Une culture à ciel ouvert Le rapport 2016 de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), publié le 23 juin, confirme que le Maroc demeure le plus grand producteur mondial de résine de cannabis. La planète risque l'overdose. Si les chambres à gaz ont servi à exterminer une partie de l'humanité, la consommation de drogue est en train de lui emboîter le pas. Sauf qu'au contraire de cette solution radicale elle donne la mort à petit feu. Mais fait autant de ravages si ce n'est plus car ce phénomène est appelé à durer dans le temps. Les chiffres donnent des sueurs froides. 29 millions de consommateurs de drogues souffriraient de troubles liés à cet usage. 12 millions d'entre eux pratiqueraient l'injection. 14,0% vivraient avec le VIH sida. 207 400 décès, ou 43,5 décès par million d'habitants âgés de 15 à 64 ans, auraient été liés à la drogue en 2014 indiquent les statistiques de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Le Maroc figure en tête de ces pays qui sèment la mort à travers ce trafic. L'Algérie demeure un de ses terrains de prédilection. Des tonnes de drogue y sont déversées à travers le territoire national. Plus de 15 tonnes de résine de cannabis et près de 2 kg d'héroïne ont été saisis durant les cinq premiers mois de l'année. «Durant les cinq premiers mois de 2016, plus de 15,658 tonnes de résine de cannabis, 1,631 kg d'héroïne, 4,352 kg de cocaïne et 209.645 comprimés de substances psychotropes ont été saisis», a récemment indiqué le commissaire principal, Djamel Guissoum, chef de service au centre de la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants à la Dgsn. Le Maroc n'est pas étranger à cette opération. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime qui vient de l'épingler à nouveau tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Les rapports provenant des Etats membres sur les pays producteurs de résine de cannabis «suggèrent que le Maroc continue d'être le plus grand producteur mondial de résine de cannabis, suivi par l'Afghanistan et, dans une moindre mesure, le Liban, l'Inde et le Pakistan», souligne l'Onudc dans son rapport 2016 sur les drogues, basé sur des données disponibles jusqu'à 2014. Aucune région du monde n'est épargnée. «L'Europe, l'Afrique du Nord, ainsi que le Proche et le Moyen-Orient demeurent les principaux marchés de la résine de cannabis, toujours produite en majeure partie au Maroc et en Afghanistan, comme le montrent les informations concernant la provenance de la résine saisie», souligne le document de l'Onudc. Le royaume s'adonne à ce type de commerce en toute impunité. Au vu et au su de toutes les grandes puissances (France, Etats- Unis...alliés traditionnels du trône alaouite) qui ont décidé de fermer les yeux sur ce trafic qui fait pourtant des ravages parmi leur population, la jeunesse en particulier, et qui de surcroît sert à financer les groupes terroristes. Un silence qui met ces démocraties occidentales en porte-à- faux. D'un côté elles condamnent sans appel le terrorisme qu'elles ont décidé de combattre sans relâche, mais s'abstiennent en revanche de lui couper l'herbe sous les pieds. Tarir les sources de son financement qui sont clairement identifiées. La connexion entre le trafic de drogue et les groupes terroristes étant incontestablement établies. Le Maroc est au coeur de cette «équation». «Le fléau des stupéfiants qui cible les peuples de la région maghrébine et du Sahel africain s'avère plus dangereux que par le passé en raison de la situation de crise et d'instabilité que connaît la région», a fait remarquer, en juillet 2013 le spécialiste des affaires de sécurité, Omar Benjana lors d'une conférence tenue à Boumerdès (une quarantaine de km à l'est d'Alger). «A cause de l'alliance des barons du trafic de drogue produite dans le Royaume du Maroc avec les groupes terroristes», avait souligné le conférencier. «Le contrôle par la mafia de la drogue des milieux de décision au Royaume du Maroc empêche la lutte contre la culture du cannabis au Maroc estimée à 3,1% du produit national brut (PNB) et qui rapporte au pays 12 milliards de dollars par an», avait-il ajouté. Un commerce juteux qui a gangréné les rouages des institutions marocaines. «La corruption de la police et le laxisme tacite dans l'application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc», avait dénoncé un rapport du département d'Etat américain sur «la stratégie de contrôle international des narcotiques» publié le 12 mars 2013. Les langues se délient, mais les mains demeurent liées. Pourquoi? trop d'intérêts en jeu probablement. Cela met par contre en exergue toute l'hypocrisie des grandes puissances et le deux poids, deux mesures qui le caractérise selon la sphère géographique qu'ils ont décidé d'investir. Le Maroc est sous leurs ailes... pour le moment.