Bouleversée la géopolitique par la victoire inattendue du populiste Donald Trump? Elle l'est! C'est peu de le dire. De fait, on n'en finit pas d'épiloguer sur une élection qui n'a pas livré tous ses secrets. Et pour cause! En vérité, l'élection de Donald Trump inquiète au plus haut point l'establishment - politique et économique mondial - qui ne sait par quel bout prendre cet iconoclaste imprévisible, n'obéissant à aucune des lois qui font la puissance d'une élite dirigeante. Une élite en décalage avec la réalité de notre monde, mais qui, néanmoins, impose à tous ses desiderata. En fait, Donald Trump apparaît dans le champ politique international comme un «loup solitaire», non programmé et sans doute improgrammable. En réalité, Donald Trump, nonobstant ses défauts et ses inclinations sexistes et xénophobes, aura surtout donné un redoutable coup de pied à la fourmilière, mettant à nu une oligarchie qui s'est tout permis. Et voilà que, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, Donald Trump s'invite dans un milieu sélectif où, à l'évidence, il n'était ni à sa place ni le bienvenu. En réalité, à l'échelle mondiale - une élection états-unienne a une visibilité sans pareille - l'élection de Donald Trump a été ressentie comme une déflagration politique, en droite ligne du retour en fanfare (en Europe) du fascisme et du proto-nazisme. Ce sont les systèmes qui gouvernent aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest, qui ont aidé à l'émergence du fascisme en Europe de l'Est, comme c'est le cas en Ukraine où des néo-nazis ont été derrière les événements sanglants de Kiev de 2013 et la chute du président élu, Viktor Ianoukovytch en février 2014. Plus, les Etats-Unis de George W. Bush et de Barack Obama n'ont pas été pour peu dans l'ascension du fascisme en Europe de l'Est. Les soutiens de la CIA (organisatrice des «Révolutions colorées» dans l'ex-Europe communiste) et de l'Otan [bras armé des Etats-Unis] aux nazis en Europe orientale sont un secret de Polichinelle. Ce contexte relativise de fait l'arrivée aux «affaires» mondiales d'un homme au CV sulfureux. C'est bien sûr dans l'ordre des choses. Les démocraties occidentales n'ont pas été pour peu dans la réapparition de la pensée fasciste et nazie. Au regard des personnalités états-uniennes qui ont fait le «pèlerinage» de Maidan [le vice-président Joe Biden, le secrétaire d'Etat John Kerry, le directeur de la CIA John Brennan, le sénateur John McCain, celui-là même qui a été derrière la rébellion en Syrie] on notera que le ban et l'arrière-ban de la hiérarchie de Washington avaient fait le détour de Kiev pour assister le nouveau pourvoir fasciste ukrainien. D'ailleurs, dans une interview en janvier 2015 à CNN, le président Barack Obama reconnaîtra que les Etats-Unis avaient réussi à «faire transférer le pouvoir» en Ukraine. Et quel pouvoir, le monde en connaît désormais la nature fasciste. En fait, le vers fasciste était dans le fruit et ce sont les «démocraties» occidentales qui l'ont inoculé à leurs sociétés. Redonner sa chance au fascisme semblait donc dans l'air du temps. Il n'y a qu'à voir la carte politique de l'Europe où l'extrême droite, désormais sans complexe, engrange les victoires. Aussi, le triomphe de Donald Trump reste en phase avec l'évolution des mentalités vers le racisme et le rejet des «autres», comme la stratégie d'endiguement des migrants et/ou ceux n'entrant pas dans le profil du «politiquement correct». Aussi, on ne sait si le terme «fasciste» peut s'appliquer au président élu états-unien, qui a répété qu'il expulsera «3 millions de migrants clandestins», construira un mur entre les USA et le Mexique, interdira l'entrée des musulmans. Dans cette angoissante ambiance de peur de l'inconnu, il y a des gens qui n'ont pas caché leur satisfaction, et se sont empressés de féliciter le milliardaire populiste pour sa victoire. Ainsi, l'extrême droite européenne, notamment le Front national (FN) français de Marine Le Pen qui, même si elle n'a pas spécifiquement soutenu le candidat républicain, n'en a pas moins exprimé son contentement après le succès de Trump. Elle a été la toute première à dire sa joie, qui s'est fendue d'un tweet, dès 7h20 du matin [2h20 aux Etats-Unis) alors que les résultats n'étaient pas encore définitifs. De plus, l'extrême droite européenne a remporté ces derniers mois plusieurs élections locales et/ou législatives, Marine Le Pen - qui vogue haut dans les sondages de la présidentielle française d'avril 2017 - espère que la victoire de Trump va booster ses propres chances de remporter l'Elysée. Trump? Il fallait l'inventer!