Les trois conférenciers ont mis l'accent sur l'action de l'Etat qui doit être plus efficace. MM. Mohamed Raouraoua, Mohamed Mechrara et Meziane Ighil, respectivement président de la FAF, président de la LNF et DTN du football, ont tenu, conjointement, jeudi matin, à l'hôtel Sheraton, une conférence de presse dont le thème a tourné autour de leur bilan à la tête des structures sus-nommées. Nous en donnons ici les plus grandes lignes. M.Mohamed Raouraoura a eu le privilège d'ouvrir la séance pour affirmer que «cette conférence de presse n'a rien à voir avec une campagne électorale». Et le président de la FAF d'ajouter: «Du reste, l'AG élective de la fédération n'est pas à l'ordre du jour. Je peux vous annoncer qu'elle aura lieu bien après la fin de la saison sportive 2004/2005 mais avant le mois de novembre prochain. Nous assumerons notre mission jusqu'au bout. Nous ne sommes pas payés pour ce que nous faisons. Nous sommes des dirigeants bénévoles qui nous sacrifions pour le football au détriment de notre vie de famille, de notre vie professionnelle et parfois même de notre santé. J'ai été élu membre de la CAF, membre de l'Union arabe du football. J'ai une mission à la FIFA. Je peux partir et abandonner la FAF. Mais je ne le fais pas parce que je me sens concerné par ce sport et par son devenir. Notre bilan quadriennal, nous allons le présenter lors d'une AG ordinaire qui aura lieu en mars prochain et pour la première fois, nous avons demandé à toutes les ligues un bilan en même temps que nous afin que l'opinion sportive sache ce que coûte le football. Pour en revenir à l'AG élective de la FAF, je sais que Mahieddine Khalef est candidat à la présidence. Le problème est qu'il n'est pas membre de l'AG. Il n'est donc ni électeur ni éligible. C'est mon ami et je ferai tout pour l'intégrer à l'AG de la FAF. Je suis pour la diversité. Mon souhait serait qu'il y ait 20 candidats pour la présidence de la FAF». Le développement, ce maillon faible Le président de la FAF a ensuite abordé le thème crucial du développement du football. «On parle de beaucoup d'argent dans le football mais surtout en division 1. Dans les autres divisions, il arrive qu'on n'ait même pas de quoi équiper les joueurs. Le problème c'est que presque tout l'argent va aux seniors. Aujourd'hui, la prise en charge d'une équipe de jeunes revient à près de 600.000 DA par an à un club. S'il en a trois, il doit investir quelque 1.800.000 DA par an. Ce n'est pas énorme. Il en est de même pour le football féminin. Ce qu'il faudrait, c'est que les pouvoirs publics qui subventionnent ces clubs, leur imposent un cahier des charges qui définit certains critères comme l'obligation d'investir tant d'argent pour les jeunes et tant d'argent pour les féminines. Ce que l'on constate aujourd'hui, c'est que nos clubs qui disputent des compétitions internationales ne disposent même pas d'espace pour s'entraîner. En outre, nous avons dénombré 1 520 clubs à travers tout le pays. Si l'on considère que chaque club gère 4 équipes, on arrive au chiffre de 6.000 équipes. Or, le nombre d'entraîneurs qualifiés n'excède pas 2000. On peut, donc, affirmer que 4000 équipes disposent d'entraîneurs qui n'ont rien d'entraîneurs. Imaginez que la plus grosse majorité s'occupe des jeunes et vous aurez un aperçu du drame que vit ce sport. Il est, donc, impératif que l'Etat s'implique. Le développement de la discipline est de son ressort, c'est lui qui forme les éducateurs. C'est lui qui construit les stades. C'est lui qui subventionne. La volonté politique existe mais les actions tardent à être mises en application». «Je ne dis pas que tout est parfait mais au moins nous avons pu apporter la stabilité des dirigeants du football. Nous avons pu réorganiser la FAF qui dispose aujourd'hui des structures à même de lui donner l'aspect d'une entité moderne. La pyramide des compétitions est en place et je tiens à annoncer que la division 2 restera à 18 clubs. Les règlements généraux ont été améliorés et mis en conformité avec ceux de la FIFA». La CAN 2004 n'a été qu'un épisode «L'équipe nationale a subi un gros et cinglant échec face au Gabon. Je l'assume mais quelque part cette défaite a donné une leçon de stabilité à notre football. Pour la première fois, la FAF n'a pas été menacée par une défaite de l'équipe nationale. Il est vrai qu'on a beaucoup parlé de la CAN 2004. Mais il faut analyser froidement la performance de l'EN. Cela n'a pas été le fruit d'un long travail rondement mené. L'équipe a bien joué conjoncturellement. Elle aurait rejoué ses matches contre le Cameroun et contre l'Egypte, elle les aurait perdus. Pour en venir aux deux entraîneurs étrangers qui l'ont dirigée, je dirais que cela n'a pas été une erreur. Notre football a besoin d'entraîneurs étrangers pour encadrer les nôtres. L'Etat nous a accordé dans le cadre de la refondation du football, 30 milliards de centimes. 