Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Aboudjerra Soltani a eu finalement ce qu'il voulait : faire la Une des journaux et fermer la porte avec fracas. Mais peu de gloire. En annonçant le retrait de son parti du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de l'Alliance présidentielle, accessoirement quatrième force politique au Parlement, Aboudjerra Soltani compte ainsi gagner les faveurs d'un hypothétique électorat islamiste, qui oublierait alors que lui et son parti ont tellement rôdé dans les parages du pouvoir. Il a tellement participé à toutes les œuvres (bonnes ou mauvaises) qu'on a du mal à le voir dans l'opposition. Sauf que ces considérations ne font pas partie des soucis des cadres du MSP, ou d'une partie d'entre eux. Puisque, selon les indiscrétions qui sont sorties du long conclave de la semaine passée, c'est d'abord les quatre ministres du parti qui se seraient opposés à un retrait pur et simple du gouvernement. «C'est le Président qui nous a nommés», aurait crié un des membres du gouvernement à la face du chef du parti. Une sentence qui fait fi de la discipline partisane et qui défend un intérêt personnel au détriment du sigle du parti et, probablement, de son avenir politique. On sait depuis très longtemps que le parti de feu Nahnah a adopté une trajectoire circulaire censée le conduire, des carcans du pouvoir, vers le gouvernement. Une attitude contrastant avec le cheminement des autres partis islamistes de la région qui sont passés d'un statut d'opposants à celui de gouvernants, avec la force des urnes et des voix populaires. Sauf qu'en Algérie, qui peut se targuer aujourd'hui de connaître le véritable poids électoral de telle ou telle autre formation ? Impossible de le savoir en l'absence d'un véritable institut de sondages. Cette nouvelle donne confirme, ainsi, ce que nombre d'observateurs savaient : le MSP ne pesait pas trop dans l'Alliance présidentielle. Le parti d'Aboudjerra Soltani ne servait en fait que de paravent islamiste dans une coalition affichée trop nationaliste. Que signifient en fait un retrait de l'Alliance présidentielle - sans effet concret - et un maintien de la présence au gouvernement ? «Un non-évènement», en fin de compte, comme l'a signifié le chargé de communication du FLN. C'est tellement insignifiant que rien ne garantit que celui qui aspire à «gouverner en 2012» garde sa position actuelle de quatrième force politique.