L'attentat perpétré le 14 février 2005 contre l'ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri, qui causa la mort de l'homme politique libanais et 21 autres personnes dont le député Bassel Fleyhane, a ouvert une grave crise politique au Liban ou pro et anti-syrien s'entre-déchirent. De fait, l'opposition a immédiatement pointé du doigt la Syrie, et le pouvoir dirigé par le président Emile Lahoud, inféodé selon elle à Damas, et réclamait par ailleurs l'application de la résolution 1559 de septembre 2004 du Conseil de sécurité exigeant le retrait des troupes syriennes du Liban. Un mois après le meurtre de Rafik Hariri, plus d'un million de Libanais manifestent à Beyrouth et exigent la fin de la tutelle de la Syrie sur le Liban. C'est dans ce contexte explosif, qui a fragilisé le pays des cèdres, que le Conseil de sécurité adopte le 7 avril 2005 la résolution 1595 instaurant une commission d'enquête internationale devant faire la lumière sur l'assassinat de l'homme politique libanais, Rafik Hariri. L'enquête est confiée au juge allemand, Detley Mehlis, spécialisé dans les enquêtes anti-terroristes, qui arrive à Beyrouth le 26 avril pour entamer ses investigations. En juin, un proche de Rafik Hariri, Fouad Siniora, forme son cabinet, après la victoire de l'opposition aux législatives, et l'entrée, pour la première fois dans un gouvernement libanais, de représentants du Hezbollah. Entre temps, le juge Detley Mehlis a pu défricher le terrain, avançant dans son enquête qui, rapidement, se concentre sur l'entourage du président, réputé pro-syrien, Emile Lahoud, avec comme point d'orgue, l'arrestation le 30 août 2005 de plusieurs officiers supérieurs, collaborateurs du président libanais dont le chef de la Garde présidentielle, le général Moustapha Hamdane. Ils sont inculpés quelques jours plus tard dans l'affaire Hariri. La commission Detley Mehlis estimant que des « faits convergents » mettent « clairement » en cause certains responsables syriens demande à entendre ces « témoins », dont Ghazi Kanaan, ministre de l'Intérieur et ancien chef des services de renseignement syriens au Liban. Celui-ci se suicide le 12 octobre rendant le mystère entourant l'assassinat de Rafik Hariri plus opaque. Dans un premier rapport remis au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, la commission Mehlis met en cause des responsables, au plus haut niveau, syriens et libanais. Suite à quoi, dans la résolution 1636, le Conseil de sécurité enjoint à Damas de coopérer à l'enquête, alors que la résolution 1644 proroge pour six mois le mandat de la commission onusienne, qui venait à expiration, et l'autorise à aider le gouvernement libanais dans les enquêtes sur la série d'attentats. Mais c'est la déclaration tonitruante, le 30 décembre 2005, du vice-président syrien démissionnaire Abdel Halim Khaddam qui relance l'affaire, M.Khaddam accusant nommément le président Bachar Al Assad d'avoir «menacé Rafik Hariri et de n'avoir pu ignorer le projet d'assassinat» confirmant les soupçons de la commission Mehlis et offrant de nouvelles pistes à l'enquête. Toutefois, l'assassinat le 12 janvier dernier du député et journaliste Gebrane Tuéni, treizième attentat depuis celui qui a coûté la vie à Hariri, qui intervient au moment de la publication du deuxième rapport de la commission Mehlis qui fait état de nouvelles preuves de l'implication de la Syrie, va induire une levée de boucliers au Liban alors que le chef du gouvernement, Fouad Siniora, réclame de l'ONU la constitution d'un tribunal international pour juger les assassins de Rafik Hariri de même que l'ouverture d'une enquête internationale sur tous les crimes commis ces derniers mois au Liban restés, jusqu'ici, sans résultats probants. Cependant, la demande de Siniora d'un tribunal international, et l'ouverture d'enquêtes supervisées par l'ONU, induit une crise de gouvernement, les chiites du Hezbollah et du mouvement Amel, du président du Parlement, Nabil Berri, décident alors de boycotter le gouvernement, boycott qui dura huit semaines. Entre temps, le Belge Serge Brammertz, successeur de Detlev Mehlis, démissionnaire, prend ses fonctions le 23 janvier. Toutefois, la vérité sur le meurtre de Rafik Hariri et des nombreuses personnalités libanaises, assassinées depuis une année, reste difficile à établir. Mais l'opposition anti-syrienne ne lâche pas prise et entend aller très loin pour connaître les tenants et aboutissants de l'affaire Hariri et des crimes qui ont secoué le Liban. Ainsi, l'opposition a réitéré samedi ses demandes en estimant que «L'enquête de l'Onu est un préalable pour faire la lumière sur le rôle de la Syrie dans les évènements du Liban du début de la guerre jusqu'à ce jour», sollicitant, parallèlement, du gouvernement qu'il «dépose une plainte devant le Conseil de sécurité de l'Onu contre la poursuite des ingérences syriennes au Liban». La Syrie dans le colimateur de l'Occident, n'a cessé depuis de clamer son innocence, coopérant, à son corps défendant (?) à l'enquête internationale menée sous l'égide de l'ONU.