L'Union européenne ne se dotera pas d'une armée commune avant un certain temps, a expliqué vendredi soir à Bratislava la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, mais l'UE devrait être capable d'assumer un rôle plus grand en matière de défense. «Nous sommes tous d'accord (...) qu'une armée européenne n'est pas quelque chose qui va arriver de si tôt, mais ce qui peut venir bientôt si les Etats membres s'engagent, c'est une avancée en matière de défense européenne, et c'est ce qu'on a mis sur la table aujourd'hui», a lancé Mme Mogherini lors d'une conférence de presse concluant la première journée d'une réunion informelle des 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE. Traditionnellement, les Etats membres, le Royaume-Uni en tête, se montrent réticents à abandonner de leur souveraineté dans le domaine. Mais les événements récents, de la crise migratoire au terrorisme international, ont apporté de l'eau au moulin de la Commission européenne et de sa vice-présidente Mme Mogherini pour promouvoir une politique commune de sécurité. «Dans 50, 60, 100 ans, qui sait?», s'est interrogée Mme Mogherini en évoquant la possibilité d'une armée européenne. Federica Mogherini a entamé vendredi les discussion avec les 28 sur «sa stratégie globale» pour l'action extérieure de l'UE, dont l'Italienne entend bien voir les premiers résultats opérationnels d'ici le printemps 2017. «L'important, c'est que tous les ministres ont apprécié le projet», a-t-elle assuré, précisant que les ministres avaient «unanimement» soutenu le concept. Le document de 32 pages insiste sur plusieurs points, notamment la création d'une solide industrie européenne de défense. Il met aussi l'accent sur la lutte contre le terrorisme ou la protection des frontières, notamment en matière de sécurité maritime. «C'est un moment essentiel de l'histoire de l'Union européenne», a observé de son côté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, lors d'un point de presse séparé. Parmi les priorités définis par le conseil vendredi, M.Ayrault a cité la définition d'objectifs annuels en matière de capacités, une coordination plus poussée entre Etats membres ou encore l'idée de se doter de capacités militaires de commandement propres. Le ministre britannique Boris Johnson, qui a fait campagne pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE, a indiqué que son pays restait engagé dans la coopération en matière de défense avec l'UE. La Grande-Bretagne est une puissance militaire, et nucléaire importante.