Les cours de l'or noir accusaient, hier, à Londres et à New York, en cours d'échanges, un troisième recul consécutif, sur fond de doute de la mise en oeuvre d'un gel de la production des pays producteurs et de l'annonce d'une hausse des stocks US. Le marché veut plus que des décisions. Pour retrouver un niveau du prix du baril qui conviendrait aux économies des pays producteurs, à l'Algérie, qui souffrent de la dégringolade des cours de l'or noir, il faut du concret. Une décision choc. Aller certainement au-delà d'un gel de la production. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et la Russie qui ont annoncé leur intention de retrancher 750.000 barils du marché iront-ils plus loin? L'Opep sortira-t-elle l'artillerie lourde? Pas si sûr. D'autant plus que la concrétisation de cette mesure, qui a été prise à Alger le 28 septembre dernier en marge du 15ème Forum international de l'Energie, est encore en stand-by. Une situation qui a ouvert la porte à toutes sortes de spéculations, voire de rumeurs qui ont beaucoup plus servi à entraver la belle marche en avant du baril entamée à l'occasion du sommet de l'Opep qui s'est tenu dans la capitale algérienne. «Les prix du brut ont gagné six dollars depuis Alger, et maintenant les marchés attendent d'en savoir plus. Malgré le scepticisme des investisseurs, il est difficile de parier contre l'Arabie saoudite», indique Michael Wittner, analyste à la Société Générale. La décision d'Alger s'est retrouvée, contre son gré, au centre du débat concernant sa faisabilité. La question de savoir qui supportera le retrait des 750.000 barils par jour s'est imposé., l'Iran, la Libye et le Nigéria étant exemptés. L'Irak a demandé à son tour d'en être dispensé, pour qu'elle puisse financer la guerre qu'elle mène contre Daesh. «L'Irak, un des plus grands producteurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a affirmé vouloir être dispensé de participer aux coupes prévues par l'accord du cartel car le pays est en lutte contre l'Etat islamique», note Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Se pose donc la question de savoir qui supportera le gel de la production. Pour certains experts la réponse coule de source. «Il devient de plus en plus clair que l'Arabie saoudite, accompagnée des Emirats arabes unis et du Koweït, devront procéder à la majorité des coupes si l'accord veut avoir une chance de se matérialiser», concluait M. Lawler. Rappelons que le chef de file de l'Opep, qui est frappé de plein fouet par la chute des prix du brut a montré de réelles dispositions pour rééquilibrer le marché et par ricochet, redresser les cours. Il faudra pour cela sortir la grosse artillerie. Car le marché demeure très sensible aux chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie. Certains mercredis (jour de publication des statistiques du Doe) se transforment en cauchemars. C'était le cas hier. Du moins jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse. Les cours de l'or noir accusaient, à Londres et à New York en cours d'échanges, un troisième recul consécutif, sur fond de doute de la mise en oeuvre d'un gel de la production des pays producteurs et de l'annonce d'une hausse des stocks US. Vers 11h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 50,27 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 51 cents par rapport à la clôture de mardi. Un peu plus tard aux environs de 13h20, le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, perdait 79 cents à 49,17 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour décembre. Après avoir fait part de son intention de se joindre à une éventuelle réduction de la production de pétrole, la Russie semble souffler le chaud et le froid. Il n'y aura pas de réduction volontaire de la production des pays non membres de l'Opep. «Même la Russie (...) n'y est pas prête, comme l'a fait comprendre un envoyé russe à nouveau mardi», ont rapporté les experts du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Info ou intox. On ne tardera pas à le savoir. Les Russes doivent participer le 30 octobre à une réunion de l'Opep. Il se pourrait que l'organisation tire une nouvelle salve à cette occasion. Façon de dire qu'elle n'a pas grillé toutes ses cartouches.