Les prochaines législatives détermineront le poids de chacun Les islamistes vivent certainement très mal leur statut, même pire que les autres partis de l'opposition. C'est quasi certain, l'ensemble des formations politiques de l'opposition prendra part aux prochaines élections législatives. Les partis qui, un à un, ont confirmé leur engagement pour le scrutin d'avril prochain, vont en rangs dispersés à cette échéance politique majeure, sans toutefois nourrir, de réelles ambitions de renverser la tendance lourde qui fait l'équilibre politique du moment. A la question de savoir, combien de divisions pèse l'opposition, la réponse est on ne peut facile à trouver. Et pour cause, totalement émiettée, pour des raisons idéologiques ou tout simplement de leadership lorsque les partis jouent dans la même sphère, qu'ils soient islamistes, nationalistes ou démocrates, l'opposition au pouvoir brille surtout par les grandes contradictions qui la caractérisent. Au sein de la Cltd ou de l'Icso, l'unité est de façade seulement. Le RCD et le MSP, censés être les locomotives de cette frange de l'opposition, se répugnent idéologiquement. Il n'a jamais été question de faire un bout de chemin ensemble. Réunis dans le gouvernement de Benflis entre 2000 et 2002, ils semblent n'avoir rien retenu de cette expérience. Les autres partis de ces deux conglomérats partisans s'alignent sur l'un ou l'autre, sans aucune illusion d'une union politique sérieuse. En dehors de cette «unité de façade», les atomes libres de l'opposition, comme le PT, le FFS ou encore le Front du changement, n'accordent aucune importance à la Cltd et affichent clairement leur divergence avec les formations de même bord que ceux qui l'animent. Il reste dans ce tableau plutôt «surréaliste», deux personnalités qui émergent. Mouloud Hamrouche et Ali Benflis seraient susceptibles de faire la différence. Anciens chefs de gouvernement, ces deux hommes pèsent sur la scène nationale. Le premier parce qu'il bénéficie de soutien assumé dans l'opposition nationaliste et démocratique et dans le système en place, le second parce qu'il est déjà crédité de 10% de l'électorat, engrangés lors de la dernière présidentielle, en sus «d'amitiés» au sein du FLN et également au pouvoir. L'un des deux hommes serait à même de diriger un gouvernement d'union nationale, mais encore faut-il que les forces de l'opposition se fédèrent pour changer de statut et s'imposent comme une majorité au pouvoir. Mais au vu de l'éclatement des forces politiques, cette option demeure illusoire. Dans ce magma «refroidi» par l'absence d'imagination, mais également d'une vision stratégique, les islamistes vivent certainement très mal leur statut, même pire que les autres partis. En effet, ils vivent la frustration d'avoir manqué leur «tour» pour accéder au pouvoir au plus fort du printemps arabe. Autant ils sont handicapés par l'expérience dramatique de l'islam politique en Algérie, autant ils en ragent de constater que leurs frères marocains et tunisiens, ont su capitaliser sur l'expérience algérienne pour mieux séduire leurs électorats respectifs. De fait, le MSP, tête de file des islamistes algériens, devra se contenter de jouer les seconds rôles au moment où Ennahda en Tunisie et le PJD au Maroc parviennent à réaliser des scores électoraux, les mettant en position de gouverner. Même si ces derniers n'ont montré aucune compétence particulière en la matière, ils maintiennent tout de même une présence appréciable dans l'institution législative de leurs pays respectifs. Une «prouesse» encore hors de portée pour un MSP toujours incapable de rassembler les islamistes algériens sous sa bannière. La vie de ces formations politiques s'en trouve compliquée lorsqu'en face, il y a de véritables appareils politiques, bien organisés et très rôdés au jeu électoral. La présence du FLN, dans tous les villages du pays, est un atout qu'il est seul à avoir. A côté du vieux parti, le RND, TAJ et le PRA iront au charbon avec la conviction de gouverner ensemble. Il n'y a pour ainsi dire pas d'émiettement des voix, puisque toutes vont verser dans le même bol électoral. C'est dire qu'à tous les coups, le pouvoir ira en se renforçant. Si l'une de ses composantes partisanes perd des sièges, ces derniers reviendront à son allié. Aussi, l'on peut affirmer, à moins d'une grande surprise, que la disparité de l'opposition aura pour effet de renforcer le pouvoir en place. Les partis de l'opposition vont à ces élections législatives comme on entre dans un entonnoir, d'où ils sortiront encore plus affaiblis qu'ils ne sont entrés. En fait, ils sauront exactement combien pèsent leurs divisions.