Les prix du pétrole montaient très légèrement à Londres vendredi en cours d'échanges européens, au lendemain de la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas réduire sa production, ce qui laisse inchangée la situation de surabondance d'offre sur le marché. Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 72,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 33 cents par rapport à la clôture de jeudi. Vers 06H45 GMT, la référence européenne du brut a dégringolé jusqu'à 71,12 USD, un nouveau plus bas depuis le 7 juillet 2010. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 4,49 USD, à 69,20 USD, par rapport à la clôture de mercredi. Le marché de New York était fermé jeudi et connaîtra une séance écourtée vendredi, à l'occasion de la fête de Thanksgiving. Après la décision de l'Opep, "les prix du Brent ont enregistré (jeudi) leur plus forte chute en une journée depuis 2011", perdant à un moment plus de six dollars, rappelait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Même si cette décision était largement attendue, les prix du brut ont dégringolé, marquant de nouveaux plus bas depuis 2010 et poursuivant une chute entamée au début de l'été à cause de la surabondance de l'offre et de la faible croissance de la demande. "Les ministres de l'Opep ont à contrecœur accepté le fait que les règles du jeu avaient changé et que leur capacité à influencer la direction des prix mondiaux du pétrole avait été diminuée par la révolution du pétrole de schiste aux Etats-Unis", expliquait M. Hewson. "Cela semble être une victoire complète des Saoudiens et de leurs alliés du Golfe persique", estimait de son côté Michael Wittner, analyste à la Société générale. Contrairement à d'autres membres de l'Opep, qui militaient ouvertement pour une baisse de la production, l'Arabie saoudite s'était montrée favorable à laisser agir les mécanismes du marché. Si l'Opep avait décidé de réduire sa production, elle serait rentrée dans un cercle vicieux où elle n'aurait cessé de réduire son offre pour lutter contre la baisse des prix face à l'augmentation de la production américaine, expliquait M. Wittner. L'Arabie saoudite et ses alliés ont donc simplement décidé de "ne pas retarder l'inévitable" à savoir l'ajustement du niveau de production par les prix du marché. "Le plus tôt les prix déclinent et ralentissent ou stoppent la croissance de la production des Etats-Unis et des autres pays non-Opep, le plus tôt le marché peut se rééquilibrer et le plus tôt les prix peuvent se redresser de façon soutenable", décryptait M. Wittner. "Tous les yeux se tournent maintenant vers la production américaine et sa croissance", pointait ainsi Jamal Orazbayeva, analyste de Westhouse. "Pour que le nouveau mécanisme (d'ajustement par le marché) fonctionne, il faut que les prix baissent sous les coûts de production du pétrole de schiste américain et y restent pendant une longue période", prévenait M. Wittner, qui évalue ce niveau clé à 65 USD le baril. Mais, "si l'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe, le Koweit et les Emirats arabes unis, ont les reins financiers suffisamment solides pour supporter de bas prix pendant une longue période, beaucoup d'autres pays de l'Opep seront durement secoués économiquement par une chute de leurs revenus pétroliers", rappelaient Bhushan Bahree et Jamie Webster, experts d'IHS. Ainsi, le Venezuela, qui est durement touché par la chute des cours du brut de plus de 35% depuis la mi-juin, a dit jeudi qu'il continuerait de lutter pour un baril de pétrole à 100 USD.