Bientôt une vaste campagne de classification des hôtels. Les services du ministère du Tourisme sont à pied d'oeuvre. Ils vont entamer une vaste campagne de reclassification des établissements hôteliers. Ces derniers sont tenus, conformément à une circulaire datant du 9 janvier dernier émanant du ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara, de mettre de l'ordre dans leurs établissements en améliorant leurs prestations. Ils ont un délai de trois mois pour adapter leur outil de production aux normes internationales. «C'est dans le but de sensibiliser les professionnels», nous a révélé un responsable au niveau du département de Kara, que tout un travail d'information et de mobilisation a été entrepris pour que ces acteurs prennent conscience de l'importance de cette opération qui vise en premier lieu à assainir la situation du secteur et à améliorer les services pour se mettre en adéquation avec les normes requises . Une commission a été mise en place à cet effet. «Un placard publicitaire a été publié dans la presse pour, d'un côté informer les concernés et de l'autre, signifier que cette opération est prise au sérieux en haut lieu». Depuis septembre dernier et suite à la missive du président de la République qui avait déclaré que «l'année 2005 est celle du tourisme», ce secteur est remonté en cote. Il faut dire que l'Algérie, selon les observateurs de la scène économique, peut supplanter le secteur de l'énergie en matière de ressources pour peu qu'il y ait une volonté politique pour l'élever au rang des secteurs névralgiques et lui attribuer la place qu'il mérite. D'aucuns pensent que ce secteur apportera le déclic qui fera des réformes économiques une réalité palpable sur le terrain. C'est que le tourisme a cette capacité de donner un bon coup de fouet à toutes les activités annexes, à commencer par le transport sous ses différentes formes, aérienne, terrestre et maritime en passant par l'artisanat, l'animation culturelle... etc, et apporter sa contribution au désenclavement des régions isolées. Le ministre du Tourisme, en effectuant des visites sur le terrain, aidé par ses adjoints au niveau de la direction centrale et des directions régionales, a fait comprendre à ces partenaires que l'enjeu du tourisme est primordial car aujourd'hui, s'il est aisé de pérorer sur le développement local, seul moyen de parvenir au développement durable qui assure la pérennité de l'économie nationale, il n'est pas facile de prétendre réussir le pari de la relance face à la désorganisation voire au manque total de visibilité et de stratégie. On ne peut marcher sur une béquille et essayer vainement de rattraper les premiers de la course. Prétendre atteindre des résultats dans des délais records sans s'assurer au préalable que toute la chaîne impliquée dans le processus de la relance du tourisme fonctionne convenablement est une utopie. Un seul maillon manquant ou défectueux, et c'est tout le projet qui tombe à l'eau. Le transport est sans nul doute l'un des piliers sur lequel repose ce secteur. Les taches qui noircissent le tableau sont nombreuses. On pourrait penser que seule l'intervention du président de la République pourrait rendre à ce secteur sa véritable mission et une place de choix dans le paysage économique. Car il ne faut pas se voiler la face, tout est question de volonté politique. Il est nécessaire de donner un bon coup de pied dans la fourmilière. C'est d'ailleurs pour cette raison que le ministère du Tourisme s'active à redorer le blason de nos sites et de nos contrées en impliquant tout le monde. Cela entre dans ses attributions comme le définit le décret exécutif n° 03-75 du 24 février 2003. Jusqu'à présent deux rencontres régionales ont été tenues pour poser les jalons d'une véritable stratégie qui remettra le secteur sur rails. Il s'agit de celle du Sud et celle de l'Ouest. Au courant de cette semaine sera tenue une conférence avec les opérateurs de l'Est à Sétif, et la dernière, celle du Centre, qui la suivra tout de suite après aura lieu à Tizi Ouzou. En l'espace de quelques semaines, le ministre aura fait le tour d'horizon et les choses sérieuses pourront alors commencer. Le dossier de la reclassification des établissements hôteliers sera actionné. Certains hôteliers qui ont profité de cette situation anarchique verront à coup sûr leurs étoiles filer. Bon nombre d'entre eux se sont attribués des étoiles sans réellement les mériter vu leurs piètres prestations de services en-deçà de ce qui est pompeusement présenté sur les prospectus et les dépliants. Ils vont jusqu'à donner des statistiques complètement erronées afin de brouiller les pistes pour échapper au fisc. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'une instruction leur a été donnée de mettre à jour leur comptabilité. Quant à ceux qui ont détourné leurs établissements de leur vocation, ils vont certainement réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des activités nébuleuses même si celles-ci rapportent gros. L'hygiène aussi doit dorénavant faire partie des moeurs car il est inadmissible de voir des cafards et des souris élire domicile dans les chambres de certains établissements hôteliers et des chats circulant allégrement dans les cuisines et au milieu des tables. Passons sur les draps et les serviettes sales ou usés ou encore les couverts poisseux. «Il est temps, avait déclaré le ministre du secteur, que le client ait dans son assiette ce que qu'il paie réellement. Il a également insisté sur l'accueil qui doit être convivial et chaleureux et que tout soit fait pour que ce client revienne car c'est cela le but». Les responsables comptent, après la campagne, sévir et celui qui ne joue pas le jeu sera mis sur la touche. L'Algérie est un beau pays où il fait bon vivre en dépit de cette tristesse qui déteint sur nos villes et nos villages. Il suffit de peu pour qu'elle s'anime et recommence à retrouver le goût du bonheur. Elle est dotée d'innombrables richesses. Des potentialités qui font pâlir de jalousie les nations les plus loties en matière de faune et de flore, de vestiges et de sites historiques, de sources thermales, de plages, de criques, de dunes , de chaînes de montagnes, d'exotisme et de grand dépaysement. La liste est longue et on pourrait pleinement s'attarder sur les potentialités que recèle le pays et s'extasier devant son immense et inégalable beauté. Seulement , il est nécessaire de trouver le déclic qui fera avancer les choses. Il est aisé de constater que pendant que nos voisins de l'est et surtout de l'ouest misent sur le tourisme comme première ressource financière de leur pays, l'Algérie traîne la patte alors qu'elle pourrait être en tête du peloton des pays du Maghreb dans ce domaine précis. Le roi du Maroc est descendu sur le terrain et fait passer le message. Il a sommé les acteurs impliqués dans le secteur de retrousser les manches et de mettre les bouchées doubles car l'enjeu est vital pour la nation. Verra-t-on Bouteflika en faire autant pour convaincre les rétifs ? Certaines sources affirment que cela pourrait être la prochaine priorité du président qui mise sur le secteur.