De n'importe quelle direction que vous la rejoignez, elle vous accueille avec cette chaleur hospitalière. Après chaque saison estivale, l'antique ville de Tigzirt, au nom romain d'Iomnium, à 35 km au nord de Tizi Ouzou, replonge dans sa léthargie et attend avec impatience l'approche de l'été pour revivre. Pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent pour ne pas ressembler à un no man's land. De n'importe quelle direction que vous la rejoignez, elle vous accueille avec cette chaleur hospitalière dont elle n'a rien à envier à ses soeurs jumelles qui jalonnent les côtes. D'emblée, le regard du visiteur est vite captivé par la beauté de l'îlot qu'on dirait posé là comme par une main de maître. Aussi énigmatique qu'il puisse paraître, son corps a tout l'air d'être un véritable puzzle avec la tête à la montagne et les pieds dans l'eau. La ville aux ruelles étroites et qui tire son nom de l'îlot était déjà connue depuis plusieurs siècles sous son appellation romaine: Iomnium. Les vestiges sont toujours là et cachent dans leurs entrailles un trésor archéologique qui reste à explorer. La ville romaine a été érigée entre 145-47 avant J.C. Selon les anthropologues et les historiens, elle était composée au début d'un casernement entouré d'un mur défensif servant à repousser les attaques et les assauts des envahisseurs qui venaient par la mer. Au IIIe siècle, il a connu une extension pour devenir ce qui a été appelé une ville civile avec la construction du temple ; construction attribuée à un notable de l'actuelle Dellys et qui répondait au nom de Julius Félix. A la même époque, régnait à Rome l'empereur Septime Sévère, d'origine berbère. Toujours selon les historiens, le temple a été dédié au génie protecteur de la ville. Ce site se trouve du côté est, à proximité du Cardo qui est une route dallée orientée nord-sud. Quant au site, il est composé de la basilique réalisée à l'époque de l'occupation byzantine, soit au début du VIe siècle après J.C. Cette merveille possède un baptiseur au nord. Aujourd'hui, la ville romaine, qui s'étalait sur une superficie de 10 ha, est réduite à 2,6 ha seulement. Cette réduction est le résultat d'un processus enclenché en 1888 avec l'édification de la ville coloniale par les Français et ce, sur le site même. Les occupants français ont même utilisé de nombreux vestiges comme éléments décoratifs, à l'instar de chapiteaux, de colonnes et autres stèles. Jusqu'à aujourd'hui, ils sont toujours visibles sur les façades de certaines maisons. Un peu plus loin se trouve, un peu plus haut que la station préhistorique de cap Tadlès, le village Taksebt qui abrite un mausolée érigé au IIe siècle avant J.C. Il a été complètement détruit lors du séisme du 21 mai 2003. Cela, au même titre que la disparition de la petite plage, suite aux travaux de réalisation de l'abri de pêche. Ces travaux ont englouti un autre trésor archéologique enfoui sous la plage. Au fil du temps, les vestiges de la région de Tigzirt subissent des attaques en tous genres. La triste situation dans laquelle se retrouve le site a, heureusement, fait bouger les choses. En effet, les vestiges viennent de bénéficier de deux programmes de restauration octroyés par l'Agence nationale d'archéologie et de protection des sites et monuments historiques (Anapsh) qui dépend du ministère de la Culture. Parmi les sites à réhabiliter, citons celui de Taksebt. Sa restauration requiert deux importantes phases. Il s'agit de la restauration des sites proprement dite et une autre opération de fouilles. Ces deux programmes, qui viennent à point nommé, contribueront à coup sûr, non seulement à sauver ce qui reste de la ville antique, mais aussi à la réhabiliter après avoir connu une dilapidation effrénée. Ajoutez à cela les campagnes, même cycliques, que lance l'antenne locale d'archéologie pour la sauvegarde du site. Ce sont précisément ces sites historiques qui font la renommée de la ville de Tigzirt et qui font d'elle l'une des villes côtières les plus visitées, particulièrement en été.