Sa mort, comme sa vie, sera pleine d'enseignements et de détails. Abdelhafidh Yaha s'en est allé comme il a vécu en compagnie de son ami Hocine Ait Ahmed. Il est également décédé à quelques heures près de son 83ème anniversaire. Une disparition qui ressemble à sa vie comme si Dieu lui exauçait son désir de partir comme il a vécu en compagnie de ses meilleurs amis. Abdelhafidh Yaha vient de tirer sa révérence suivant presque au pas son compagnon d'armes Hocine Ait Ahmed. Cet ancien maquisard et cofondateur du Front des forces socialistes est décédé hier matin à Paris des suites d'une longue maladie. Si Lhafidh n'aura ainsi vécu que trois semaines après Ait Ahmed. Né dans un village tout près d'Ath Hmed, Thakhlijth Ath Aïssiou à Illilten le 26 janvier 1933, Abdelhafidh Yaha sera enterré au cimetière de ses ancêtres. Cet ancien combattant qui a fait ses premiers pas dans le Mouvement national à un âge précoce au sein des Scouts musulmans s'est retrouvé au sein du Parti du peuple algérien (PPA). Ce militant acharné de l'indépendance sera marqué par le leader Messali Hadj depuis sa venue à Aïn EL Hammam (ex-Michelet) en 1947. A l'âge de 21 ans, il monte au maquis en 1954, déçu par les pratiques du leader du PPA tout comme ses camarades du Mtld. Les années de braise, Abdelhafidh les racontera avec force détails dans son oeuvre. Ma guerre d'Algérie, Au coeur des maquis de Kabylie 1954-1962. Un livre dont les détails dérangeront un grand nombre de cercles à sa parution. Dans cet ouvrage, Abdelhafidh Yaha raconte les premières heures de l'indépendance en 1962. Des détails, encore une fois, qui décriront la misère d'un peuple sorti d'une injustice pour entrer de plain-pied dans une autre. L'auteur racontera ces veuves contraintes de mendier pour vivre et faire vivre leurs enfants, les enfants des martyrs. Yaha racontait la misère des milliers d'Algériens sortis de prison sans domiciles fixes, obligés de dormir dans la rue. Pour lui, c'est là les dessous d'une indépendnce acquise par le sang et la souffrance de tout un peuple. C'est d'ailleurs ce qui explique le retour au maquis de ce grand maquisard qui a combattu politiquement et militairement l'armée française face au détournement de la révolution, il reprendra le maquiis après avoir fondé le FFS avec Ait Ahmed et d'autres compagnons tels que Mohand Oulhadj. Rappelons, par ailleurs, qu'Abdelhafidh Yaha a toujours milité pour la démocratie et la justice jusqu'à son dernier souffle. Les déceptions qu'il a d'ailleurs racontées dans son livre et ses multiples interventions dans la presse n'ont pas pu avoir raison de sa détermination à combattre l'injustice.