Hier, la capitale était, tôt dans la matinée, toute drapée d'une fine couche de neige. Les flacons blancs tombaient sans discontinuité, alors que les véhicules tout de blanc couverts, étaient le théâtre d'une circulation réduite. Les neiges de cet hiver exceptionnel donnaient ainsi l'occasion aux Algérois de sortir les appareils photo et d'immortaliser quelques moments qu'offre le spectacle de la neige. Si une tenue d'hiver était de rigueur, certains téméraires bravaient le froid et s'adonnaient aux boules de neige aux endroits les plus inattendus, notamment aux arrêts de bus. A la gare routière du Caroubier, les quais vides de bus renseignaient sur le blocage des routes du fait des importantes chutes de neige. En effet, la circulation a été totalement paralysée sur les principaux axes menant vers Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira... rendant, ainsi, Alger pratiquement isolée. Mais pour mieux apprécier ce retour en force de la neige sur l'Algérois, un détour du côté des Eucalyptus, Meftah et Larbaâ s'imposait. Si aux Eucalyptus la neige se faisait encore rare, plus loin, Meftah arborait des montagnes enneigées, une localité que des automobilistes, feux de croisement ou antibrouillard allumés, gagnaient prudemment, en raison de la chaussée déjà glissante. Aux abords de cette dernière, des écoliers font de l'auto-stop sous un ciel menaçant, après une demi-journée d'école. Enfin à Meftah, la neige y est plus importante. Des groupuscules se tapissaient dans les cafés alentours. En dehors de l'agglomération urbaine, des citoyens en burnous ou kachabia, rappellaient le caractère agricole de cette contrée où dans les champs de cultures maraîchères couverts de neige, des enfants s'amusaient. Dans le village de Meftah sans gaz de ville, en témoignent ces enfants qui transportaient à mains nues des bouteilles de gaz butane. En début d'après-midi, la neige se fait plus insistante du côté de Larbaâ, et sur les monts et collines déjà tapissés. Ici c'étaient encore les enfants qui s'en donnaient à coeur joie aux plaisirs de la neige. Et c'étaient ces derniers qui ne manquaient pas de façonner à leur manière les premiers bonhommes de neige. A Larbaâ, les montagnes, si proches, paraissaient majestueusement habillées d'une belle poudreuse. L'axe Larbaâ-Tablat, longtemps fermé pendant les années du terrorisme, mais désormais ouvert, permetait aux passagers d'apprécier la grandeur et la beauté d'une nature rehaussée par la neige immaculée. A certains endroits de la route menant vers Tablat l'on immortalisait ces «scènes magiques». Tablat était finalement injoignable, la route sous une épaisse couche de neige, devenait impraticable. Beaucoup se résignaient à regagner Larbaâ, où à la cité des 742 logements portant encore les stigmates d'une période terroriste sanglante, des enfants façonnaient des bonhommes de neige. Ils étaient heureux de s'offrir à l'objectif de notre photographe Ramzi, friand d'images.