La démocrate Hillary Clinton officiellement investie, devenant la première femme américaine candidate à la présidence du pays Elle est entrée dans l'Histoire jeudi à Philadelphie en devenant la première femme investie par un grand parti dans la course à la Maison-Blanche, et s'est posée en garante d'une Amérique optimiste et ouverte face au populiste Donald Trump. Dans une mer de drapeaux américains, précédée à la tribune par un général et un arc-en-ciel d'Américains de toutes origines et toutes religions, Hillary Clinton, 68 ans, a fait plus que reprendre le flambeau du Parti démocrate: c'est en défenderesse de la Constitution et des valeurs américaines qu'elle s'est érigée jeudi soir. Et elle a exhorté ses compatriotes à ne pas céder au message populiste de son rival républicain pour le scrutin de novembre. «C'est avec humilité, détermination et une confiance sans limites dans la promesse de l'Amérique que j'accepte votre nomination pour la présidence des Etats-Unis», a-t-elle déclaré, en clôture de la convention qui l'avait adoubée mardi, sept semaines après la fin des primaires. Dans son discours de près d'une heure, devant près de 5000 délégués et des milliers d'invités et de journalistes, elle a prévenu les Américains séduits par le verbe martial de son adversaire que l'élection de novembre serait une «heure de vérité». Comme Barack Obama la veille, elle a affirmé que l'alternative n'était pas entre droite et gauche, mais entre deux Amériques, l'une de peur et de rejet, l'autre confiante et solidaire. Elle ne s'est d'ailleurs pas appesantie sur le programme démocrate, sachant que l'impréparation n'est pas ce que les électeurs lui reprochent. Elle a glissé sur son rôle de pionnière et la longueur de son CV. Les mots les plus importants de son discours étaient «plus forts ensemble», le slogan de sa campagne. La félicitant sur Twitter, Barack Obama a promis de lui céder son compte sur le réseau social. Donald Trump n'est apparu dans son discours que comme un faire-valoir de la crédibilité de son parcours et de la sincérité de ses convictions. Elle a cité Franklin Roosevelt et John F. Kennedy et évoqué son éducation au début des Trente glorieuses pour dénoncer un candidat sans ancrage dans la tradition américaine. «La triste vérité est qu'il n'y a pas d'autre Donald Trump. Il est vraiment comme ça», a lâché Hillary Clinton. Depuis juin, la candidate a pris ses marques pour critiquer, avec force sarcasmes, le milliardaire new-yorkais. Elle prend plaisir à rappeler les faillites de ses casinos et à souligner sa susceptibilité supposée. «Imaginez-le dans le bureau ovale confronté à une crise réelle. Un homme que vous pouvez appâter avec un tweet n'est pas un homme auquel vous pouvez confier des armes nucléaires», a-t-elle lancé. Mais elle est redevenue solennelle pour décrier des promesses creuses du républicain, assimilé à ces «petits hommes gouvernés par la peur et l'orgueil». «L'Amérique est grande, car l'Amérique est bonne», a déclaré Hillary Clinton. «Assez d'intolérance et de grandiloquence. Donald Trump n'offre aucun vrai changement». Le texte de Mme Clinton n'était pas sans autocritique. Elle a convenu avoir besoin des partisans de son ex-rival des primaires Bernie Sanders, leur lançant: «Je vous ai entendus». Et l'héritière désignée de Barack Obama a admis que les électeurs «en colère, voire furieux» des problèmes économiques persistants avaient... raison. «Nous ne vous avons pas assez bien montré que nous comprenons vos épreuves, et que nous allons vous aider», a-t-elle dit. Promettant que l'emploi et la hausse des salaires serait sa «mission principale» elle devait concrétiser dès hier cet engagement par une tournée en Pennsylvanie et dans l'Ohio, épicentre de la désindustrialisation, avec son colistier Tim Kaine. C'est l'électorat blanc et ouvrier de cette région que convoite également Donald Trump. Stephen Miller, conseiller du républicain, a critiqué l'Amérique «imaginaire» d'Hillary Clinton, affirmant qu'en étaient exclus «les gens qui ont perdu leur emploi à cause des accords commerciaux des Clinton». Et le scandale de son adresse mail privée utilisée pour des messages officiels alors qu'elle était secrétaire d'Etat n'a pas arrangé les choses. Mais seuls quelques délégués fidèles à «Bernie» ont manifesté leur rejet par des protestations silencieuses, avec des pancartes, ou par des cris sporadiques vite couverts par ceux des partisans d'Hillary Clinton.