Les Gabonais éliront aujourd'hui leur président de la République. Il s'agit d'un scrutin à un seul tour. Celui qui arrivera en tête sera élu pour un mandat de sept ans à la tête de ce pays d'1,8 million d'habitants. Les électeurs gabonais sont appelés aujourd'hui aux urnes pour élire leur président lors d'un scrutin qui opposera le dirigeant sortant Ali Bongo Ondimba à dix autres candidats dont l'ancien président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping. Les deux favoris du scrutin sont donc Ali Bongo Ondimba dont la victoire à la présidentielle de 2009 avait été contestée par l'opposition provoquant des violences, et Jean Ping, un ancien garde des collaborateurs du défunt chef de l'Etat Omar Bongo, passés ensuite dans l'opposition. Fils aîné de Omar Bongo qui a dirigé le pays pendant 41 ans, Ali Bongo, 57 ans, a battu campagne sous le slogan «Changeons ensemble» en mettant en avant les réalisations de son septennat tandis que son principal rival Jean Ping, 73 ans promet de «libérer le Gabon de la dictature». La campagne électorale a été marquée par des échanges verbaux particulièrement virulents alors que les deux hommes se connaissent bien. Ils ont travaillé ensemble durant des années sous Omar Bongo, qui imposa M.Ping à la présidence de la Commission de l'UA. M.Ping conteste la gouvernance et les méthodes du président sortant. Il est pourtant lui-même intimement lié à la famille présidentielle. Il est le père de deux enfants de Pascaline Bongo Ondimba, soeur d'Ali et qui fut directrice de cabinet de son père. C'est aussi le cas de Félix Nzouba Ndama, 70 ans, qui fut président de l'Assemblée nationale pendant 19 ans avant de claquer la porte en mars et d'annoncer sa candidature contre Ali Bongo. Il a finalement rallié celle de M.Ping à la dernière minute, lui apportant un soutien de poids, à l'instar de Casimir Oyé Mba, 74 ans, ancien Premier ministre d'Omar Bongo. Un cousin du président sortant, Léon-Paul Ngoulakia, patron du Conseil national de sécurité de 2009 à 2013 a lui aussi rejoint M. Ping, qui promet d'en finir avec le «système Bongo» qui régit la vie publique gabonaise depuis bientôt un demi-siècle. Le ralliement de ces deux ténors de l'opposition gabonaise à la candidature de Jean Ping pour la présidentielle du 27 août a été perçu par le camp Bongo comme un «coup de force»» contre «la démocratie» et «le peuple». En plus de la tension politique, le scrutin d'aujourd'hui se déroule dans un climat social déjà tendu, du fait de l'effondrement des cours du pétrole, première source de revenus de ce pays. Rien qu'à Port-Gentil, le secteur pétrolier a licencié plus de 2 500 salariés depuis 2014. «Il n'y a plus d'argent», a dit une commerçante à Lalala, un quartier de la capitale, citée par des médias. En prévision de la présidentielle gabonaise, le secrétaire général de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Ceeac), Ahmad Allam-Mi, a annoncé que son organisation déploiera une vingtaine d'observateurs pour superviser le scrutin. La mission sera dirigée par l'ambassadeur Abou Moussa, un haut cadre tchadien qui a servi à Libreville pour le compte de l'ONU, a-t-il précisé. «La mission principale de la Ceeac c'est évidemment d'abord, d'observer les élections pour s'assurer qu'elles sont libres, transparentes, justes et qu'elles se déroulent dans une atmosphère apaisée», a-t-il encore dit. Outre la Ceeac, d'autres organisations internationales telles que l'Union européenne (UE), le National democratic institute (NDI, ONG américaine), l'Union africaine (UA) et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) vont observer le scrutin de ce jour.