La 30ème édition du Fipa, qui s'est tenue du 24 au 29 janvier à Biarritz, a récompensé trois oeuvres de femmes qui ont combattu à leur manière le terrorisme et l'islamisme radical. La grande surprise est venue du doc Tahqiq fel djenna (Enquête au Paradis) du cinéaste algérien Merzak Allouache. L'auteur de Omar Gatlato a fait une tentative réussie dans le doc et a remporté le Fipa d'or dans la catégorie «Documentaire de création» (ainsi que le prix Télérama). Tourné en noir et blanc, il slalome entre doc et fiction. C'est à travers une journaliste, Nedjma, (clin d'oeil à Kateb Yacine) jouée par Salima Abada, (elle-même victime du terrorisme, puisque son père, DG de l'Entv a été assassiné en pleine période de la décennie noire). Cette dernière mène une enquête dans la société algérienne, sur la notion de paradis. Un sujet captivant qui nous mène des hirondelles de Kaboul à Touyour El Djenna. D'Alger à Timimoun, la journaliste interroge des gens de la rue pour la plupart des hommes, puisque les femmes refusent de s'exprimer. Bien sûr, la conception du Paradis est décrite dans le doc pour décoincer la version salafiste qui résume le Paradis pour les jeunes qu'ils envoient au djihad en leur promettant, notamment, 72 «houriate» (vierges) après la mort. Mais le terrorisme est derrière nous en Algérie, il a touché aujourd'hui la France et le plus émouvant demeure le documentaire Latifa, une femme dans la République de Djamila Buzkova s'est vu décerner le Prix du public (parrainé par TV5 Monde). Ce film revient sur le combat exceptionnel mené par Latifa Ibn Ziaten, mère d'Imad, parachutiste de l'armée française assassiné par Mohamed Merah à Toulouse en 2012 en même temps que six autres personnes. Depuis le drame, Latifa, marocaine et musulmane en terre de laïcité, défend sa religion musulmane et sa république laïque et française. Elle a créé son association, avec laquelle elle fait la tournée dans les collèges, lycées et prisons de France, pour transmettre un message de paix et tolérance. Le doc parcourt sa vie en France, de son arrivée en 1977 alors qu'elle ne parlait pas français à la remise par François Hollande de la médaille de la Légion d'honneur. Autre portrait de femmes à être récompensé par le Fipa Rien n'est pardonné de Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe, qui revient sur les attentats de Charlie Hebdo du 13 janvier 2015. Le duo des cinéastes a fixé sa caméra sur le personnage de Zineb El Rhazaoui, survivante de l'attentat contre le journal satirique qui a coûté la vie à 12 personnes. Le jour de l'attaque, elle n'était pas dans les locaux. Aujourd'hui, Zineb El Rhazaoui est la femme la plus surveillée de France. Tourné de 2011 à 2016, le film revient sur le choix de l'activiste et journaliste de quitter le Maroc en 2012, face au danger, lorsque le printemps arabe se transforme en automne islamiste. Depuis, la jeune journaliste a quitté Charlie Hebdo et survit avec le traumatisme islamiste à long terme. [email protected]