Le nom de Abdelhafidh Yaha est gravé en lettres d'or et de sang dans l'Histoire Intransigeant, il continuera son combat pour l'instauration d'une véritable démocratie. Il a consacré 66 ans de sa vie à l'Algérie dont 26 ans d'exil refusant de voir la rivière de l'indépendance dévier de sa trajectoire naturelle: la liberté et le bien-être du peuple algérien. Il y a une année, jour pour jour, que Abdelhafidh Yaha, dit Si L'hafidh est décédé, un certain 24 janvier 2016. Mort en janvier, cet officier de l'Armée de Libération nationale et également membre fondateur du Front des forces socialistes est né le 26 janvier en 1933, à Takhlidjt Naït Atsou. En cette période de l'année, les monts du Djurdjura qui l'ont vu naître ne permettent pas la tenue d'un quelconque évènement. Des jours d'hiver, le village Aït Atsou est encore habillé d'une dense couche de neige. C'est pourquoi, sa famille compte marquer l'anniversaire de sa disparition, lorsque les conditions météorologiques le permettront, dans les prochaines semaines. La réflexion sur la tenue d'un colloque en sa mémoire est encore, selon son fils Bachir présente. En fait, son combat commence lorsqu'il rejoint les rangs des scouts à l'âge de 15 ans. Mais, sa formation politique sera surtout forgée après son émigration en 1949 en France où il rencontrera une forte communauté kabyle. Les débats politiques étaient très animés en cette période par cette communauté constituée essentiellement de travailleurs dans les Ardennes. En 1954, il rentre dans sa région natale pour prendre part au déclenchement de la révolution armée. Sa famille entière sera mise au service de l'idéal d'une Algérie libre et indépendante. La maison familiale deviendra un refuge alors que lui, en compagnie d'Amar Ath Cheikh, une autre icône du combat dans la région d'Aïn El Hammam, se consacrera à l'organisation des maquis. Si L'hafidh marquera la guerre d'indépendance par des faits d'armes qui ont construit sa notoriété à l'instar de l'opération de liquidation de l'administrateur de la ville de Michelet le mois d'avril de l'année 1956. Des faits d'armes qui ne cesseront pas jusqu'à la fin de la guerre. Mais, Si L'hafidh se fera connaître aussi par d'autres faits qui ont directement trait à sa personnalité. Doué d'une grande faculté au dialogue et à comprendre les hommes, Si L'hafidh se dressera contre les purges de l'opération connue sous la dénomination de la Bleuite. Son désaccord, il le fera savoir auprès de la personne d'Amirouche Aït Hammouda, à savoir que cette opération pourrait viser les meilleurs éléments de l'ALN. L'homme sera plus dangereux pour l'armée coloniale même lors de l'opération Jumelle qui a vu les maquis de Kabylie décimés. Pour récupérer des armes et les distribuer aux moudjahidine, Si L'hafidh conduira des opérations spectaculaires. A Taskenfout, à Aïn El Hammam, l'homme mènera avec ses hommes une attaque contre un poste militaire et emportera les armes sans tuer ni blesser un militaire. Cela se passait en 1960. Quelques jours avant le cessez-le feu, Si L'hafidh laissera un poste militaire de harkis au village Aït Lgaïd sans arme après les avoir emportées. Toutefois, le destin de certains hommes ne suit pas toujours le cours de l'Histoire. Comme beaucoup de ses compagnons de guerre, Abdelhafidh Yaha refusera en joignant le geste à la parole, le sort réservé au peuple algérien après l'indépendance. En évoquant cette période dans ses Mémoires, Si L'hafidh parlera des veuves de ses compagnons d'armes morts au champ d'honneur et leurs orphelins qui venaient quémander de la nourriture. Ne supportant pas de taire ce fait qu'il considérait comme une trahison, Si L'hafidh n'hésitera pas à retourner dans l'opposition et entamer une autre partie du combat. Il sera, avec Mohand Oulhadj, Hocine Ait Ahmed, l'un des fondateurs du FFS qui s'est opposé au pouvoir en place à l'époque. Toujours intransigeant dans sa fidélité à ses principes et au serment donné aux frères de combat morts au champ d'honneur, Si L'hafidh continuera son combat pour l'instauration d'une véritable démocratie. Une vie de lutte dont seules les armes avaient changé entre les mains de l'homme. De la parole, des armes, mais aussi le stylo car les dernières années de sa vie ont été consacrées à la rédaction de ses Mémoires. Enfin, notons que le nom de Abdelhafidh Yaha est gravé en lettres d'or et de sang dans l'Histoire, mais il est tout de même surprenant qu'aucune institution ne porte son nom.