Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a participé au Canada au Forum économique international des Amériques où il a dit ses vérités sur le terrorisme. Lors d'un déjeuner à la Banque royale du Canada, il a été demandé à Adesina son point de vue sur la crise des migrants et la menace du terrorisme qui pèse sur le continent. «Personne ne veut être pauvre», a répondu Adesina qui a déploré le nombre de jeunes Africains qui risquent - et perdent - leur vie pour une vie meilleure en Europe. «Si vous observez la convergence de plusieurs facteurs - dégradation de l'environnement, niveaux élevés de chômage et de pauvreté - très honnêtement, l'oisiveté fait le jeu du diable», dit-il. Il a ajouté qu'il est très facile pour les terroristes de se déplacer dans les zones rurales en Afrique qui sont devenues des zones de misère, car elles ont été vidées de leur potentiel économique. «Si vous faites un recensement géographique et que vous regardez où les terroristes recrutent, vous voyez que c'est là où il y a une dégradation de l'environnement et infiniment de pauvreté», a-t-il souligné. Afin de réduire les risques de migration ou de terrorisme, il est impératif de transformer ces zones en espaces de prospérité économique, a-t-il ajouté. Ce qui explique la raison pour laquelle la Banque africaine de développement a lancé l'initiative pour l'emploi des jeunes en Afrique (JfYA) visant à faire en sorte que les jeunes Africains restent chez eux et à créer 25 millions d'emplois et former 32 millions de jeunes dans les 10 ans. Il est ainsi clair que pour Adesina, l'Afrique doit se rapprocher davantage du Canada pour combattre le terrorisme et la pauvreté. Lors de cette première visite officielle du président de la BAD au Canada, il a exposé l'immense potentiel de l'Afrique dans les énergies renouvelables, encore largement inexploité ainsi que l'emploi des jeunes et la crise migratoire en Europe. Il a également remercié le Canada pour son soutien continu à la Banque et au Fonds africain de développement, qui contribue à la réduction de la pauvreté et au développement économique dans les pays les plus défavorisés. Akinwumi Adesina s'est adressé à quelque 100 dirigeants d'entreprise sur ces sujets. Il a aussi tenu des réunions bilatérales avec le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard et Christine St-Pierre, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, et avec Jean Lebel, président du Centre de recherches pour le développement international à Ottawa pour les sensibiliser sur les dossiers du développement et du terrorisme. Adesina a présenté les cinq grandes priorités de la Banque, à savoir l'énergie, l'alimentation, l'industrialisation, l'intégration de l'Afrique et l'amélioration de la qualité de vie des populations. Il a également appelé à une coopération et à un investissement accrus en Afrique, en particulier dans les domaines de l'énergie et de l'agroalimentaire. De nombreux pays africains sont désormais confrontés à une menace majeure. Si celle-ci peut prendre des formes locales, elle ne s'en réfère pas moins à un creuset idéologique commun et à des pratiques violentes partagées. Longtemps limitée à l'Afrique du Nord et à la Somalie, la violence extrémiste islamiste forme désormais un continuum stratégique africain de l'Atlantique à la mer Rouge et au nord vers la Méditerranée, avec désormais la transversale saharo-sahélienne comme fil conducteur. Cette évolution, dont le terrorisme est une des manifestations les plus visibles et dramatiques, comporte une dimension politique et stratégique plus large qu'il s'agit d'embrasser dans sa totalité.