La secrétaire générale du PT Hanoune refuse d'instrumentaliser la peur contre le danger extérieur pour contraindre la majorité du peuple à accepter le fait accompli. Les délégués à la conférence nationale du PT ont approuvé hier, à l'unanimité, la décision du comité central adoptée la veille de transformer la conférence en congrès extraordinaire, même si ces assises ordinaires devaient se tenir durant l'année en cours. «Il s'agit d'une réponse politique aux attaques virulentes contre son parti ayant touché quelques membres de sa direction et une manière de capitaliser la vague de sympathie populaire et des adhésions suscitées par cette offensive», selon la secrétaire générale du PT, Mme Hanoune, plébiscitée par les délégués en tant que présidente du congrès. La pasionaria du PT se portera-t-elle candidate pour se succéder à elle-même? A ce propos, elle s'est contentée de dire qu' «en fait, elle n'a jamais postulé, mais elle a été souvent proposée par les congressistes». Cela donne aux délégués la possibilité de discuter de la direction du parti, car tout changement en son sein relève des prérogatives du congrès. «Le PT a réduit le nombre des participants à cette conférence à 500 personnes alors que le nombre de congressistes tourne autour de mille, pour préserver les équilibres financiers du parti et vu que la salle est exiguë», a expliqué Mme Hanoune. Pour ne pas créer une frustration chez les militants qui ont été extraordinaires dans tout le processus de préparation de la conférence et d'une discipline exemplaire comme on n'en a jamais vu dans les rangs du parti parce qu'il y a une lucidité et une prise de conscience chez chacune et chacun des militants que la cabale contre le parti est en réalité une offensive contre le multipartisme, l' Etat algérien, la Sécurité nationale et les syndicalistes. Donc à partir de là, le comité central a jugé utile de ne pas transformer la conférence en congrès extraordinaire pour laisser la possibilité au congrès ordinaire d'en discuter. La nouvelle direction qui sera élue avant la fin des travaux de ce congrès aura la latitude de décider de la date de la tenue du congrès ordinaire. «Le PT compte tenir un congrès impressionnant en guise de réponse politique encore plus forte, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, parce que le PT sort de cette offensive indemne. A l'exception de deux wilayas, Laghouat et M'sila où les structures et l'activité du parti ont été paralysées et où la reconstruction est en cours, le parti s'en sort plus que jamais renforcé grâce à sa base militante et la vigilance de sa direction et tout le travail titanesque accompli par les militants en un mois et vingt jours dans le cadre de la préparation de la conférence.» A leur demande, deux membres du groupe des 19-4, à savoir la «doyenne des militantes», Mme Zohra Drif-Bitat qui a refusé de prendre la parole malgré l'insistance de Louisa Hanoune, ainsi que l'ancienne ministre de la Culture Khalida Toumi, ont tenu à prendre part à cette conférence pour exprimer leur solidarité agissante en faveur de Mme Hanoune. «On sait par expérience que le terrorisme ne sera vaincu et ce, quelles que soient la force et l'efficacité de l'Armée nationale et les services de sécurité, que par la large mobilisation citoyenne. Ce qui demande le renforcement des ressorts de la majorité de la population. De ce fait, indique Mme Hanoune dans son allocution d'ouverture des travaux de la conférence: «Le PT refuse d'instrumentaliser la peur contre le danger extérieur pour contraindre la majorité du peuple à accepter le fait accompli et étouffer sa voix devant l'austérité et tant de privations. On refuse aussi l'utilisation du danger extérieur pour écraser la majorité et imposer des politiques non démocratiques et liberticides.» L'immunité du pays contre les dangers extérieurs est tributaire de la satisfaction des revendications sociales de la majorité des citoyens pour mettre fin aux précarités sociales dangereuses. «Le taux de chômage touchant la catégorie des jeunes a atteint 25% en 2014», d'après Mme Hanoune, qui se réfère aux déclarations récente du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. «Cette question de chômage constitue une bombe à retardement d'autant plus que ce taux a augmenté en 2015 et les opportunités d'embauche sont de plus en plus rares présentement», estime-t-elle. Au sujet du retour de Chakib Khelil, elle a mis en garde contre toute «aventure et provocation», car dit-elle «la situation actuelle déjà extrêmement grave et complexe ne peut pas en supporter plus que ça». En tout état de cause, «le PT n'oubliera jamais le projet antinational et compradore sur les hydrocarbures, imposé par ordre de ce ministre en mars 2005 pour servir notamment, les intérêts des compagnies pétrolières américaines». «Ce projet est qualifié de haute trahison» par le PT. S'agissant de la tripartite prévue le mois de juin prochain pour débattre de l'orientation économique, Mme Hanoune affirme que «cette rencontre ne peut pas remplacer la souveraineté populaire ni un moyen pour remettre en cause les engagements du président de la République.» Enfin, elle déplore «l'absence d'un commandant de bord éclairé pour oser des réformes politiques profondes et l'absence d'un véritable processus révolutionnaire à même d'instaurer un véritable changement démocratique».