Jean Glavany - Guy Tessier A les entendre, l'Algérie est à deux doigts de ressembler à ces pays où tout est interdit aux citoyens. Deux parlementaires français, le premier du Parti socialiste, Jean Glavany, et le second du parti Les Républicains, Guy Tessier, ont séjourné en terre maghrébine pour en tirer un rapport étonnamment réducteur envers les trois pays de la rive sud de la Méditerranée. Les deux députés français réduisent l'Algérie, la Tunisie et le Maroc à quelques anecdotes sur la maladie des deux premiers et l'âge du troisième. Le document lu en commission de l'Assemblée française est truffé de commentaires personnels basés sur des rumeurs glanées ici et là et quelques «indiscrétions», dont les sources sont trop douteuses. Et pour cause, à bien écouter l'exposé de Guy Tessier, rapporté par les réseaux sociaux, avant d'en être supprimé, l'Algérie dort et se réveille sur le sujet de la succession à la tête de l'Etat. Le parlementaire français accrédite une série de thèses fantaisistes, ramassées dans certains salons très mal informés de la capitale. Ainsi, selon lui, toute l'Algérie politique est réduite à ce seul sujet. A croire que le député parlait d'un pays que ses collègues ne connaissent pas du tout ou qu'aucun ministre de sa République n'a visité. Le propos est teinté d'un faux paternalisme qui dépeint l'Algérie comme un Etat finissant ou pas encore en construction. S'il reconnaît une grande sécurité et une sérénité du front social, le député le dit du bout des lèvres et dément ce que ses yeux ont vu. Ainsi, sur le plan économique, il constate que tout fonctionne normalement dans le pays, mais se sent l'obligation d'ajouter que la croissance économique est factice et de toute façon trop faible pour permettre au pays d'entrevoir une sortie de crise. Le pays «donne une impression de fonctionnement, mais tout semble artificiel», dit-il, comme pour justifier son intention première de nuire. Lorsqu'il aborde la question des prix du pétrole, il en rajoute deux ou trois couches et dépeint un pays en quasi-faillite, mais ne parle pas du fait que l'économie algérienne crée de l'emploi et n'en a pas détruit ces deux dernières années, malgré la baisse des prix du pétrole. Sur l'économie et la situation sociale du pays, les deux députés ont donc effrontément menti à leurs collègues, en brossant un tableau aux antipodes des réalités quotidiennes du pays. Le mensonge ne s'arrête pas là, puisque le même Tessier se permet une «observation» de la situation des libertés en Algérie en la qualifiant de très dure. A l'entendre, l'Algérie est à deux doigts de ressembler à ces pays où tout est interdit aux citoyens. Il ne parle pas de l'absence totale de toute censure sur l'Internet, la liberté quasi absolue de la presse, bien plus libre que celle de son pays où un caricaturiste a été renvoyé pour avoir caricaturé le fils du président Sarkozy avec une «sympathique» allusion à l'omniprésence du sionisme en France. Aucun journaliste français ne peut se permettre la moindre critique sur Israël dans son pays. Mais Tessier s'intéresse à la liberté de la presse et de création en Algérie qu'il estime bâillonnée. La turpitude du parlementaire prend des allures grotesques, lorsqu'il affirme que le seul espace de liberté à Alger est au niveau de l'Institut français où dit-il, «les femmes ne sont pas obligées de porter le voile». Une bêtise monumentale, un mensonge criminel et une mauvaise foi, dont seuls les nostalgiques de l'Algérie française sont capables. Cet énième faux-rapport sur l'Algérie vient confirmer, si besoin est, que les forces politiques hostiles à l'épanouissement de l'Algérie opèrent toujours et n'ont certainement pas l'intention de laisser passer aucune occasion, pour «forcer le trait» de toute difficulté algérienne et en profiter pour maintenir une chape de plomb sur un pays qu'ils auraient voulu ne jamais quitter. Le rapporteur de cette mission au Maghreb a dépensé les frais des contribuables français dans une «mission de terrain» strictement destinée à désinformer ses pairs et toute l'opinion française. On retiendra enfin que les clichés n'ont également pas manqué dans la description de la situation au Maroc et en Tunisie. A en croire Guy Tessier, les trois pays ont fait du surplace depuis l'indépendance à ce jour. On se demande comment les députés français peuvent considérer ce genre d'exposé, eux qui connaissent parfaitement la situation économique, politique et sociale de leur propre pays.