C'est dans un contexte sécuritaire international exécrable qu'Alger et Paris vont examiner, début avril, les moyens de renforcer leur coopération plurielle, mais qui sera dominée par la lutte contre le terrorisme. Les attentats meurtriers de novembre dernier à Paris, puis de ce mois de mars à Bruxelles, par les mêmes commanditaires, ont chamboulé l'agenda du 4e round de dialogue intergouvernemental de haut niveau entre l'Algérie et la France, entamé en 2013 à Alger. Au menu de cette rencontre de haut niveau, les 9 et 10 avril prochains, des Premiers ministres algérien et français, ce seront fatalement les questions sécuritaires qui vont dominer les débats et les stratégies de coopération, pas seulement économique ou culturelle, à renforcer. Manuel Valls, qui va se déplacer avec dans ses bagages plusieurs ministres dont celui de l'Intérieur, Bernard Caseneuve, mais sans son chef de la diplomatie retenu par une réunion du G7, aura à cœur d'aller plus en profondeur avec les responsables algériens dans la lutte contre le terrorisme. Dans son communiqué annonçant le déplacement de Valls à Alger, Matignon indique que ce déplacement s'inscrit dans le cadre de la tenue à Alger du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), avec au programme la signature de plusieurs accords, notamment économiques, scientifiques et dans la communication. Mais il ne fait aucun doute que Paris puisse exploiter le timing de cette rencontre de haut niveau pour déborder sur les questions de sécurité, d'abord dans la région maghrébine avec en point de mire la situation en Libye, ensuite au Sahel, le pré carré de la France, où la recrudescence des activités terroristes est devenue inquiétante. Pour la France, il ne fait aucun doute que l'Algérie détienne une des clés de la lutte antiterroriste dans la région, avec laquelle elle travaille d'ailleurs sur plusieurs approches. Les gros dossiers de cette rencontre seront, au demeurant, discutés et défrichés et préparés demain mardi à Alger avec la visite du chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault. Car c'est ce denier, avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, qui va mettre au point les grands axes de cette rencontre de haut niveau avec bien évidemment le volet sécuritaire au premier plan. Et la France ne fait pas de mystères sur les véritables objectifs de cette rencontre. Le déplacement du ministre français des Affaires étrangères et du Développement international à Alger doit notamment préparer le Comité intergouvernemental de haut niveau. 'Ce comité permettra de renforcer notre coopération dans tous les domaines : sécurité et lutte contre le terrorisme, formation et employabilité des jeunes, ou encore développement industriel à travers plusieurs grands projets concernant les transports, la santé ou l'énergie'', indique une note du Quai d'Orsay. La France, objet depuis une dizaine d'années d'attentats terroristes, dont les derniers ont secoué la capitale française en novembre dernier, compte donc renforcer son partenariat d'exception avec l'Algérie, sinon l'élever encore à un stade de très forte coopération dans le domaine sécuritaire, quitte à s'aligner sur la vision algérienne quant au problème libyen, c'est-à-dire favoriser un dialogue politique entre factions libyennes et faire faux bond à la position des pays de l'OTAN, Etats-Unis en tête. Le chef de la diplomatie française, qui va rencontrer mardi les responsables algériens, dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal, viendra à Alger en éclaireur pour ficeler des dossiers importants devant être paraphés lors de la rencontre intergouvernementale de haut niveau. Valls ne viendra pas les mains vides à Alger et n'en repartira pas également les mains vides, la menace terroriste étant une menace commune, la France va donc proposer la reconduction de plusieurs accords dans les volets sécuritaire et militaire, et élever d'un cran le partenariat d'exception avec l'Algérie. Un partenariat qui signifie surtout une demande insistante de la France pour que l'Algérie verrouille encore plus le dispositif de lutte contre la migration clandestine, la circulation et les mouvements de populations entre les deux rives et, bien sûr, la surveillance et le démantèlement des réseaux terroristes transitant par la sous-région vers l'Europe, la France en particulier. Vaste programme que même la France, avec ses gros moyens, ne peut réaliser à elle seule.