Une centaine de camions chargés d'aide se dirigeaient hier vers des villes assiégées de Syrie dans un climat de vive tension entre Damas et l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura. Au total, un «convoi de 100 véhicules chargés de nourriture, de farine et de médicaments» devait prendre la route dans la journée «vers les zones assiégées», a indiqué un responsable du Croissant-Rouge syrien, Mouhanad al-Assadi, à Damas. Il s'exprimait au lendemain de l'annonce par M.de Mistura de l'acheminement de cette aide pour «tester» la volonté des belligérants. 20 véhicules ont pris la direction dans la matinée de Foua et Kafraya, deux localités chiites situées dans la province d'Idleb (nord-ouest) et assiégées par les rebelles, selon le Croissant-Rouge. Comme cette route est longue et que l'acheminement doit se faire simultanément partout, une quarantaine de camions attendaient avant de se rendre à Mouadamiyat al-Cham, une ville tenue par les rebelles près de Damas et assiégée par l'armée, selon ce responsable. Il en en de même pour quelque 35 camions destinés à Madaya et Zabadani, deux villes également proches de Damas et encerclées par l'armée. Une clinique mobile sera aussi envoyée à Madaya, une cité où des habitants sont morts d'inanition et qui symbolise les souffrances endurées par la population depuis le début du conflit il y a cinq ans. 486.700 personnes se trouvent dans des zones assiégées et 4,6 millions dans des zones difficiles d'accès, selon l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (OCHA). L'OCHA a indiqué que sept zones assiégées étaient concernées par la distribution de l'aide: Deir Ezzor (nord-est), Foua et Kafraya, Madaya, Zabadani, Mouadamiyat al-Cham et Kafar Batna, près de Damas. Ces convois, même lorsqu'ils ravitaillent des villes encerclées par les rebelles, doivent traverser des territoires contrôlées par le gouvernement. En revanche, le secteur gouvernemental de Deir Ezzor, assiégé par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) a toujours été approvisionné par des avions militaires syriens ou russes. En visite à Damas, M. de Mistura a suscité la colère du régime en déclarant mardi que Damas avait le «devoir» de «permettre à l'ONU d'apporter une aide humanitaire» aux populations civiles, et que son acheminement représentait un «test» des intentions des autorités. Le gouvernement «ne permettra à personne, ni à l'envoyé de l'ONU, ni à quiconque de déclarer qu'il va tester le sérieux de la Syrie», a réagi un responsable du ministère des Affaires étrangères. «En fait, c'est le gouvernement syrien qui a maintenant besoin de tester la crédibilité de l'émissaire de l'ONU qui a tenu des propos aux médias en contradiction complète avec ce qui s'était passé lors des réunions conjointes avec le gouvernement syrien», a-t-il ajouté. Ces propos sont la critique la plus violente adressée par Damas au diplomate italo-suédois depuis sa nomination en juillet 2014. Le responsable syrien a souligné que «l'acheminement de l'aide humanitaire aux zones assiégées est un engagement perpétuel du gouvernement (...) et ce que M.de Mistura a dit sur le test du sérieux de l'Etat syrien n'est pas objectif et ne peut être considéré que comme une tentative de satisfaire certaines parties», faisant allusion aux pays soutenant les rebelles.