Cette union avait suscité beaucoup d'espoirs Pourtant, il suffirait d'organiser un référendum maghrébin démocratique sur l'union du Grand Maghreb. Nous sommes un 17 février 1987, un sommet historique réunit les présidents algérien, tunisien, libyen, mauritanien et le roi du Maroc. Les dirigeants du Grand Maghreb avalisent la naissance d'une union territoriale, économique et politique sur le modèle de l'Union européenne. L'enthousiasme des Maghrébins était manifeste. Dans l'ensemble des pays, les citoyens évoquaient cette union avec beaucoup d'espoir. Même si dans les cinq pays, c'était le totalitarisme qui était de rigueur, la question de l'Unité maghrébine faisait l'unanimité au sein de toutes les sociétés. Aucun parti de l'opposition, à l'époque clandestine dans les cinq pays, ne s'est opposé à une perspective aussi généreuse, qui s'est manifestée déjà en 1928 lors de la création de l'Etoile nord-africaine et confirmée lors d'une conférence présidée par le roi du Maroc, Mohammed V où l'unité de la région était explicitement évoquée par les partis. Le FLN y représentait l'Algérie combattante. Pour tous les citoyens de la région, c'était un vieux rêve qui se réalisait, même si la dénomination de l'ensemble maghrébin faisait grincer des dents. L'Union du Maghreb arabe n'était manifestement pas du goût des militants de tamazight. Mais il convient de préciser que la «réserve» portait sur la forme et jamais sur le fond. C'est dire que s'il y avait un seul thème rassembleur dans la région, c'était celui de cette unité que tout le monde appelait de ses voeux, mais dont le Maroc a retardé l'avènement en raison de son appétit expansionniste. Réclamant une bonne partie de l'Ouest algérien au lendemain de l'indépendance, puis envahissant le Sahara occidental en violation des règlements internationaux, le Royaume alaouite a cassé une dynamique qui semblait, en 1987, plus forte que tout. Le Maghreb uni naissant n'a pas résisté au chantage marocain qui l'a pris en otage. Hassan II a voulu forcer la main des peuples de la région. Il a monnayé leur rêve d'unité contre l'asservissement des Sahraouis. L'Algérie a refusé le chantage. Le roi a mis sa menace à exécution. Il a tué l'UMA dans l'oeuf. Gelant les activités des instances maghrébines, humiliant des milliers d'Algériens et orchestrant une campagne médiatique haineuse et permanente contre l'Algérie, Hassan II a remis le rêve des Maghrébins au placard. Nous sommes en 2016. La situation politique et les relations entre Etats dans la région est plus que détestable, mais le rêve des peuples est resté, lui, intact. N'importe quel citoyen tunisien, algérien, libyen, mauritanien ou sujet marocain, appelle à cette union de tous ses voeux. Les partis politique, jadis dans la clandestinité et aujourd'hui légaux, évoquent l'unité des pays de la région, comme une nécessité vitale. La revendication amazighe qui a abouti en Algérie et au Maroc et qui progresse dans les autres pays du Maghreb, conforte cet idéal porté par plusieurs générations de Maghrébins. Il reste simplement aux dirigeants de ces Etats, aujourd'hui «démocratiques» de réaliser le voeu des populations. Mais cela paraît plus difficile à concrétiser qu'aux temps de l'autoritarisme. Pourtant, il suffirait d'organiser un référendum maghrébin démocratique sur l'union du Grand Maghreb. Le président Bouteflika aux chefs d'Etat de l'UMA «L'unité du Maghreb est une nécessité impérieuse» Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message aux chefs d'Etat des pays membres à l'occasion du 27ème anniversaire de la proclamation de l'Union du maghreb arabe (UMA), dans lequel il leur a affirmé que la consécration de l'unité du Maghreb arabe «s'impose telle une nécessité impérieuse au moment où la région fait face à des défis multiples». S'adressant au souverain Mohammed VI, au président tunisien Beji Caïd Essebsi, au président de la Chambre des représentants de la Libye, Aguilla Salah Issa El-Abidi et au président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, le président Abdelaziz Bouteflika écrit: «Il m'est particulièrement agréable de présenter, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, mes voeux les meilleurs de santé et de bonheur, et davantage de progrès et de prospérité» au peuple frère. «Je saisis cette heureuse occasion qui nous permet d'évoquer les aspirations légitimes de nos peuples au recouvrement de leur liberté et de leur indépendance, et au renforcement de leur solidarité et de leur cohésion, pour vous réaffirmer le souci profond de l'Algérie et sa ferme détermination à oeuvrer de concert avec tous ses pays frères dans la région pour la préservation des acquis de cette réalisation historique», lit-on dans le message... «La consécration de l'unité du Maghreb arabe, apparaît comme une nécessité impérieuse à l'ère des ensembles régionaux et internationaux dont le nombre ne cesse de s'accroître, mais aussi face aux défis et enjeux majeurs qui se posent à notre région à tous les niveaux, des défis que nous devons relever dans le cadre d'un ensemble fort et unifié pour la réalisation des aspirations de nos peuples à davantage d'intégration, d'unité et de solidarité». «Nous célébrons, aujourd'hui, une date mémorable qui a vu la consécration de l'aspiration des peuples maghrébins à davantage d'unité et d'intégration. Une occasion que je ne manquerais pas de saisir pour réaffirmer le souci de l'Algérie et sa ferme détermination à oeuvrer de concert avec l'ensemble des pays maghrébins frères, à la préservation de cet acquis historique», lit-on dans le message. Le chef de l'Etat a, en outre, souligné l'impératif de «hâter la redynamisation des institutions de notre Union et de ses organes et structures, suivant une approche aux contours clairs et aux objectifs biens définis, en adéquation avec les exigences de la nouvelle génération d'organisations régionales et sous-régionales, et les aspirations de nos peuples maghrébins». «Le parachèvement de la construction de cet édifice stratégique est désormais une nécessité impérieuse, dictée par les changements et développements effrénés survenus au double plan régional et international, d'où l'impératif d'intensifier les efforts pour la consolidation des liens de coopération fructueuse, face aux défis et menaces qui guettent notre région», conclut le président Bouteflika.