Damas cherche à desserrer l'étau de l'isolement international en coopérant avec l'ONU. Après la démonstration de force du Hezbollah pro-syrien à Beyrouth, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan estime qu'il est tout à fait normal: «que dans chaque société il y ait des groupes qui n'aient pas les mêmes positions et les mêmes perspectives... Nous devons l'accepter», a-t-il dit en référence aux manifestations pro-syriennes: «Bien évidemment ils sont libres de parler et de faire entendre leurs opinions, mais cela ne nous empêche pas d'insister pour un retrait syrien comme cela a été réclamé par le Conseil de sécurité». En d'autres termes, les manifestations du Hezbollah sont un effet de la démocratie à la libanaise, mais pour ce qui est du retrait, la messe est dite. Tout semble indiquer que c'est effectivement le cas, puisque le président Bachar El Assad a déclaré à un journal américain: «Je ne suis pas Saddam Hussein. Je suis prêt à coopérer. Faites passer ce message». Quant à l'ambassadeur de Syrie aux Etats-Unis, il a bien précisé sur la chaîne CNN que les troupes syriennes auront bien quitté le Liban «bien avant mai». Pendant ce temps, les tractations qui ont lieu portent sur la désignation d'un nouveau Premier ministre, à la suite de la démission de Omar Karamé. Ce dernier pourrait bien succéder à lui-même, selon les dernières informations, alors que les images des pro et des anti-Syriens, noyés ensemble sous une forêt de drapeaux libanais, laissent croire à une unité possible, car jamais depuis l'indépendance du Liban en 1943, le drapeau libanais et l'hymne national n'ont été à ce point des symboles de réunification. La formation d'un gouvernement en remplacement de celui de Omar Karamé, précisera si une orientation unitaire est possible. Le président libanais, Emile Lehoud, a pour sa part appelé à la formation d'un gouvernement «d'unité nationale». Premier à être consulté, le président du Parlement, Nebbih Berri, allié indéfectible de Damas, a prôné un cabinet d'union nationale, en proposant le retour de M.Karamé. Pour sa part, l'opposition exige un cabinet transitoire et neutre qui s'attelle à démasquer les assassins de Rafik Hariri, à démettre les six chefs de service de sécurité, condition rejetée par le pouvoir, et à superviser des élections législatives libres prévues au printemps prochain. Quant à Washington, elle n'en démord pas: «Toutes les forces militaires et de renseignement syriennes doivent quitter le Liban avant les élections afin que le scrutin soit libre et équitable», avait déclaré George W.Bush dans son discours prononcé devant un institut spécialisé dans la défense à Washington. «La communauté internationale, y compris la Russie, l'Allemagne, la France, l'Arabie Saoudite et les Etats Unis ont présenté une alternative à la Syrie , soit mettre fin à son occupation du Liban qui dure depuis plus de trente ans, soit se retrouver encore davantage isolée du monde», a-t-il rappelé. Il a en outre fustigé un retrait progressif en deux temps annoncé par le président syrien Hafedh El Assad, en disant que les Syriens ont déjà vu «ces tactiques dilatoires et ces demi-mesures». Pendant ce temps, l'envoyé spécial de l'ONU, Terje Roed-Larsen, va s'entretenir avec les responsables libanais et syriens cette semaine, sur les moyens concrets d'un retrait syrien du Liban, a indiqué le sectaire général de l'ONU, Kofi Annan. «Après ces entretiens, je saurai mieux comment nous allons procéder. Mais la résolution 1559 appelle à un retrait total», a-t-il dit devant des journalistes.