Les Canaris ont toujours su résister à tous les séismes. Pour la JS Kabylie, la saison 2004/2005 sera à marquer d'une pierre noire. Ce vendredi 18 mars 2005, c'était comme si le ciel était tombé sur cette équipe. Sitôt entrée en Champion's League africaine, elle a dû en ressortir par la faute d'un modeste club guinéen, lequel au contraire, a dû vivre un rêve en cette journée. La JSK, habituée aux conquêtes continentales, n'aura même pas le loisir d'aller à la phase de poule de cette compétition pour laquelle il faut le souligner, elle participait pour la première fois dans sa nouvelle version. Quand, comme le club algérien, on fait de cette Champion's League son principal objectif et qu'on en est éliminé dès le premier tour, on imagine que le coup est dur à avaler. La question qui se pose maintenant est de se demander si cette sortie prématurée de la coupe d'Afrique ne va pas affecter le moral des troupes à l'orée d'une fin de saison où elles vont devoir sauver ce qui peut être sauvé, à savoir la seconde place du classement général du championnat. Ce dernier ne reprendra que le 31 mars. Il y a donc une mini-trêve qui tombe, peut-être, à pic pour cette équipe afin d'oublier l'épisode de ce vendredi et de se remobiliser pour le seul objectif qui reste. Il est sûr que la JSK n'a pas participé à ce premier tour de la Champion's League avec un maximum d'atouts. Le fait qu'elle a rencontré le Fello Star, aussi bien à l'aller qu'au retour, sans Belkaïd, Zafour, Daoud et Mezouar, est un argument de poids pour expliquer cette élimination. Mais expliquer partiellement seulement. Il y a d'autres causes qui entrent en jeu et qui font croire que la JSK était loin d'être prête à affronter la Champion's League. Il ne faut déjà pas oublier que lors du match de vendredi, l'équipe algérienne a raté deux penalties et un nombre incalculable d'occasions de but. Dans une telle compétition en aller et retour, surtout lorsqu'il s'agit de rencontrer un handicap d'un but, on n'a pas le droit de manquer d'adresse et de laisser le réalisme aux vestiaires. Par ailleurs, on se demande si psychologiquement parlant, cette JSK-là était suffisamment blindée. Il nous a semblé que le Fello Star a été considéré comme une petite équipe que la formation algérienne allait écraser. A-t-on, au moins, tenu compte du fait qu'il avait éliminé, au tour précédent, le Joaraf de Dakar? Pas si sûr. En tout cas, on a fait avec trop de facilité une projection sur le prochain tour comme si le club guinéen n'existait pas. C'est bien là le drame chez certains qui pensent que rien de terrible ne peut arriver à leur équipe. Ces paramètres mis à part, il s'agit d'insister sur le fait que la JSK n'a pas su gérer le titre de champion d'Algérie conquis la saison dernière. Les joueurs ont, semble-t-il, été démobilisés et à la reprise du championnat, ils n'ont pas su retrouver la volonté et la solidarité qui faisaient leur force la saison dernière. Il y a également la question du staff technique dont l'instabilité a nui au rendement de l'équipe. Championne avec Azzedine Aït Djoudi au mois de juin 2004, la JSK a démarré la saison 2004/2005 avec Kamel Mouassa aux commandes du staff technique. Ce dernier n'a pas tenu longtemps puis a cédé sa place à Moussa Saïb. Lequel Saïb, malgré le soutien de ses dirigeants, a préféré, lui aussi, quitter le navire et passer le relais à Christian Coste. Quand on joue pour le titre de champion, et que l'on s'apprête à disputer la Champion's League, ce n'est vraiment pas la meilleure façon de se préparer. Disons plutôt qu'on se saborde. Bien sûr, on dira que l'USMA a fait la même chose avec la réussite que l'on connaît, sauf que l'on oublie que l'équipe algéroise avait Saâdi la saison passée, elle l'a gardé pour ne le remplacer que récemment par Menad. En outre, au niveau du recrutement, celui de l'USMA a été plus efficace. L'USMA avait Diallo et Balbone. Elle les a laissés partir pour les remplacer par Doucouré et Enerama qui s'avèrent être d'un rendement supérieur. Ghoul est également parti mais Haddou le supplée merveilleusement. A la JSK, par contre, on a ramené Endzenga et Sessay presque pour rien. Le premier a, peut-être, participé au sacre de l'an dernier mais cette saison, on ne le voit presque pas. Quant au second, il est parti à Sétif. On a recruté récemment Mezouar et Daoud, pour apporter un plus lors de la Champion's League. Finalement, ils n'ont été d'aucun secours, le premier ne pouvait être qualifié qu'en cas de qualification au second tour. Quant au second, souvent blessé, il a été sévèrement taclé lors du match contre l'USMA, au point de s'en tirer avec une fracture du péroné qui le rend «out» pour le restant de la saison. Quand on traîne une telle série de points négatifs, il y a lieu de s'attendre à ce qu'une tuile vous tombe sur la tête. Et celle de ce vendredi 18 mars, en plus de faire mal, a fait grand bruit. Désormais, il va falloir au club de la Kabylie revoir ses calculs, se remettre en question et oublier le triste épisode de la Champion's League. Cela fait beaucoup, mais on a vu la JSK résister à beaucoup de séismes pour revenir au plus haut. Ne l'oublions pas, cette équipe qui a joué plus d'un an hors de chez elle, qui a évolué dans un climat exécrable, a su tenir le coup jusqu'à devenir champion d'Algérie. La JSK, c'est sûr, saura une nouvelle fois surmonter la crise.