20 milliards ont été déjà versés au compte de la FAF. Je peux vous dire qu'ils sont restés en l'état, intacts. La FAF, grâce au sponsoring, a trouvé d'autres sources de financement. Leekens et Waseije nous sont revenus de 20 à 25 millions de dinars. Il y a des pays africains qui paient trois fois plus cher leurs entraîneurs étrangers». La FAF a des sponsors «Les résultats de nos équipes nationales sont à l'image des joueurs que nous avons. Ailleurs, les jeunes s'entraînent 17 heures par semaine. Chez nous, ce volume ne dépasse pas 4 heures par semaine. La FAF essaie du mieux qu'elle peut de trouver des solutions à ce genre de problème. Par ailleurs, sur le plan financier, nous avons pu étendre grâce à notre tissu relationnel l'apport financier de la fédération. Aujourd'hui, les droits TV signés avec l'Entv ont été multipliés par 5. la chaîne arabe ART nous verse 50 millions de dinars sur 3 ans. Pepsi-Cola nous consent une aide de 3 millions de dinars par an. La firme La Belle s'investit à hauteur de 7 millions de dinars par an. Le Coq sportif nous donne 100.000 euros par an et 100.000 euros en équipements par an. L'Anep nous aide à hauteur de 5 millions de dinars par an. Djezzy nous offre 50 lignes de téléphone mobile gratuites et une aide de 4 millions de dinars par an. Il y a aussi la firme Sidi El-Kebir qui fournit de l'eau minérale à toutes les équipes nationales. J'ajouterai l'aide que nous apportent l'hôtel Sheraton et la firme Naxetis». La violence ne vient pas du stade M.Mohamed Mechrara s'est, lui, focalisé sur la gestion du championnat. «Le calendrier a été respecté. Je peux dire que depuis 3 ans, il y a une nette amélioration. Les clubs ont appris à s'adapter aux critères de la gestion rigoureuse. Du point de vue disciplinaire, la saison dernière, à l'aller, nous avions eu 420 joueurs avertis. Cette saison, sur la même période il y en a eu 445. L'an dernier, à l'aller, il y a eu 46 joueurs exclus. Ce chiffre est tombé à 31 cette saison. Par contre, pour les terrains suspendus, on en avait eu 5 l'an dernier et 10 cette saison. Pour en venir à la violence, je tiens à dire qu'elle est apportée au stade de l'extérieur. La responsabilité de l'Etat est ici engagée et je peux dire que ni la FAF ni la LNF avec leurs sanctions ne peuvent remédier à ce problème». «La phase retour que nous allons aborder va être pénible pour certains clubs, c'est-à-dire les 6 engagés dans les compétitions internationales. Je pense surtout à ceux qui disputent les coupes d'Afrique car, pratiquement, en été ils seront constamment en compétition. S'ils se qualifient bien sûr. Nous avons, donc, tenu compte de ces paramètres pour établir le calendrier de la phase retour étant entendu qu'à partir d'avril on est obligé d'improviser dans la mesure où prendra fin la première phase de la coupe arabe et on ne sait pas quels sont les clubs qui se qualifieront. Pour revenir au volet disciplinaire, je peux annoncer que la priorité sera donnée au huis clos car on a constaté que la suspension de terrain n'apportait rien de concret». Les anciens joueurs rappelés A son tour, Meziane Ighil a pris la parole pour parler des actions qu'il compte mener. «Nous avons opté pour la mise en veille des sélections de jeunes. Nous reprenons tout à zéro par des plateaux régionaux chez les jeunes qui vont aboutir à la création de sélections zonales qui donneront ensuite les futures sélections nationales. Je suis pour le rappel des anciens joueurs internationaux pour qu'ils viennent nous donner un coup de main. A ce sujet, un Tasfaout ou un Medane seraient un plus assurément. Ce que je peux dire c'est que 2012 sera l'année où l'on aura le produit de notre formation».