Tous les acquis arrachés par Bouteflika avant 2014 ont été, selon Hanoune, remis en cause ces deux dernières années. Le contenu de la lettre du président de la République envoyée au peuple algérien, à l'occasion du 54e anniversaire de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse correspondant au 5 Juillet, est complètement en déphasage avec l'actualité du pays, a estimé hier Louisa Hanoune secrétaire générale du Parti des travailleurs, lors de l'ouverture de la session ordinaire du bureau politique de son parti à Alger. «Les messages du président correspondent plutôt au contexte de l'Algérie d'avant 2014», a-t-elle indiqué, soulignant que les acquis politiques et socioéconomiques dont la lettre a fait l'éloge ont été tous remis en cause à la faveur des nouvelles lois adoptées après l'élection de 2014. Défendant son point de vue par des arguments, la première dame du PT a affirné que le niveau de vie des Algériens qui était plus ou moins bon avant 2014, a régressé terriblement ces deux dernières années au profit de la cherté de vie, de l'augmentation du chômage et les impôts de toutes natures. Les acquis économiques que Bouteflika a pu faire gagner à l'Algérie durant ses trois premiers mandats notamment la fameuse loi (51/49%) sur l'investissement étranger et le droit de présomption, ainsi que le remboursement anticipé de la dette étrangère, ont été tous remis en cause par les nouvelles lois de finances et de l'investissement étranger réintroduisant la possibilité de recourir à l'endettement extérieur, le délaissement de la règle des 51/49% et la privatisation des entreprises publiques, dira-t-elle. Pour Hanoune, «ces nouvelles lois sont des contre- réformes et provocatrices. Bientôt elles feront perdre à l'Algérie sa souveraineté économique et politique», a-t-elle averti. Les félicitations des Etats-Unis de l'Algérie pour l'adoption de ces nouvelles lois vont exactement dans cette logique.«Les Américains n'ont pas dans leurs traditions de féliciter les pays qui veulent consolider leur souveraineté économique et politique. Ils ne le font que lorsque ça arrange leurs intérêts», a-t-elle fait remarquer, ajoutant que la Tunisie et l'Egypte ont connu exactement le même scénario avant le printemps arabe. «Le président Bouteflika qui dit dans sa lettre avoir puisé dans les messages de la lettre du 1er novembre 1954 envoyée par les déclencheurs de la révolution au peuple algérien se trompe lourdement», souligne Louisa Hanoune. «La lettre du 1er Novembre a promis de garantir une souveraineté politique et économique absolue pour le pays, or actuellement c'est exactement le contraire qui se produit»,a-t-elle déploré. La patronne du PT qui semble plus que jamais avoir perdu la boule de cristal qui lui permettait dans le passé de prévoir certains évènements, s'est dit hantée par l'ampleur de la régression des libertés individuelles et la liberté d'expression en l'Algérie ces dernières années, citant le cas de l'emprisonnement du général Benhadid et des responsables de la chaîne TV KBC qui viennent de passer la fête de l'Aïd el Fitr en prison. Hanoune s'est demandé «est-ce que Bouteflika est au courant de leurs cas?». Cet exemple est à lui seul suffisant, a-t-elle souligné, affirmant que l'Algérie est en train de reculer.«Le compte à rebours pour la fin de ce régime pourri a résolument commencé», a-t-elle conclu par ailleurs.