img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160409-13.jpg" alt=""L'Algérie et la France divergent sur les approches, pas sur les objectifs"" / Djallil Lounas, spécialiste en relations internationales, analyse, dans cette interview express, la visite de Manuel Valls à Alger, la situation et l'avenir proche des relations algéro-françaises. L'Expression: Les relations algéro-françaises viennent d'être secouées par «un scandale»: la Une «tendancieuse» du journal Le Monde. L'Algérie a exigé que la France se démarque officiellement. Mais rien n'a été fait jusque-là. Pensez-vous que ce «scandale» va compromettre la visite de Valls à Alger? Djallil Lounas: Non, je ne pense pas. Les relations entre les Etats de manière générale, et en particulier entre l'Algérie et la France, dépassent le cadre d'articles de presse. Elles couvrent des domaines larges et extrêmement importants: politique, économique, sécuritaire, etc. La réaction d'Alger était sans nul doute prévisible, d'autant qu'elle intervient dans un climat de scandales en Algérie liés à diverses affaires. Donc, le fait que le ministre des Affaires étrangères, M.Lamamra, convoque l'ambassadeur de France, montre l'importance et la gravité de la chose, mais sans pour autant aller au-delà. Je crois qu'il s'agissait surtout pour Alger d'exprimer son mécontentement sans aller jusqu'à mettre en «jeopardy» des relations qui sont autrement, dans l'ensemble, bonnes malgré des divergences sur plusieurs points. Le déplacement du Premier ministre français à la tête d'une partie de son gouvernement s'inscrit dans le cadre de la réunion à Alger, le 10 avril, du Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn). Plusieurs accords, notamment économiques, seront au menu. Quelles perspectives peuvent offrir ces accords pour les deux pays? Ce déplacement intervient dans un contexte économique difficile pour l'Algérie, notamment du fait de la chute des prix du pétrole et de la tentative du gouvernement de re-dynamiser les secteurs hors pétrole et les exportations. Dans ce contexte, la France peut jouer un rôle important et ces accords peuvent permettre de créer ou renforcer cette dynamique. Au-delà, la France demeure un partenaire économique de choix pour l'Algérie malgré une baisse de ses investissements dans notre pays. Les accords qui seront faits dans le cadre de cette visite peuvent redonner un souffle aux investissements français en Algérie. Le volet sécuritaire est au menu de la visite. Qu'est-ce que les deux pays peuvent faire ensemble dans le cadre de la lutte antiterroriste alors que leurs positions sont, dans la plupart des cas, diamétralement opposées, notamment en Syrie, en Libye, etc.? Le volet sécuritaire va être sans doute au coeur des discussions entre les responsables algériens et français, surtout après la vague d'attentats en France et en Belgique. Les deux pays ont effectivement des vues opposées sur les stratégies à adopter pour la Syrie et la Libye, mais pas sur les objectifs eux-mêmes. La Syrie n'est pas un dossier clé dans les relations franco-algériennes, les divergences qu'ils peuvent avoir n'affecteront donc pas la situation en Syrie. En revanche, concernant la Libye et le Sahel, l'Algérie est un acteur clé pour ne pas dire l'acteur clé. Les deux pays coopèrent déjà sur ce dossier. Le problème fondamental est celui de l'option militaire en Libye à laquelle Alger s'oppose, mais que Paris soutient. Les récentes évolutions en Libye, à savoir l'installation d'un gouvernement légitime, reconnu par la communauté internationale, le fait que la France soit en faveur d'une intervention militaire, mais pas unilatérale, le fait que les deux pays continuent de se concerter, démontrent que l'Algérie et la France souhaitent travailler ensemble sur ces dossiers et non s'opposer malgré leurs divergences.