L'argent sale domine les législatives et les élections locales depuis quelques années déjà Même les partis proches du pouvoir redoutent la domination de l'argent sale. L'abstention et la «chkara», deux phénomènes qui risquent d'en- tacher encore davantage les scrutins à venir. Aujourd'hui il est établi que l'argent sale domine les législatives et les élections locales depuis quelques années déjà. L'achat de voix et la récompense des clientèles politiques par des sièges aux assemblées et au gouvernement ont assombri la vie politique depuis fort longtemps. De ce fait, un remake de l'abstention record aux législatives de mai 2012, en avril 2017, n'est pas à écarter par la classe politique. L'importance de l'abstention, comme phénomène politique et social majeur, marque la faible adhésion de la population au processus électoral engagé. Une écrasante majorité de la classe politique considère la nouvelle loi portant régime électoral comme une menace sur le multipartisme et une porte grande ouverte pour l'achat de sièges, de position sur la liste de candidatures, de signatures et de voix. Cette loi est jugée restrictive, conçue pour privilégier les partis proches du pouvoir et réduire la place et le poids des partis dits de l'opposition, soutient-on. De plus, le FLN et le RND sont deux partis juridiquement majoritaires, mais sur le plan politique ils n'ont glané que 7% des suffrages exprimés. En 2012, les deux partis, FLN et RND, tout en obtenant la majorité des sièges, n'ont réuni sous leurs deux bannières qu'un peu plus de 8% des inscrits et 24% des suffrages exprimés. C'est dire combien leur base sociale réelle est limitée et leur impact social faible. Par ailleurs, comme à chaque rendez-vous électoral, des déballages de linge sale ne manqueront pas de fuser de partout au sein des partis engagés dans la compétition électorale, contestant le tri des directions du parti entre candidats à la candidature. Dans ce climat lourd du fait accompli, auquel s'ajoute le durcissement des règles du jeu de la compétition électorale, l'ensemble des partis sont réduits à jouer le rôle d'alibi et de décor dans une atmosphère de non-politique. La «chkara» est une triste réalité en Algérie. Même les partis du pouvoir redoutent le phénomène de la «chkara». D'ailleurs, des voix autorisées ne cachent pas cette décadence. Ahmed Ouyahia avait indiqué à l'issue du dernier renouvellement partiel des membres de Conseil de la nation que «personne ne peut nier l'existence du phénomène de la chkara'' sur la scène politique». Elle est une réalité qui s'est ancrée sur la scène électorale. Qu'il y ait des lobbies financiers c'est une chose tout à fait normale, mais qu'il y ait des gens qui achètent des voix est une autre chose, a-t-il affirmé en substance. Celui qui gagne son argent en suant, ne mettra pas cinq ou sept milliards de centimes pour acheter un siège au Sénat car c'est un non-sens économique», a-t-il argumenté. «Mais quand l'argent misé se ramasse dans la contrebande, la corruption, la drogue et j'en passe, on aura forcément ce genre de dérives», fait-il savoir. «C'est une réalité algérienne que les politiques, les gouvernants, la société civile et tout le monde doivent combattre. Les articles controversés (73 et 94) du nouveau Code électoral, instaurant l'obligation d'obtenir 4% des suffrages exprimés lors des élections précédentes pour la validation d'une liste électorale, participent à définir à l'avance les résultats des prochains scrutins, selon plusieurs politiques. Cette loi a tendance à fixer les conditions, à établir les règles et à prédéterminer les résultats en persistant à recourir à la fraude électorale, selon d'autres.