S'il y a bien un «ancien» d'El Moudjahid qui peut dire un douloureux au revoir (ou adieu) à Noureddine Nait Nazi ancien directeur d'El Moudjahid, c'est bien votre présent serviteur, puisque j'avais rejoint ledit journal en 1971 juste après l'arabisation d'Annasr. Des années durant, j'ai travaillé avec ce grand monsieur qui avait cette nature d'être un patron rigoureux, mais aussi et surtout sensible car à ceux qui lui disaient qu'il était au service du système, il rétorquait que le système était l'Algérie et qu'il servait avec fierté et dévouement et surtout avec un professionnalisme sans faille.... Déjà, durant la lutte de Libération, Noureddine avait fait son devoir de moudjahid, la plume à la main. Il savait diriger les hommes et les femmes sans animosité ni terreur. Son seul regard suffisait. Bon enfant, il savait obtenir des journalistes le papier qu'il attendait, celui de l'information. Après son départ en retraite, je le rencontrais souvent lors de visites amicales chez lui autour d'un thé (il me disait: «le «T» de Toualbia ou de Tébessa. Il était réd-chef à El Moudjahid en1967 quand j'entamais une deuxième année dans le quotidien de l'Est Annasr et sa réputation parvenait jusque dans la rue Larbi Ben M'hidi de l'ex-Cirta. En 1984, au cours d'une réunion élargie, il décida de me confier la chronique judiciaire d'El Moudjahid avec cette significative recommandation: «Tu signes par'' et non pas de''.» Oui la chronique judiciaire par A.T. était plus régulière que celle: de...'' Remarquez la hauteur de vue d'un directeur qui suivait son journal qu'il couvait surtout en écoutant les jeunes donner leurs avis de novices. A longueur de journées, de semaines, Noureddine Nait Mazi relevait tout ce que l'on pouvait reprendre, corriger. Il n'admettait ni bévues ni plagiat. Il était vigilant surtout concernant la justice. Il gardait ses opinions pour lui sauf lorsqu'il entamait un édito où l'honneur de «l'Algérie» était engagé. Il n'avait pas de rubrique à «couver». Il aimait tout le journal. En sport, il donnait autant de pages et pour le foot, le hand, la boxe, c'était carrément un «ban» de numéros spéciaux, souvent avec des photos en couleur. Lors des élections de la section syndicale, il s'éloignait de la bataille. Il restait à l'écart, ne se mêlant jamais des batailles d'idéologie et il n'était pas aisé d'être neutre dans ces luttes fraternelles et cofraternelles. Noureddine Nait Mazi, ce monument de la rue de la Liberté a vécu son quotidien sereinement avec abnégation, respect pour les autres et restant modeste jusqu'à la fin. Merci Noureddine pour tout ce que vous avez fait à la presse nationale et à El Moudjahid que vous aviez quitté en transcrivant cette phase dans votre dernier papier en page 24 du quotidien. «Je ne dirigerai jamais un journal qui n'est plus sous la coupe du Front de libération nationale.» Remarquez qu'il n'a pas écrit: «Le parti du Front de libération nationale.» Et rien que pour cela, chapeau Nait Mazi!