Abdelkader Messahel compte lever toutes les équivoques Le Qatar, on le devine aisément, n'est pas le seul rendez-vous dans l'agenda de Messahel. Parti au Qatar représenter l'Algérie à la 7e réunion ministérielle du Forum de coopération sino-arabe, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a mis à profit la présence de l'ensemble des responsables arabes pour lever quelques équivoques. Il faut savoir, en effet, que la scène arabe a été assez riche en événements politiques et diplomatiques où l'on a vu d'assez profondes divergences entre l'Algérie et les pays du Golfe. Que ce soit sur la question syrienne, yéménite ou encore le statut du parti chiite libanais, le Hizb Allah, Alger et les monarchies du Moyen-Orient s'étaient affrontés sur le terrain diplomatique et les commentaires de la presse internationale laissaient entrevoir un coup de froid dans les relations entre l'Algérie et ces pays, avec des retombées économiques en matière d'investissement notamment. Ainsi, après avoir réfuté dans un entretien à Alger accordé à la presse publique, tout refroidissement des rapports qu'entretient l'Algérie avec Riyadh et Doha, entre autres, Messahel joint l'acte à la parole et engage un processus de dialogue, histoire de jauger le niveau des relations après une période, il faut bien le reconnaître, tumultueuse. Ainsi, profitant de son séjour à Doha, le ministre s'est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères de l'Etat de Qatar, Cheikh Mohamed Ben Abderrahmane Al-Thani. Les deux hommes ont abordé des questions spécifiquement économiques, à l'image du complexe sidérurgique de Ballara. L'agenda des rencontres entre responsables des deux pays a également été passé en revue. Et comme pour mettre en évidence la poursuite du partenariat entre Alger et Doha, indépendamment des positions politiques de l'un et l'autre pays, les deux ministres ont confirmé la tenue de la réunion de la commission mixte, prévue au cours du dernier trimestre de cette année. Plus que cela, la visite du ministre algérien de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb à Doha était également au menu des discussions. On aura compris qu'entre Alger et Doha, il n'y a pas de gros soucis, d'autant que les deux ministres ont abordé sans complexe les questions politiques d'intérêt commun et insisté sur les points de convergence. Le Qatar, on le devine aisément, n'est pas le seul rendez-vous dans l'agenda de Messahel. L'Arabie saoudite était au programme, puisqu'il a eu des discussions avec son homologue saoudien, le fraîchement nommé à la tête de la diplomatie de son pays, Nizar Bin Obaid Madani. Moins chaleureuse et de loin, inintéressante au plan économique, la rencontre était une sorte de mise au point, voire de recadrage des positions, avec le souci d'éviter toute escalade. Ainsi, les deux ministres ont tenté de voir ce qui peut rassembler leurs pays respectifs, et ont insisté sur le niveau de la coopération entre eux, tout en affirmant leur attachement à sa promotion dans les différents domaines, notamment économique. Une sorte de minimum diplomatique et une volonté de dépasser les clivages, sans démonstration de force ni de propos déplacés. Le fait que Alger et Riyadh consentent à garder un contact régulier au plus haut niveau des deux Etats et, certainement, l'une des missions essentielles d'Abdelkader Bensalah, dans ce Forume Chine-pays arabes. L'autre grand volet des «explications» algéro-arabes est manifestement la rencontre de Messahel avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi. La question de la Libye a été abordée entre les deux hommes, dans le sens d'un soutien au Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale libyen. La «gênante» question de la réforme de la Ligue arabe que l'Algérie repose régulièrement sur la table n'a pas échappé au débat entre les deux hommes. A ce propos, Messahel a exprimé le souhait de l'Algérie à jouer un rôle déterminant dans le processus de réforme qui doit toucher à tous les aspects institutionnels, juridiques, administratifs et financiers de la Ligue arabe. Il faut dire qu'une commission indépendante de haut niveau, présidée par l'ancien diplomate algérien Lakhdar Brahimi a émis une série de recommandations dans ce sens. Avec ce «point d'ordre», l'Algérie par la voix d'Abdelkader Messahel a transmis un message clair aux Arabes, à savoir qu'il est possible de travailler ensemble, tout en divergeant et surtout que la réforme de la Ligue arabe se fera avec l'Algérie ou ne se fera pas.