L'Education nationale a redressé la barre du mérite pour les encadreurs La méthode Benghebrit ce n'est pas de la simple littérature. La ministre a engagé de grands chantiers de réforme. La rentrée scolaire 2016/2017 a toutes les chances d'être une réussite. Bénéficiant des expériences des années précédentes, l'administration centrale a pris les devants pour éviter les éventuelles mauvaises surprises. Bien que fortement critiquée par les milieux islamistes, la ministre de l'Education nationale a su habilement négocier sur le triple plan pédagogique, politique et socioprofessionnel. En fait, Benghebrit a fait sa rentrée bien avant tout le monde et même qu'elle l'avait préparée avant même la fin de l'année scolaire 2015/2016. Les concours de recrutement, organisés en juin dernier, avaient pour objectif de disposer d'enseignants en nombre suffisant dès la rentrée, tout en garantissant un niveau acceptable de ces derniers. Il faut dire que la grande bataille qu'a été le concours de recrutement a constitué un tournant décisif dans la démarche réformatrice prônée par Benghebrit. Le mérite était posé au centre de la réforme. Il fallait résister à une vague de protestation des vacataires. Mais ce n'était manifestement pas peine perdue, puisque pour la première fois depuis plusieurs années, l'Education nationale a redressé la barre du mérite pour les encadreurs. Cette première victoire, arrachée dans un contexte assez difficile, puisque altérée par des ingérences de forces politiques rétrogrades et hostiles au principe du mérite, est d'autant plus significative qu'elle a impulsé une nouvelle dynamique dans l'action du ministère de l'Education nationale. Cet acte préparatoire de la rentrée scolaire 2016/2017 a permis de donner une vision nouvelle de ce que devra être l'école algérienne. Une sorte d'espoir est, de fait, né dans la société. Celle-ci a apporté un soutien ferme à Nouria Benghebrit, laquelle forte de la solidarité du gouvernement, est confortée dans son action par les millions de parents d'élèves qui reconnaissent en elle, une réelle volonté de redorer le blason terni de l'école algérienne. La méthode Benghebrit, ce n'est pas de la simple littérature. La ministre a engagé de grands chantiers qui consistent dans le perfectionnement de tout l'encadrement de l'institution éducative. Des directeurs d'école, jusqu'aux enseignants, en passant par les inspecteurs de l'éducation sont tous concernés par des cycles de formation, histoire de les hisser au niveau des exigences de l'école moderne. Aidée par un enthousiasme populaire assez visible dans la société, la ministre de l'Education met un à un les jalons de la nouvelle école algérienne. Le mérite étant le socle de cette réforme, la parenthèse du baccalauréat 2016 n'a pas entamé la détermination de nombreux acteurs sociaux et professionnels. Un indicateur très important du sérieux de la réforme tient justement dans l'échec de ceux qui ont tenté d'annuler la réforme en agissant sur le bac. En fait, quoi qu'en disent les détracteurs de la ministre, la douloureuse expérience du bac 2016 a consolidé l'édifice des réformes.La rentrée, c'était aussi les réunions-marathons tenues avec les syndicats du secteur. Jusqu'à la veille de la rentrée, Benghebrit a dialogué, discuté, négocié avec la dizaine de syndicats pour justement s'assurer une rentrée sereine. Aujourd'hui, après avoir assaini les situations des plus complexes, l'Education nationale entame officiellement la seconde génération des réformes. Elles s'illustrent à travers les nouveaux manuels scolaires des premières années des cycles primaire et moyen. Le but est d'en finir avec le «parcoeurisme» et ouvrir aux générations montantes les véritables portes du savoir. Ce ne sera ni facile, ni sans entraves. C'est le tout début d'un combat qui sera long et fastidieux. Mais il faut le mener et le gouvernement est décidé à faire le premier pas. Ce n'est certainement pas un hasard que le ministère de l'Education nationale a bénéficié d'un budget de plus de 760 milliards de dinars, le second poste des dépenses de l'Etat, en hausse de 1,8% entre 2015 et 2016. En pleine crise financière et au moment où l'on parle de réduire les dépenses, la hausse du budget de l'éducation, le maintien du programme de recrutement et la réalisation de 146 nouveaux établissements pour cette année, en sus des 26.000 déjà opérationnels dans tout le pays, témoignent d'une volonté de pousser la machine de l'éducation à plein régime. Il y a là une démarche d'investissement incontestablement volontariste, dans le sens de l'édification d'un système éducatif à même de produire des citoyens conscients des enjeux futurs et efficaces dans leurs missions. Avec la santé et la justice, l'institution de l'éducation est l'un des piliers de toute nation prospère. Mais disons que pour avoir un bon système judiciaire et sanitaire, il faut former de bons juges, avocats et médecins...