000 mots, alors que le dictionnaire de Ben Sedira propose un corpus de 15.000. Les mots recueillis dans cet ouvrage, observe pour sa part Nourredine Abdelkader qui a préfacé une précédente édition, sont usuels et accessibles au commun des locuteurs arabophones dans le monde. Malgré l'absence d'un soutien financier et les faiblesses du réseau de chaîne de distribution à même de rendre le dictionnaire de Ben Sedira disponible dans les librairies en Algérie, l'éditeur Rachid Khettab s'est résolu à rééditer cet ouvrage qui constitue une référence linguistique. Né en 1845 à Biskra où il décéda en 1901, Belkacem Ben Sedira a fait ses études à l'Ecole normale de Versailles (Nord de la France) où il obtint son diplôme d'enseignant. A 20 ans à peine, il est le plus jeune professeur à l'Ecole normale d'Alger. Il intègre par la suite la «Medersa» d'Alger où il enseigne le Droit islamique. Reconnu comme étant un parfait trilingue (arabe, tamazight et français), Ben Sedira, également traducteur, a édité plusieurs ouvrages destinés à vulgariser l'arabe algérien.