Depuis quelques mois, une véritable bataille des émissions consacrées au cinéma s'est installée dans le paysage audiovisuel algérien où les télévisions publiques et privées tentent de réconcilier le téléspectateur algérien avec son 7e art. Mais l'héritier d'Ahmed Bedjaoui, le pionnier du ciné-club sur la télévision algérienne, n'a pas été encore découvert ou du moins pas encore dévoilé. La chaîne qui regroupe le plus d'émissions de cinéma est El Djazairia TV, qui est dirigée par HHC. Trois émissions se partagent le créneau du cinéma sur cette chaîne privée, mais une seule est inscrite comme émission de ciné-Club, «Nadi Echachat» (Le club des écrans), qui est animée par Houssam Begass qui n'est pas un spécialiste de cinéma et qui a le privilège de présenter chaque deux semaines un film avec le réalisateur, en présence du doyen de la critique de cinéma Ahmed Bedjaoui. Ce dernier a arrêté son émission «ciné-club» en 1988 pour se consacrer à la recherche et l'enseignement universitaire. Il a été durant plus d'une décennie la figure du cinéma sur le petit écran algérien. Malgré sa disparition des radars durant plus de 20 ans, il est resté l'expert le plus averti et le plus reconnu dans le cinéma algérien. Malgré les sollicitations de la chaîne publique et des chaînes privées il a toujours refusé de tenir une émission de cinéma, préférant garder son indépendance comme consultant. Pour le remplacer, la télévision publique avait trouvé à l'époque une jeune cinéphile, Asma Itim. Recrutée comme journaliste, Asma avait très vite exprimé son souhait de faire des émissions consacrées au cinéma. Mais contrairement à Bedjaoui, sa culture cinématographique se limitait au cinéma arabe. C'est en couvrant le festival de Cannes que l'animatrice algérienne s'est rendu compte du fossé qui existe entre le cinéma mondial et le cinéma arabe. Depuis quelque temps, c'est une journaliste de radio, Ghania Seddik, qui animait durant plusieurs saisons une émission de qualité sur la Radio nationale «Cinéphile» et qui a hérité aujourd'hui du ciné-club de l'Entv. L'émission intitulée «Dafatir al Cinema» qui est diffusée chaque jeudi a pour objectif de diffuser les anciens films algériens et de commenter avec l'invité, le parcours du réalisateur et la description de son message. D'autres aventures de ciné-club ont été testées, avec notamment Hakim Meziani, sur Canal Algérie, mais ça n'a pas fait long feu. Actuellement c'est Amir Nebache, qui anime une émission sur la chaîne francophone. Chanteur de vocation, Nebache souffre d'un déficit de culture cinématographique, et n'apporte aucune analyse critique aiguë sur la production, cela ne l'empêche pas d'inviter (sur les conseils d'un producteur connu sur la place) des cinéastes qui ne sont jamais passés sur un plateau de Canal Algérie et qui font la promotion de leur production souvent non diffusée. Sur El Djazairia TV, une jeune animatrice (comédienne de son métier), apporte une fraîcheur sur le cinéma à l'écran, Manel Gougam, qui dirige une émission consacrée aux métiers du cinéma, «Panociné». Contrairement à d'autres journalistes qui font ce genre de présentation, Manel possède une double culture arabe et occidentale. Elle maîtrise aussi bien son sujet que le langage avec lequel elle le présente. Son jeune âge lui prédit un grand avenir dans le domaine. [email protected]