Profondément émus, de nombreux citoyens, des amis, des membres de la famille du défunt et des personnalités étaient présents au Palais de la culture du centre-ville de Skikda pour lui rendre un ultime hommage. La dépouille mortelle du penseur Malek Chebel, décédé dans la nuit de vendredi à samedi à Paris, à l'âge de 63 ans, a été exposée hier au Palais de la culture du centre-ville de Skikda où une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage, a-t-on constaté. Profondément émus, de nombreux citoyens, des amis, des membres de la famille du défunt et des personnalités étaient présents au Palais de la culture du centre-ville de Skikda pour lui rendre un ultime hommage. Le corps de Malek Chebel (1953/2016) était arrivé mardi soir (vers 20h00) à l'aéroport de Constantine, puis transféré à la morgue du vieil hôpital du centre-ville de Skikda, a précisé à l'APS, le frère du défunt, Tayeb Chebel. L'inhumation du défunt aura lieu dans l'après-midi au carré familial au cimetière de Menzel el moudjahidine, situé à 15 km de Skikda, a-t-on encore indiqué, précisant que la prière du mort sera accomplie à la mosquée de la cité Merdj Dhib. Né en avril 1953 à Skikda, Malek étudia à Skikda puis à l'université de Constantine où il exerça comme maître assistant avant de se rendre en France pour poursuivre ses études. En 1980, il obtint un doctorat en psychologie de l'université de Paris et, deux ans plus tard, il décrocha son deuxième doctorat en anthropologie et science des religions. En 1984, il soutint sa troisième thèse de doctorat en sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Paris et y travailla au département des études arabes et islamiques. Malek Chebel est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Dictionnaire des symboles musulmans (1995), L'esclavage en terres d'islam (2007). Il traduisit également le Saint Coran vers le français. Le quotidien français Le Monde a rendu mardi un hommage à l'universitaire «atypique», l'Algérien Malek Chebel, décédé samedi dernier, qui était «fort de ses compétences croisées». «Cet universitaire atypique, par sa polyvalence comme par son implication dans la vie de la cité et le débat d'idées, s'il est dès 1995 habilité à diriger des recherches à la Sorbonne, multiplie les interventions, chargé de cours et de séminaires ou conférencier, tant en Europe (Bruxelles) qu'en Amérique (Berkeley et Stanford en Californie, Ucla à Los Angeles, Rockfeller University à New York, et Chicago) ou dans les pays arabes (Maroc et Tunisie)», a écrit le journal. Dans cet hommage Le Monde rappelle son parcours riche en réflexion et en production pour la défense de la liberté «sous toutes ses formes». «Fort de ses compétences croisées, cet anthropologue est soucieux de défendre la liberté sous toutes ses formes, liberté de vivre, de penser, d'aimer aussi», a-t-il relevé sur cet universitaire qui jouissait d'une «connaissance encyclopédique». Pour le quotidien, sa connaissance encyclopédique de l'islam et de ses valeurs «l'a conduit aussi à multiplier les anthologies et les synthèses éclairantes, des plus sévères (Dictionnaire des symboles musulmans, Albin Michel, 1995) aux plus accessibles (il cosigne ainsi en 2008 dans une collection populaire Le Coran pour les nuls et L'Islam pour les nuls, dont la terrible actualité de 2015 fit un best-seller)», notant que l'anthropologue ne craignait pas les sujets tabous. «Depuis Le Corps en islam (PUF, 1984), on sait qu'il ne redoute aucun débat, et quand il propose une pionnière Histoire de la circoncision des origines à nos jours (Balland, 1992), il s'essaie à une Psychanalyse des Mille et Une Nuits (Payot, 1996) ou révèle les pratiques d'asservissement dans le monde musulman et leur inquiétante persistance (L'Esclavage en terre d'islam, Fayard, 2007), prolongeant le maître-livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau (Les Traites négrières, a-t-il soutenu, indiquant que Malek Chebel, cet «infatigable champion d'un islam des Lumières», s'inscrit dans une démarche «de mise à plat, loin des interdits comme des fantasmes, qui permet d'entendre l'apport de l'islam sans oeillères ni parti pris». Pour la traduction du Saint-Coran, le journal a précisé que l'auteur a tenu à proposer une «leçon nouvelle du Coran». «Au terme d'années de labeur, la version qu'il en donne, précise et respectueuse de la lettre, fondée sur une connaissance intime de la langue arabe comme sur une expertise scientifique du monde musulman, évite les écueils d'une poétisation suspecte comme toute surenchère de néologismes», a-t-il expliqué. il a souligné que «respecter l'esprit du livre en le rendant accessible au lecteur d'aujourd'hui est une gageure qui exige une humilité que ce grand lettré rieur et malicieux, d'une élégance morale comme physique jamais prise en défaut, incarnait au mieux».