Dans une France engluée dans les «affaires» de ses hommes politiques - toutes colorations politiques confondues, - celle qui a éclaté, la semaine dernière, a choqué dans les chaumières de l'Hexagone. En effet, le 25 janvier, l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné révélait que l'épouse du candidat de la droite à la présidence française [en avril et mai prochains], François Fillon aurait été indûment rémunérée pour un travail qu'elle n'aurait pas accompli. L'élément aggravant est le fait que Pénélope Fillon était employée comme assistante parlementaire par son mari, le député...François Fillon. Un drôle de micmac à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle. Depuis, les médias français s'en sont donnés à coeur joie débusquant d'autres affaires engageant l'ancien Premier ministre du président Nicolas Sarkozy. Sans doute, une chose a le plus heurté les Français: M. Fillon donnait de lui une image de droiture dans une classe politique française éclaboussée par de multiples scandales liés aux «affaires» et à la corruption. C'est encore plus consternant pour François Fillon qui axa sa campagne électorale sur la probité et la moralité en politique. Dans l'une de ses interventions de campagne, il dénonçait ainsi la situation de la France:«il y a une injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l'argent public.» C'est exactement ce qui est reproché à Mme Fillon qui durant huit ans, a effectué un travail d'assistante parlementaire de son mari député à l'Assemblée française, sans qu'aucune trace de ce travail n'ait été retrouvée. Ce qui veut dire que Pénélope Fillon recevait un salaire confortable - payé sur le Trésor public - sans contrepartie effective. Ainsi, les assistants parlementaires affirment ne pas se souvenir d'avoir jamais rencontré Mme Fillon dans les couloirs de l'Assemblée. En fait, personne ne semblait la connaître. Pourtant, par ses contacts, ses démarches, un assistant parlementaire est le personnage clé dans une institution parlementaire. Les commentateurs s'interrogent: comment M.Fillon qui s'élève contre ces pratiques déloyales pouvait-il y succomber? A qui se fier? En fait, l'image de François Fillon a pris un coup sévère avec cette affaire qui fait que l'on se demande si le candidat à la présidentielle pourrait se maintenir dans la course à l'Elysée. Ce qui fait encore problème est que Pénélope Fillon semble accréditer ces assertions par ses déclarations, selon lesquelles elle ne s'est jamais mêlée des affaires politiques de son mari. Comment cela aurait-il été possible, dès lors qu'elle était supposée, en tant qu'assistante parlementaire, s'occuper justement de ces affaires politiques de son mari? Pour enfoncer le clou, François Fillon a eu une réaction peu convaincante et qui n'a convaincu personne. Beaucoup de Français voyaient en François Fillon, une exception, un parangon de vertu dans une classe politique française pourrie qui cumule les scandales. Aussi, cette nouvelle affaire éclaire d'un jour cru la déliquescence des hommes politiques en France qui se sont libérés du devoir de raison garder et (souvent) peu regardants sur la manière d'arrondir leurs revenus. Hommes politiques, chefs de partis, ministres, présidents [parfois en exercice, cela a été le cas pour Nicolas Sarkozy] ont été pris la main dans le sac de la corruption. La classe politique française est-elle à ce point gangrenée? Tout le laisse croire et ce n'est pas la toute récente «Pénélopegate» [dont la justice vient de se saisir] qui va le démentir. En France, la corruption se décline sous plusieurs formes dont la moins-disante est encore l'emploi fictif (se faire payer sans réaliser le travail correspondant au salaire perçu) qui, en général, ne concerne que des seconds couteaux [l'exemple de Mme Fillon]. Que dire des hommes politiques français (Chirac, Sarkozy, Hollande, de nombreux ministres adorent les palais marocains) qui effectuent des séjours, tous frais payés, dans les palais de Marrakech, de Tanger, de Doha, de Dubaï et autre Abu Dhabi. Ainsi, des ministres (à la retraite) se font payer pour dire du bien du Qatar, soupçonné entre autres de financer le terrorisme. Ce qui est regrettable est que ces accointances influent, souvent, sur la politique étrangère française sur certains dossiers. C'est le cas pour le Sahara occidental (la France bloque au Conseil de sécurité toute condamnation de l'occupation du territoire par le Maroc) ou le terrorisme (les virées dans les hôtels haut standing à Doha anesthésient toutes les consciences). Dans ce contexte, un livre, sorti récemment en France, met à nu des pratiques dégradantes de femmes et d'hommes politiques français. «Nos très chers émirs» (signé par Christian Chesnot et Georges Malbrunot) n'épargne pas la classe politique française. Ce qu'ils révèlent sur les politiques français est édifiant. Faut-il citer la campagne présidentielle de Sarkozy (en 2007), financée par El Gueddafi, assassiné pour services rendus? Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du FMI, pris dans de sordides affaires de moeurs? Que dire du pitoyable Hollande? Les politiques français attestent, assurément, que le pouvoir est corrupteur.