Au moment où les deux pays s'affairent, chacun de son côté, à trouver un traitement au conflit malien, donnant l'impression qu'ils divergent totalement, Manuel Valls arrive pour dire que les deux pays convergent sur ce dossier chaud. La visite que vient d'effectuer le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, à Alger, marque de nettes différences avec celles des autres officiels de l'Hexagone qui l'ont précédée. La particularité de cette visite réside non pas dans le fait qu'elle prépare celle du président français et non pas dans le fait qu'elle intervienne à un moment crucial dans la crise malienne où les deux parties essayent, chacune, d'avancer ses pions. La particularité de cette visite réside tout bonnement dans la personnalité de l'homme qui vient rencontrer les responsables algériens. Manuel Valls est l'homme qui monte en France et qui semble bien parti pour peser encore plus dans les années à venir. Depuis son arrivée au département de l'Intérieur, l'homme n'a pas arrêté de faire sensation. Donnant l'impression qu'une nouvelle gauche est enfin arrivée. Il s'éloigne des anciens clichés de la gauche, et, sans faire de concession à la droite, il se montre ferme et se veut juste. La droite, comme la gauche, ne peuvent pas le lui reprocher. Le traitement réservé au dossier des Roms ou encore à la lutte contre les cellules terroristes en France a été géré sans dogmatisme ni arrière-pensée raciste. On est loin de la méthode Hortefeux-Guéant, et cela est de nature à rassurer et les Français et leurs partenaires. C'est cet homme qui semble inspirer confiance et respect qui vient à la rencontre des responsables algériens pour affirmer deux choses : d'une part que les relations entre les deux pays sont excellentes et, d'autre part, que les deux pays convergent sur le dossier chaud du Sahel. Deux déclarations, à première vue, étonnantes, mais qui, en réalité, ont un sens profond. Car, lorsque Manuel Valls parle de relations excellentes, c'est pour dire que, malgré les divergences passagères, sur certains dossiers bilatéraux, les deux pays avancent et doivent avancer dans leur coopération et débattre de tous les sujets, y compris ceux qui fâchent, sans préjugés. Jouant le rôle de l'homme de confiance, presque celui de vice-président, Manuel Valls semble être l'interlocuteur idéal pour Alger. Et c'est justement au moment où les deux pays s'affairent, chacun de son côté, à trouver un traitement au conflit malien, donnant l'impression qu'ils divergent totalement, voire qu'ils sont en crise ouverte, que Manuel Valls arrive pour dire que les deux pays convergent sur ce dossier chaud. Une affirmation qui vient mettre un terme à la guerre des mots lancée par Laurent Fabius, Abdekader Messahel et François Hollande sur le traitement à donner au dossier malien. D'ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne a fini par en faire de même hier, affirmant que les divergences algéro-françaises ne sont pas aussi importantes qu'on le pense. La venue de Manuel Valls aura, certainement, permis aux deux parties d'aplanir leurs divergences et l'homme fort du régime français pourrait se vanter, à son retour à Paris, d'avoir pu désamorcer ainsi une crise qui risquait d'entacher sérieusement la prochaine visite du président français à Alger. Il est vrai que les deux pays ont de tout temps coopéré en matière de lutte antiterroriste, comme il est vrai que cette coopération aurait pu être meilleure si elle était empreinte de confiance mutuelle. Manuel Valls a choisi, contrairement à beaucoup de socialistes avant lui, de mettre les pieds dans le plat et de s'attaquer de front aux problèmes d'insécurité, sans préjugés idéologiques. Pour cette raison, et sans doute d'autres, il a dû trouver, à Alger, une oreille attentive. Preuve en est peut-être que M. Valls a été reçu par le président Bouteflika, une audience qui, officiellement, n'était pas au programme. A B