Le sommet de l'UA en 2015 En termes clairs, le Maroc doit accepter et respecter le droit du peuple sahraoui à son autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'Onu et aux principes de l'Union africaine. Le 28e Sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine s'est ouvert hier à Addis-Abeba, après que l'élection à la présidence tournante de l'organisation panafricaine ait eu lieu dans une réunion à huis clos, le président guinéen Alpha Condé ayant été désigné par ses pairs pour succéder à son homologue tchadien Idriss Déby Itno. Au menu de ce sommet prévu pour les lundi 30 et mardi 31 janvier, figurent plusieurs dossiers comme la réforme de l'UA dont l'examen avait été confié lors de la précédente réunion au président Mugabe, la désignation de la présidence et des membres de la Commission exécutive de l'organisation, celle du Conseil de la Paix et de la Sécurité pour lequel l'Algérie avait reçu deux mandats successifs tout en en sollicitant un troisième et la candidature du Maroc à une adhésion à l'UA. La campagne diplomatique et médiatique menée par Rabat depuis plusieurs mois a contribué à focaliser l'attention internationale sur cette question, somme toute secondaire par rapport aux véritables enjeux qui interpellaient les chefs d'Etat réunis à Addis-Abeba, notamment le défi de la réforme de l'organisation destinée à en améliorer le fonctionnement sans toucher aux fondamentaux. Le rapport Mugabe a été examiné au cours d'une retraite qui a duré toute la journée de dimanche. S'ils ont globalement exprimé leur accord avec les propositions avancées, les chefs d'Etat et de gouvernement ont aussi convenu de la nécessité de prendre davantage de temps pour mieux en évaluer les tenants et les aboutissants. Le souci est de parvenir à des décisions parfaitement consensuelles pour une réforme qui engage l'avenir même de l'organisation. S'agissant de la demande d'adhésion du Maroc, portée par une offensive de charme dont le Makhzen a l'art et la manière, on peut dire que les intenses tractations n'ont pas réussi à assombrir l'atmosphère du sommet qui est demeurée sereine et exemplaire dans son fond comme dans sa forme. D'abord, un groupe de pays africains a souhaité requérir un avis juridique sur les éventuelles implications de cette adhésion, au regard de la Charte de l'organisation. Rappelons que l'UA est l'émanation dogmatique et stratégique de l'OUA, qui fut fondée par de prestigieux leaders du continent dans le but premier de parachever la décolonisation de tous les territoires. C'est bien pour cela que l'article fondateur de l'une comme de l'autre concerne le respect impératif de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Ceci implique cela, à savoir qu'un Maroc membre de l'UA doit automatiquement se satisfaire de l'intangibilité de ses propres frontières telles qu'elles ont été tracées par la puissance coloniale française et non pas espagnole présente bien au-delà de cette époque au Sahara occidental. Rabat qui avait cru agresser impunément l'Algérie en 1962 et qui refusait de reconnaître son voisin mauritanien a sans doute beaucoup de mal à freiner ses ambitions expansionistes, mais l'UA ne peut s'en laisser conter. En termes clairs, le Maroc doit accepter et respecter le droit du peuple sahraoui à son autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU et aux principes de l'Union africaine. Il semble que la manoeuvre du roi Mohammed VI qui a multiplié les périples dans diverses capitales et les démarches pour prétendre ensuite rassembler autour de sa candidature plus de 42 Etats sur les 54 que compte l'organisation n'ait d'autre but que celui de franchir une première étape, celle de siéger au sein de l'UA pour tenter ensuite d'en bousculer, certains diraient d'en saper, les principes fondateurs. Pour jouer une telle partition, il a usé de plusieurs cordes dont celle d'une candidature du Sénégal à la présidence de la Commission laissée vacante par le départ volontaire de Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, maintes fois et injustement agressée par la diplomatie marocaine. Or, celle-ci est revenue dans l'après-midi d'hier au Tchadien Moussa Faki Mahamat qui succède à ce poste à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de cet organe stratégique de l'UA depuis 2012 et qui n'a pas souhaité briguer un second mandat. Le dossier marocain qui devait empoisonner le sommet, dans l'esprit du roi Mohammed VI et de sa diplomatie festive qui revendiquaient l' «appui de 42 pays» de l'UA, a été déminé par la demande de 12 pays dont plusieurs poids lourds du continent comme le Nigeria, l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Kenya, l'Angola, le Mozambique, le Zimbabwe et d'autres qui ont sollicité un avis formel auprès de l'organe juridique de l'organisation pour savoir si celle-ci pouvait accepter un pays «qui occupe une partie du territoire d'un Etat membre», à savoir le Sahara occidental. Dans sa réponse de 10 pages, le conseil juridique de l'UA a conclu que leurs interrogations «soulèvent des questions fondamentales» et qu'il appartient aux chefs d'Etat de prendre une décision qui découle forcément des principes de la Charte. Le président Bouteflika élu vice-président de l'UA pour l'année 2017 Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été élu, par ses pairs africains, vice-président de l'Union africaine (UA), pour un mandat d'une année, lors du 28e Sommet ordinaire dont les travaux ont débuté hier à Addis-Abeba. Le sommet, dont les travaux se déroulent à huis clos, a également élu trois vice-présidents, chacun représentant une région du continent, pour un mandat d'une année renouvelable. Le chef d'Etat guinéen, Alpha Condé, a été élu président de l'UA pour l'année 2017 en remplacement du président tchadien, Idriss Deby.