La transition énergétique est un impératif vital pour l'Algérie L'urgence de cette transition énergétique n'est plus à démontrer dans le sens où la conjoncture actuelle profondément indexée par la chute des prix du pétrole doit faire l'objet d'un changement de cap immédiat. Une production d'ici à 2030 de 22.000 MW d'électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter,le tout pour un investissement de 120 milliards de dollars, et la création de 300.000 emplois. Une volonté réaffirmée par le président Bouteflika, lors du dernier Conseil restreint, pour poursuivre la mise en place du programme national des énergies renouvelables, et en fait une priorité nationale «est à même de prolonger durablement l'indépendance énergétique de notre pays et de générer également une dynamique de développement économique dans son sillage», a précisé le président. Dans ce sens, les objectifs à atteindre à travers ce programme, sont de réaliser un gain de 42 milliards de dollars à l'horizon 2030, avec une réduction de consommation de l'ordre de 9%, et ce en consolidant le déploiement au plus haut niveau du photovoltaïque, et de l'éolien, avec une économie sur la production de gaz avoisinant les 300 milliards de m3, sur la période de 2021 à 2030, qui se transformeront automatiquement en revenus issus de l'exportation. Parallèlement à cette orientation, le président insiste sur le principe de la rationalisation de la consommation d'énergie, notamment le gaz et l'électricité. Dans ce sens, il sera procédé à la conversion au GPL de plus d'un million de véhicules, et de 20 000 autobus, et à l'isolement thermique de 100.000 logements, ce qui occasionnera la création de 180.000 emplois. Pour les spécialistes, cette transition s'avère plus qu'indispensable, et pour cause, l'Algérie étant confrontée à voir ses réserves fondre progressivement, cette transition est loin d'être uniquement un souhait. Toujours est-il que pour concrétiser les objectifs fixés dans le cadre de cette transition, il est impératif de respecter plusieurs axes. Le premier réside dans le mode de consommation en vue d'améliorer l'efficacité énergétique. Cela suppose une nouvelle politique dans l'industrie et l'habitat, où les réalisations s'accompagneront automatiquement, et d'une économie en énergie utilisée, et d'une énergie d'origine renouvelable à intégrer de plus en plus dans les programmes de réalisation. D'un autre côté, une politique des prix plus avantageuse, dans le sens où l'Algérie se place parmi les pays qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec une dépense de 10,59 milliards de dollars annuellement, selon l'AIE (l'Agence internationale de l'énergie). Il est toutefois utile de rappeler que l'électricité coûte à l'Etat plus de 2,13 milliards de dollars de subventions chaque année, alors que les prix du carburant devraient réellement osciller entre 60 et 80 DA le litre. En outre, l'investissement en amont représente une réponse efficiente à la perte du stock physique à hauteur de 14% pour 2008, et 8% en 2015. Enfin, l'axe le plus important demeure celui du développement des énergies renouvelables, dont le programme est actuellement soutenu par la Commission de régulation de l'électricité et le gaz (Creg), se trouve à une capacité de 150 MW, avec la réception de la centrale électrique hybride à Hassi R'mel en juillet 2011, et à la ferme éolienne d'Adrar (10 MW) ainsi qu'à la centrale solaire expérimentale de Ghardaïa (1,1 MW), pour arriver en 2015 à une capacité globale de 268 MW après la mise en service de 14 centrales photovoltaïques, pour un coût de 70 milliards de dollars. Dans ce sens, la Creg prévoit pour la réussite de ce programme d'imposer une condition sine qua non à la mise en place du nouveau mécanisme d'encouragement à la production des énergies renouvelables. Il s'agit d'amener les producteurs à raccorder leurs installations au réseau national interconnecté de distribution d'électricité. A ce titre, les filières les plus touchées par ces mesures seront le solaire photovoltaïque et thermique, l'éolien, la géothermie, la petite hydraulique, la biomasse, la valorisation des déchets et les installations de cogénération. A cela il faut ajouter, selon les experts, un certificat de conformité et de garantie des équipements utilisés dans la production d'électricité, et d'un nouveau système de commercialisation qui profitera à toutes les parties. Autrement dit, le producteur respectera le prix préférentiel fixé par Sonelgaz et devra vendre exclusivement aux sociétés de distribution. Par ailleurs, pour encourager cette transition, des mesures incitatives ont été prévues et se matérialisent à travers différentes subventions qui interviendront pour amortir les surcoûts de production, la mise en place d'un Fonds national de maîtrise de l'énergie (Fnme), à travers lequel des prêts non rémunérés seront octroyés et des garanties seront mises en place auprès des banques. En somme, l'urgence de cette transition énergétique n'est plus à démontrer, dans le sens où la conjoncture actuelle profondément indexée par la chute des prix du pétrole doit faire l'objet d'un changement de cap immédiat, faisant passer l'économie nationale du statut de rente à celui de la production hors hydrocarbures. A ce titre, toute l'interrogation des experts réside dans le fait de savoir si l'Algérie aura le temps et les finances pour opérer une transition de cette envergure, avant que ces réserves n'affichent un niveau critique. D'autre part, il est indéniable que si aujourd'hui, l'Algérie possède encore les moyens de rebondir et d'affronter cette crise, ce n'est que grâce aux médications opérées durant l'opulence financière des années précédentes, en l'occurrence le règlement de la dette extérieure par anticipation.