Tous les moyens humains et matériels ont été mobilisés dans le cadre d'une «offensive» lancée dans les foyers abritant ces Nigériens. «Nous n'avons pas encore établi le bilan, ne serait-ce que partiel, des Nigériens concernés par leur rapatriement dans leur pays, le Niger», dira le président du bureau d'Oran du Croissant-Rouge algérien, Me Benmoussa, tout en affirmant que «le bilan vous sera fourni en fin de journée». De tels propos résument que les subsahariens, en particulier ceux venus du Niger, n'auront sûrement pas la journée aisée vu la mise en place par les autorités locales d'un important dispositif visant essentiellement la «nécessité» de regrouper ces Nigériens en vue de les expédier tout droit dans le point de chute final, la ville frontalière de Tamanrasset. C'est à partir de ce «quartier général» que ces Nigériens seront reconduits directement dans leur pays, le Niger. Un planning bien ficelé est à cet effet mis en place à commencer par les descentes inopinées opérées par les éléments de la Gendarmerie nationale, ceux de la Protection civile en large collaboration avec les services sociaux et le Croissant-Rouge algérien. A lui seul, le bureau d'Oran du Croissant-Rouge algérien a mobilisé 25 agents alors que les services sanitaires d'Oran ont réquisitionné leurs médecins, infirmiers et plusieurs ambulances ainsi que le Samu d'Oran. Ainsi donc, l'expulsion des subsahariens, notamment ceux de nationalité nigérienne, se poursuit de plus belle dans la wilaya d'Oran. Cette mission passe par l'identification des Africains dès qu'ils sont interceptés. En ce sens, dira Me Benmoussa, «nous procédons aux vérifications d'identité avant de les faire examiner par des médecins». L'opération a été lancée tôt dans la matinée de la journée d'hier dans les foyers abritant ces Nigériens installés «clandestinement» sur le territoire de la wilaya d'Oran. Trois sites seront passés au peigne fin à partir des deux quartiers populaires géants de Koka et d'El Hassi, située dans la partie ouest de la ville d'Oran. Idem pour la localité de Bir El Djir qui comprend plusieurs sites qui abritent plusieurs dizaines de subsahariens venus principalement du Niger, du Mali, du Liberia, du Cameroun etc. Les Nigériens en situation irrégulière seront systématiquement expulsés. La dite mesure a été avalisée en 2014 lorsque l'Algérie et le Niger ont paraphé un accord pour le rapatriement de milliers de Nigériens. Depuis le mois de septembre de l'année écoulée, l'Algérie a procédé à l'expulsion d'une nouvelle vague de ressortissants du Niger considérés comme immigrants clandestins. Les premières opérations ont abouti au rapatriement de près de 4000 Nigériens. Selon les chiffres difficiles à vérifier, plus de 100.000 migrants subsahariens se seraient installés sur le territoire algérien. Vivant entre le ballotage de la discrimination de certains «xénophobes» et le risque d'être arrêtés par la police et la Gendarmerie nationale, plusieurs dizaines de ces Africains vivent la nuit en tentant de se reconstruire une vie en exerçant des métiers aux revenus ne venant jamais à bout de leurs besoins. «Nous sommes nombre d'Africains qui travaillons dans de nombreux chantiers de bâtiment et autres dont les patrons nous rémunèrent à des salaires misérables», dira Mamadou d'un ton écoeurant. D'autres, renonçant au rêve de rallier un jour l'eldorado européen, se sont immobilisés dans les villes algériennes contraints à faire la manche, quémandant en amadouant les passants, leur demandant l'aumône et la «sadaka». Le mal et l'inquiétude les pourchassent là oü ils passent. «On risque un emprisonnement systématique de deux mois lorsqu'on est arrêté pour immigration clandestine», dira Youssoufou trés inquiet, tout en déplorant qu'une certaine presse, notamment arabophone, n'a rien trouvé de mieux à faire que de verser dans l'amalgame et la xénophobie en traitant les enfants du continent africain venus en Algérie «d'envahisseurs» des villes et villages algériens. «Nous ne sommes venus ici que parce que nous sommes victimes de famine et de misère qui se sont abattues dans nos pays», a-t-il indiqué avant de rendre hommage à plusieurs associations qui leur viennent en aide en leur fournissant de temps à autre la nourriture, l'habillement et des couvertures.