Le Front Polisario s'est dit «surpris» par la position de l'ONU qui semble «ignorer ses propres décisions» antérieures sur ce projet. La majorité des membres du Conseil de sécurité, réunis vendredi soir à New York, ont rejeté la proposition de l'ONU d'achever un projet de construction d'une route traversant les territoires sahraouis, contesté par le Front Polisario. «La majorité des membres du Conseil de sécurité n'étaient pas prêts à accepter la proposition de l'ONU concernant ce projet. Elle n'a reçu que le soutien de la France et du Sénégal, deux pays alliés du Maroc», a indiqué cité par l'APS une source onusienne proche du dossier. «Les membres du Conseil de sécurité ont insisté sur la retenue et le respect de l'accord de cessez-le-feu. La situation est toujours tendue, j'espère qu'il n'y aura pas de dérapage», a-t-elle ajouté. Le secrétariat général de l'ONU a proposé vendredi au Conseil de sécurité d'achever le goudronnage d'une route, reliant la zone tampon d'Alguergarat jusqu'à la frontière avec la Mauritanie, un projet que le Maroc veut réaliser en violation de l'accord de cessez-le-feu. L'ONU qui s'est opposée en 2001 et 2002 à la construction de cette route, dont «certaines activités pourraient constituer une violation de l'accord de cessez-le-feu», a cédé aujourd'hui au chantage du Maroc en acceptant de construire et de financer elle-même ce projet, a dénoncé vendredi le Front Polisario. «Cela signifie que l'ONU va devenir une société chargée de financer les projets du Maroc», alors qu'elle avait dans trois rapports précédents considéré ces travaux comme une violation de l'accord de cessez-le-feu, a indiqué Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies dans une lettre adressée vendredi au président du Conseil de sécurité. Le Front Polisario s'est dit «surpris» par la position de l'ONU qui semble «ignorer ses propres décisions» antérieures sur ce projet. Le Maroc avait entamé en août dernier les travaux de balisage de ce tronçon d'une longueur de 3,8 Km qui devrait traverser les territoires sahraouis sous contrôle du Front Polisario jusqu'à la frontière avec la Mauritanie. Le Conseil de sécurité qui s'est réuni vendredi à huis clos pour examiner la situation sécuritaire tendue qui prévaut dans cette zone sensible, s'est abstenu de faire une déclaration à la presse. Gerard Van Boheman, le président du Conseil de sécurité s'est contenté d'indiquer que l'organe onusien a été tenu informé de la situation à Alguergarat par Christopher Ross l'émissaire de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental et Kim Bolduc, chef de la Minurso. Gérard Van Boheman a précisé que son pays, la Nouvelle Zélande, est préoccupé par cette situation qu'il dit suivre de près. Rejetant cette proposition, le représentant du Venezuela, Rafael Ramirez, a affirmé à la presse que «la Minurso n'a pas été créée pour construire des routes mais pour préparer le référendum du peuple sahraoui». Ban ki-moon a, de son côté, refusé de commenter la proposition de l'ONU. La situation sécuritaire dans la zone d'Alguergarat reste tendue, les deux camps ont maintenu leurs positions à environ 120 mètres les uns des autres. Les Nations unies redoutent en effet «une reprise des hostilités, avec un risque d'implications régionales». Dans une note confidentielle transmise pour information au Conseil de sécurité le 28 août, le secrétariat général de l'ONU a affirmé que le Maroc a violé l'accord militaire numéro 1 en déployant des forces de sécurité dans cette zone sans avertir au préalable la Minurso.