Il arrive, aujourd'hui, au moment où les Casques Bleus commencent à prendre position. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, arrive aujourd'hui à Beyrouth pour s'entretenir avec les responsables libanais du déploiement de la force internationale de même que de la sécurisation de la frontière avec la Syrie, a-t-on indiqué samedi de source officielle libanaise. Hier, M.Annan a eu un entretien téléphonique avec le président du Conseil italien, Romano Prodi, selon un communiqué rendu public hier par la présidence du Conseil italienne. Dans ce communiqué il est indiqué que MM Annan et Prodi se sont mis d'accord sur l'impératif de l'application rapide des décisions prises à Bruxelles vendredi, et de l'importance d'un diligent déploiement de la force internationale des Nations unies pour le Liban (Finul élargie) pour laquelle plusieurs pays européens -dont l'Italie et la France se sont engagés à lui fournir les contingents militaires lui permettant de commencer à travailler. Dans cet entretien téléphonique, M.Annan a exprimé à Romano Prodi «un chaleureux remerciement pour son leadership qui a rendu possible l'extraordinaire mobilisation européenne», indique le communiqué du gouvernement italien. Par ailleurs, Kofi Annan «a fait part au président Prodi de certaines initiatives destinées à obtenir d'autres contributions à la Finul sous forme de troupes extra-européennes» et l'a informé de son voyage imminent au Proche-Orient durant lequel les deux hommes «resteront en contact», indique encore le communiqué de la présidence du Conseil italienne. L'Italie s'est engagée à envoyer le plus important contingent européen, soit 2 à 3000 hommes, au Liban pour participer à la Finul renforcée, dont elle assurera le commandement à partir de février 2007, rappelle-t-on. Le secrétaire général de l'ONU entame, en fait dès aujourd'hui, une tournée au Proche-Orient dont la première étape sera Beyrouth où son arrivée est prévue pour cet après-midi. Kofi Annan aura, à cette occasion, des entretiens avec les dirigeants libanais et doit les informer des résultats de la réunion qui s'est tenue vendredi à Bruxelles à l'issue de laquelle un accord a été trouvé pour une participation européenne conséquente à la force des Nations unies au Liban, conformément aux termes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité adoptée, le 14 août, qui a mis fin à 34 jours de guerre entre Israël et le Hezbollah. La Finul doit ainsi se positionner le long de la frontière entre le Liban et Israël et aura à sécuriser la région au sud du fleuve Litani. Selon la source libanaise, le secrétaire général de l'ONU rencontrera le Premier ministre Fouad Siniora, le président du Parlement Nabih Berri, le ministre de la Défense, Elias Murr et le commandant en chef de l‘armée libanaise Michel Sleiman. Notons que le président libanais sera, une nouvelle fois, ignoré par une personnalité internationale en visite à Beyrouth, M.Annan n'ayant pas prévu de rencontrer Emile Lahoud, boycotté par la communauté internationale depuis l'épisode du renouvellement controversé en septembre 2004 de son mandat présidentiel lequel expirait un mois plus tard (en octobre 2004). L'ONU, notamment, estime en effet, que le maintien de M.Lahoud à la présidence du Liban n'était pas régulier et s'est fait sous la pression de la Syrie. Lors de son voyage au Liban, le Secrétaire général de l'ONU sera accompagné du patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU (Dpko), Jean-Marie Guehénno, et de son représentant spécial pour le Moyen-Orient, Terje Roed-Larsen. Dans ses entretiens avec les responsables libanais, M.Annan, abordera sans doute également un point sensible, le déploiement de la force internationale aux frontières avec la Syrie. Ce déploiement fait problème dans la mesure où le gouvernement libanais refuse catégoriquement un tel déploiement de la Finul aux frontières entre le Liban et la Syrie. Ce que MM.Siniora, Berri et Murr vont expliquer à M.Annan qui veut mettre l'accent sur la nécessité que la seule force armée qui soit admise le long de la frontière syrienne soit celle «des troupes libanaises». Kofi Annan insistera également sur le fait que seules la Finul et l'armée libanaise doivent porter les armes au sud du Litani à «l'exclusion de toute autre (force)». On peut imaginer que M.Annan pense plus aux milices du Hezbollah qu'à l'armée israélienne qui occupe toujours neuf points au Sud-Liban et continue d'exercer le blocus maritime et aérien sur le Liban. Il semble qu'il y ait un quiproquo à propos de cette question du déploiement de la Finul aux frontières de la Syrie, le ministre de l'Information libanais, Ghazi Aridi a ainsi affirmé qu'«il s'agit d'idées avancées par Israël et les Etats-Unis, mais le Liban ne reçoit d'ordre de personne, ni des Etats-Unis ni d'Israël, ni de la Syrie, ni de l'Iran» et d'enchaîner «seule l'armée libanaise est en charge du contrôle des frontières avec la Syrie et il n'est pas question d'y déployer des effectifs de la Finul», a déclaré vendredi M.Aridi. Damas prenant les devants a, dès mercredi, menacé de fermer la frontière avec le Liban au cas où la Finul y serait déployée. Un tel déploiement sera considéré comme un acte «hostile» précise d'autre part le président syrien Bachar Al Assad.